Les usines Peugeot mobilisées pour l’effort de la Grande Guerre
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Ce reportage s'intéresse à l’usine Peugeot au début du siècle, et particulièrement à sa mobilisation durant la Première Guerre mondiale. L'usine s'est adaptée pour produire des obus et des véhicules militaires. Visite de ce lieu particulier des mémoires de guerre.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
21 nov. 2014
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L’entreprise Peugeot est implantée dans le pays de Montbéliard, à une trentaine de kilomètres de la ligne de front de la Première Guerre mondiale. Cette usine va, comme de nombreuses usines à cette période, adapter ses lignes de production pour les besoins militaires en se lançant dans la fabrication d’obus en très grande série. Les sites de production produisent par la suite des véhicules militaires. Cette mobilisation nationale fait partie du principe de guerre totale et de dirigisme économique : la production ne répond plus aux demandes privées mais à celle d'un Etat qui a les pleins pouvoirs.
De nombreux lieux de mémoire sont connus, mais très peu mentionnent les usines qui y sont installées, qui ont participé au conflit. D’autres sont réquisitionnées par l’Allemagne : en effet le Nord-Est de la France est occupé dès la fin de 1914 et les départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin font partie du Reich allemand depuis 1871.
Par conséquent, les usines textiles, sidérurgiques ou les bassins miniers fonctionnent au profit des occupants à partir de 1914, les machines sont démontées et emportées lorsque cela est possible et les bâtiments sont utilisés pour une autre activité (hôpitaux, lieux de stockage), ou alors, dès 1916, les bâtiments ou les machines indémontables sont systématiquement détruits. La France, au-delà de perdre des territoires, perd ses bassins houillers, ainsi qu’une grosse partie de sa production nationale de fer, d’acier, de fonte et de laiton ; indispensables. Ainsi, face à cette perte de territoire mais surtout d’une partie de leur économie, l’Etat français réagit en conséquence.
Durant le Première Guerre mondiale (1914-1918), nombreuses sont les usines à être mobilisées par l’Etat. L’ensemble de la nation française est réquisitionnée pour pouvoir défendre le pays et ainsi remporter la victoire. L’industrie, tout comme les autres secteurs, participent à l’effort de guerre. Effort que l’on définit par une production de munitions, de matériel de guerre ou encore de véhicules qui étaient alors réservés à l’armée française. Les usines proposent des véhicules militaires innovants comme les chars d’assaut (Renault), des cuirassés, des moteurs pour l’aviation ou des sous-marins.
La mobilisation générale avait appelé 4,5 millions d’hommes, dont des ouvriers, ce qui obligea de nombreuses entreprises à fermer, faute de main d'œuvre. Mais pour pouvoir répondre aux besoins de production liés au contexte, les ouvriers qualifiés vont participer à l’effort de guerre en occupant à nouveau leur poste initial. Environ 500 000 hommes vont retourner à l'usine, grâce à la loi Dalbiez de juin 1915, qui permet d’assurer une juste répartition et une meilleure utilisation des hommes mobilisés ou mobilisables, avec notamment l’article 6 qui précise le rapatriement des ouvriers, et permettra ainsi la relance industrielle et manufacturière du pays.
Malgré cette loi, la main d’œuvre n'est pas suffisante, puisque l’Armée refuse trop de départs du front, la France fera alors appel aux femmes (qu’on estime entre 20 à 40%), à des volontaires étrangers (des pays limitrophes à la France, comme la Belgique ou encore l’Espagne) mais aussi à la population coloniale (comme l’Algérie ou encore l’Indochine).
Au sein de grandes industries se trouvent des ingénieurs de talent (Ernest Mattern pour Peugeot ou encore André Citroën) qui vont adapter des méthodes productivistes découvertes aux Etats-Unis, dont la fameuse méthode Taylor : le taylorisme. Il s’agit de spécialiser chaque ouvrier à une tâche précise qui est chronométrée. Cette méthode de travail, innovante pour les patrons mais avilissante pour les ouvriers, va donner lieu rapidement à des oppositions ouvrières minoritaires mais existantes, durant le conflit de 1914-1918.
