Déportation des civils meusiens pendant la guerre de 14-18
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Résumé
Reportage à base de témoignages de Meusiens déportés vers des camps en Allemagne lors de la Première Guerre mondiale.
Langue :
Date de publication du document :
11 mai 2021
Date de diffusion :
13 déc. 1999
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Contexte historique
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Après la guerre de 1870 et le traité de Francfort de 1871, la Meuse devient une place importante dans le dispositif militaire français. En effet, en tant qu’espace frontalier, de nombreux forts militaires y sont construits.
En août 1914, la Première Guerre mondiale est déclarée. A partir du 5 août, la majorité du département de la Meuse passe sous l’autorité militaire. A la fin du mois de septembre, le front se stabilise en Meuse et la guerre des tranchées débute, c’est-à-dire que les soldats cherchent à défendre leur position. Une partie de la population est alors évacuée. Une autre partie fuit l’envahisseur allemand et quitte le Nord de la Meuse pour le Sud du département.
Mais le Nord meusien passe rapidement sous la domination de l’armée allemande, qui met en place un contrôle strict de la population. Celle-ci est recensée, et soumise à des rassemblements et des appels quotidiens. Un couvre-feu est établi. Ces mesures sont prises pour éviter que la population ne fuie, et pour protéger les positions militaires allemandes. L’occupant décide de prendre en otage la population, en particulier les notables des villages occupés, afin d’obtenir l’obéissance de chacun. Les habitants ont peur des exactions que peuvent commettre les soldats allemands. De nombreux civils sont réquisitionnés par l’armée allemande pour les travaux agricoles ou aider dans les hôpitaux afin de soigner les soldats allemands.
Enfin, les Allemands regroupent des Meusiens dans les églises ou les granges avant de les déporter dans différents camps en Allemagne : à Schwetzingen, dès décembre 1914, et à Holzminden ; puis à partir de 1915 notamment à Trauenstein ou Grafenwöhr. Cela représente 1 600 internés civils. Ces décisions sont contraires à la convention de La Haye. Au côté des prisonniers de guerre, les femmes, les enfants et les vieillards travaillent dans les champs ou les usines avant de rentrer dans des camps chaque soir. Les conditions de vie y sont pénibles comme le précise Marcelle Payeur dans le reportage. Le camp de Holzminden, situé en Basse-Saxe, est composé d’une centaine de baraquements pouvant héberger jusqu’à 10 000 détenus.
A partir de 1915, un petit nombre de déportés peut revenir en France dans les départements épargnés par les combats comme l’Isère ou le Gard. Ils sont considérés comme des réfugiés et sont souvent mal perçus par les habitants des territoires d’accueil, qui les appellent les « Boches ».
Le sort des Meusiens est partagé par d’autres habitants des zones occupées. Par exemple, en novembre 1916, 600 civils, hommes et femmes, sont déportés du Nord de la France vers l’Allemagne. En effet, ayant besoin de main d’œuvre, l’Allemagne décide d’exploiter les civils français et belges des zones occupées. De plus, la déportation de civils permet de négocier la libération d’Allemands, prisonniers des Français.
Après-guerre, un travail de mémoire débute et se matérialise par les plaques commémoratives sur les places publiques ou dans les églises ainsi que par l'érection de monuments aux morts. Ainsi, les noms des civils morts pendant la guerre côtoient les noms des poilus morts aux combats. De même, 1 104 civils morts en déportation se trouvent au cimetière militaire de Sarrebourg aux côtés des soldats.
Éclairage média
Par
Dans le cadre de la série de reportages « Témoins du siècle » consacrés à la Première Guerre mondiale en Lorraine diffusés en 1999, la rédaction du Journal télévisé présente une série durant la semaine du 13 décembre. La diffusion du reportage est proposée au JT du soir. L’angle choisi, celui de la déportation des civils pendant la Grande Guerre, révèle une volonté de présenter un reportage inédit.
Les journalistes ont fait le choix de s’intéresser au sort des civils pendant la guerre, en se concentrant sur la déportation de certains en Allemagne. Le reportage s’appuie sur le témoignage de deux Meusiennes qui évoquent leur déportation vers l’Allemagne. Les journalistes centrent leur reportage sur ces deux témoignages tout en apportant des documents complémentaires pour illustrer les propos : photographies d’archives montrant la vie dans les camps allemands.
