Festival des cornemuses à Lorient
Notice
Bilan de la deuxième édition du Festival interceltique des cornemuses qui s'est tenu la semaine passée à Lorient. Concours de bagadou (remporté par le bagad de Brest Saint Marc devant le bagad Bleimor), noce bretonne, lutte bretonne et défilé dominical ont assuré le spectacle pour des milliers de personnes.
Éclairage
La seconde édition du Festival Interceltique des Cornemuses de Lorient, en juin 1972, se déroule sur 6 jours, accueillant 2500 participants venus de Bretagne, d'Ecosse et d'Irlande, et réunissant un public que l'on imagine nombreux.
Le Festival interceltique des cornemuses fondé à Brest en 1953 est l'ancêtre du festival lorientais. Premier lieu de rencontre et de rassemblement populaire autour de la musique celtique, le festival brestois qui se maintient jusqu'en 1970 est à l'origine de l'instauration des concours de bagadoù où l'on voit rivaliser entre eux les ensembles musicaux formés par les joueurs de cornemuses et de biniou. Le festival contribue au regain de vigueur de la musique celtique, perceptible par un nouvel engouement et par l'augmentation de la pratique, contribuant à la formation de jeunes musiciens de haut niveau et à l'évolution technique et musicale.
À l'image de son ancêtre, le festival interceltique des Cornemuses de Lorient créé en 1971 participa activement au renouveau culturel breton. À l'époque de l'instauration du festival à Lorient, le mouvement de renaissance de la culture bretonne est d'ailleurs en pleine vitalité et s'incarne dans le succès rencontré par Alan Stivell et les Tri Yann. Parmi les formations musicales participant au festival, on peut retenir le bagad de Lann-Bihoué de la Marine Nationale, fondé en 1956, qui connaît chaque année un succès prospère. Dans les années 2000, l'engouement pour la musique bretonne perdure toujours dans la société et l'on compte l'existence d'une centaine de bagadoù.
Moteur de développement et d'expression de la culture et de l'identité bretonnes, le festival interceltique représente également une ouverture de la Bretagne sur l'extérieur. L'implantation du festival à Lorient contribue à lui apporter un nouveau dynamisme, lui conférant une dimension européenne grâce au concept d'interceltisme. Né au XIXe siècle et déjà développé par le festival brestois, ce concept émerge de la volonté de développer les liens entre les différents pays ayant conservé des racines culturelles celtes. Le festival est alors un lieu de rencontre avec les nations d'implantation celte, telles que l'Écosse, le Pays de Galles, la Cornouailles, l'Irlande ainsi que la Galice et les Asturies. Véritable vitrine de la Bretagne, le festival présente alors une culture musicale bretonne aux carrefours de nombreuses inaluences. À partir des années 90, l'ouverture prend une nouvelle ampleur, avec la participation à la manifestation de pays de diaspora celtique, tels que les Etats-Unis, l'Australie et l'Argentine.
Sous la direction de Jean-Pierre Pichard depuis sa création jusqu'aux années 2000, le Festival Interceltique de Lorient s'est imposé comme un moment de rassemblement populaire unique par son envergure internationale. Il demeure aujourd'hui un lieu de rendez-vous incontournable des cultures celtiques. En 2010, la célébration de la 40ème édition du Festival remet à l'honneur la Bretagne.
Pauline Jehannin - CERHIO – Université de Rennes 2