Les usines et industries françaises jouent alors un rôle prépondérant dans le conflit, et c’est grâce à cette mobilisation ouvrière et l’adaptation des méthodes de productivité, qu’une différence sera faite durant la guerre et au sein de l’Alliance. Suite à l’armistice du 11 novembre 1918, les grandes usines vont s’orienter vers la production d’automobiles en série. Mais elles vont également produire en masse de la machinerie agricole et industrielle nécessaire à la reconstruction du pays.
Éclairage média
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Ce reportage a été réalisé pour le centenaire du début de la Première Guerre mondiale, et diffusé tous les week-end dans l’édition régionale de France 3 Champagne Ardenne. Il commence par une vue d’obus, conservés dans le musée de Sochaux (dans le Doubs), montrés lors de l'exposition « Usine de Guerre » réalisée par le fond de dotations Peugeot pour la mémoire de l’histoire industrielle et le Centre d’Archives de Terre Blanche d’Hérimoncourt.
Florence Cicolella fait un bref historique et met en avant que les usines, au-delà de l’effort de guerre, habituellement connu, produisent aussi par intérêt et par patriotisme. Patriotisme qui peut être sujet à discussion en prenant en compte le contexte économique et dirigiste du pays alors engagé dans une guerre totale.
Une carte permet de visualiser le lieu d’implantation des usines, notamment celle de Sochaux. L’usine est surtout connue pour Armand Peugeot, personnage visionnaire et emblématique de la famille. Il avait déclaré, en 1912, que l’automobile faisait partie intégrante de la défense du pays et que l’entreprise se tenait prête à contribuer et à innover dans ce domaine pour pouvoir répondre à la demande. C’est également lui qui décida de fabriquer des automobiles. Il fut le premier président de la chambre syndicale des constructeurs automobiles. Ainsi, l’usine Peugeot de Sochaux se spécialise dans l’automobile.
Des inserts d’images d’archives provenant du musée permettent d’illustrer le propos avec des anciennes Peugeot adaptées militairement: véhicule blindé ou des camions bâchés qui permettent de transporter des hommes ou du matériel. Des chars d’assaut ont aussi été produits par l’entreprise Peugeot. L’Etat, dans la guerre, a ce besoin, ainsi l’initiative privée n’est plus de mise, l’entreprise doit répondre aux besoins militaires de la guerre et doit adapter ses moyens de production en conséquence.
Pour répondre aux besoins, l’usine de Sochaux va s’agrandir ainsi que deux autres : celle de Beaulieu à Valentigney et celle située à Audincourt. Elles vont regagner en main d'œuvre qui est, comme le précise la journaliste, principalement féminine ou étrangère, comprenant des volontaires ou des ressortissants de colonies. Nouveauté aussi importée d’outre atlantique : le taylorisme qui va être appliqué dans ces usines. Il s’agit d’une double division du travail : horizontale et verticale, vision scientifique du travail. Les ouvriers sont alors spécialisés dans une tâche spécifique et seront supervisés par un ouvrier placé hiérarchiquement au-dessus d’eux.
Sur l’impulsion et la méthode pensée par Ernest Mattern, à partir de mars 1917 : les lignes de production sont repensées de manière scientifique selon la méthode Taylor : les lignes sont rationalisées, les tâches chronométrées afin que le travail soit plus rapide et efficace. Ces méthodes permettent surtout d’intégrer des civils qui n’ont pas l’habitude de travailler dans le secteur : les tâches sont déqualifiées et alors adaptées plus facilement à la main d'œuvre qui n’est pas qualifiée.
Les objets militaires présentés ont été produits dans l’usine Peugeot du pays de Montbéliard (Hérimoncourt) qui ont produit en chaîne et en grande quantité cet outillage de guerre. L’extrait permet d’apprécier un établi qui était utilisé pour la fabrication, dans ces années, du matériel et de l’armement nécessaire. Celui-ci spécifiquement était utilisé pour l’assemblage et la fabrication d’obus.
Dans le reportage, s’ensuivent des images d’archives qui montrent justement cette nouvelle organisation de l’espace et du travail. La main d'œuvre des usines est essentiellement féminine et est contrôlée par un superviseur qui surveille le temps et le rythme de travail. On peut aussi avoir une idée de l’organisation rationnelle au sein des bâtiments. De nombreux établis et machineries industrielles sont installés dans un souci de praticité et du bon fonctionnement global de l’usine.
Ainsi la physionomie de l’usine se modifie profondément de par cette mobilisation et perdura après l'armistice lorsqu’elle produit à nouveau des biens pour le marché civil.
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