A la fin du reportage, le statut des déportés politiques de la Grande Guerre décrété en 1957 est évoqué. Cela permet de montrer que l’expérience de ces civils a été prise en compte par l’Etat. Par ailleurs, en évoquant la volonté des communes de commémorer le souvenir des civils morts en déportation, les journalistes soulignent que ces derniers ont également souffert au même titre que les soldats. Enfin, c’est aussi l’occasion de montrer que la Meuse regorge d'un riche patrimoine de la Grande Guerre, comme l’illustrent les nombreux monuments aux morts.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Isabelle Bris
Notre série, Témoins du siècle , vous propose ce soir un épisode assez peu connu de la guerre 14-18, la déportation de milliers de civils vers l’Allemagne.Pris en otage pour être échangés contre des prisonniers allemands, ces personnes étaient embarquées dans des wagons à bestiaux, les derniers témoins sont rares car beaucoup n’ont pas survécu aux camps.Marcelle et Ida sont parties à la même époque, elles vivaient au nord de la Meuse.Floréal Torralba, Abdallah Jiqqir.
(Musique)
Marcelle Payeur
Un jour, à 5 heures du matin, ils sont venus taper à la porte, à la fenêtre, pour nous faire lever.On se demandait pourquoi, alors ma grand-mère, elle ne voulait encore pas partir, elle avait dit non, non, je ne pars pas, je ne pars pas… Oh !Alors moi je pleurais, j’ai tout ce que je savais évidemment, parce qu’on ne savait pas ce que les Allemands allaient nous faire hein !
Ida Dautel
Bien qu’ils nous ont embarqué, c’est-à-dire que la première nuit, ils ont été couchés à… Ils ont été prisonniers quoi !Et la première nuit, ils ont couché à Longuyon paraît-il.Et puis ils les ont emmenés en Allemagne.
Floréal Torralba
Septembre 1914, les troupes allemandes s’installent dans le canton de Damvillers, Ville-devant-Chaumont, Romilly, Flabas, Azannes, des dizaines de villages sont occupés par les troupes du Kaiser.Marcelle Payeur est raflée avec ses deux parents, Ida Dautel enlevée avec quatre membres de sa famille.
Ida Dautel
Je ne me rappelle pas du départ hein, parce qu’on a pris, on est monté dans des wagons à bestiaux pour aller en Allemagne quoi !
Marcelle Payeur
On a été deux jours et deux nuits dans les trains, ils nous faisaient descendre dans les gares pour manger, et on s’était trompé de chemin, ils nous ont ramenés en Bavière.Alors, le soir, on est arrivé, ils nous ont fait mettre quatre par quatre comme les soldats, avec les sentinelles mais ils nous ont donné un hangar qui avait eu des chevaux et il y avait la paille.
Floréal Torralba
Grafenwöhr, un des 170 camps construits pour enfermer les soldats et les otages.Fin septembre 1914, 1 800 civils de la région de Damvillers sont internés, les hommes sont séparés des femmes et des enfants, les prisonniers dorment sur des paillasses, les conditions de vie sont extrêmement difficiles.
Marcelle Payeur
Ils nous faisaient manger des betteraves, du pain noir, des têtes de harengs, des bouts de harengs, mais du pain noir en noir alors hein !Ben j’avais ma grand-mère, elle avait quand même un peu d’argent alors elle faisait du commerce avec les soldats qui eux, étaient bien contents d’avoir une boule.Parce qu’ils n’étaient pas trop gâtés les prisonniers, pas autant que nous.
Floréal Torralba
Début 1915, la Croix Rouge intervient, en février, femmes et enfants sont libérés et se réfugient via la Suisse en Isère, dans le Gard, l’Ardèche ou la Drôme.Les hommes reviendront à la fin de la guerre.Seul crime de ces civils, habiter dans une région contrôlée par les militaires.
Joseph Elmerich
Il y a d’abord les otages qui ont été faits par les troupes françaises, puis par les troupes allemandes, et enfin, des otages qui ont été retirés des zones de combat, notamment du secteur de Verdun à partir de 1914 quand le front s’est stabilisé devant Verdun.
Floréal Torralba
Ces milliers de réfugiés retournent dans leur village après l’armistice.En 1957, l’Etat français leur accorde le statut de prisonniers politiques.Une reconnaissance tardive de la souffrance et de l’injustice dont furent victimes ces civils.
Marcelle Payeur
Des fois on discutait avec, ils disaient… venaient toujours nous dire Paris kaputt, Verdun kaputt.Alors, on leur disait nein nein Berlin kaputt.Ils ne nous faisaient rien, à nous.
Ida Dautel
Une partie de ma jeunesse qui est passée comme ça, bien tristement.
(Musique)
Floréal Torralba
1 104 civils morts dans les camps reposent dans le cimetière militaire de Sarrebourg.Les noms d’une minorité d’entre eux figurent sur les monuments aux morts.
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