Exploitation des tourbières
Notice
Le marais de Mazerolles est situé sur la rive gauche de l'Erdre, au nord de Nantes. Quelques agriculteurs et industriels l'exploitent, les uns pour entretenir l'espace, les autres pour en extraire de la tourbe. Ils contribuent ainsi, disent-ils, à la protection du site.
Éclairage
Lieux humides et sauvages, d'abord perçus comme inhospitaliers et insalubres, les marais et tourbières sont aujourd'hui progressivement réhabilités et protégés pour leur rôle écologique. Et lorsque ces milieux humides sont également exploités pour leurs ressources naturelles, il faut bien trouver un compromis.
Affluent de la Loire, l'Erdre offre au nord-est de Nantes une zone humide exceptionnelle, le marais de Mazerolles. Marais tourbeux endigué, le site de 1250 ha est « une grande réserve » qui se répartit entre tourbière, marais fauché, plans d'eau, bois etc... Son classement en zone Natura 2000 manifeste la reconnaissance de la valeur de cet écosystème et de l'importance de sa sauvegarde. Les zones humides telles que les marais et les tourbières sont riches en ressources naturelles, constituant par leur fonctionnement des écosystèmes uniques. Elles abritent des espèces menacées, aussi bien au niveau de la faune que de la flore. La réappropriation du marais par une grande diversité d'oiseaux est un indice révélateur de la qualité du site. Les zones humides jouent également un rôle important dans le cycle de l'eau, leur fonctionnement permettant une gestion naturelle des stocks d'eau, de la régulation de ses débits à son épuration.
Les zones humides sont des écosystèmes vulnérables, résultant de plusieurs siècles de formation, qui se trouvent notamment menacés par les aménagements de l'homme. L'exploitation de ces milieux ne date pourtant pas d'aujourd'hui. L'extraction de la tourbe, traditionnellement utilisée comme combustible, était l'une des principales utilisations faites par l'homme de ce milieu sauvage, mais de nouvelles activités et de nouvelles formes d'exploitation des ressources pèsent actuellement sur le milieu et l'on voit parfois disparaître des zones entières de marais. À Mazerolles, la prise de conscience de l'exigence d'une bonne gestion des diverses activités pour le maintien de ce fragile écosystème découle des expériences passées. À partir des années 1960, l'exploitation agricole rendue possible dans le marais de Mazerolles par la construction de polders met involontairement en danger le marais. Consacrée à la production de maïs, l'exploitation agricole s'est révélée infructueuse et destructrice. Par un pompage excessif de l'eau, elle portait atteinte à l'équilibre écologique du site. Un peu plus tard, dans les années 70, l'exploitation de la ferme est abandonnée et celle de la tourbière est rendue possible pour 30 ans. Le site est constitué d'une tourbe jeune, formée sur 7000 ans par accumulation progressive de la matière organique en lente décomposition, constituant une ressource naturelle de grande qualité pour la production de terreau. Suite à l'abandon des pratiques agricoles traditionnelles, le marais et sa survie dépendent de l'entretien par l'homme, en particulier du fauchage des mauvaises herbes, pour assurer le maintien de la diversité qui fait toute la richesse de ce milieu. L'extraction de la tourbe doit être réfléchie pour ne pas porter atteinte au milieu et rendre possible la préservation de l'équilibre et de la richesse qui repose sur le maintien du niveau d'eau.
Pauline Jehannin - CERHIO – Université de Rennes 2