Les 20 ans de l'institution régionale : les principales décisions
Notice
Rétrospective des principales étapes du conseil régional de Picardie : l'institution régionale avec le comité économique et social puis après mai 1981, la décentralisation s'accélère. En 1982, le Préfet transmet ses pouvoirs au président du conseil régional. En 1984, signature du premier contrat de plan État-Région. En mars 1986, l'élection au suffrage universel donne la majorité à l'Union de l'opposition avec l'aide des voix du Front National. En 1989 deuxième Contrat de plan de 5 ans est signé et en mars 1989 est mis en place le conseil régional des jeunes.
Éclairage
L'adoption des lois de décentralisation (1982-1983) dites Defferre – du nom du maire de Marseille nommé Ministre de l'Intérieur – marque un tournant dans l'histoire des pouvoirs locaux. Cet événement est souvent associé au premier âge de la décentralisation, mais, en réalité, ni la décentralisation, ni la régionalisation ne sont nées avec l'alternance présidentielle de 1981. L'histoire des collectivités territoriales s'inscrit en effet dans un long mouvement de reconnaissance du pouvoir local insufflé à partir de la Révolution française. Cependant, la région fut longtemps le parent pauvre des libertés locales. Le rejet des provinces d'Ancien régime et le risque de dislocation de l'unité nationale ont durablement condamné la régionalisation institutionnelle, et l'idée régionale, longtemps incarnée par la droite ultra et le régime de Vichy, suscite encore des réserves au moment de l'adoption des lois Defferre.
La décentralisation est une des réformes prioritaires du premier septennat de François Mitterrand. La loi du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions – complétée par une série de décrets – est ainsi un texte fondateur, introduisant un changement fondamental dans un cadre constitutionnel pourtant inchangé. C'est le temps de la régionalisation politique et des transferts de pouvoirs. Au sein du département, le pouvoir exécutif du préfet est transféré vers le président de conseil général et les régions sont érigées en collectivités territoriales de plein droit. En 1982, le préfet de région transmet officiellement les pouvoirs au socialiste René Dosière, président du conseil régional de Picardie. Sont également institués les contrats de plan État-Région (CPER), par lesquels l'État et la Région s'engagent sur la programmation et le financement pluriannuel de projets importants pour l'aménagement du territoire. Les lois Defferre des 7 janvier et 22 juillet 1983 répartissent les compétences entre l'État et les collectivités territoriales et instaurent le transfert de ressources. Désormais, l'assemblée régionale dispose de compétences propres dans des domaines divers (transport, éducation, formation professionnelle, culture...etc) et d'une autonomie financière, ses recettes étant constituées de dotations de l'État et d'une fiscalité propre. La décentralisation confère ainsi aux régions une véritable légitimité.
Cependant, les établissements publics hérités de la loi du 5 juillet 1972 ne deviennent de véritables collectivités territoriales qu'à dater de la première élection des conseillers régionaux au suffrage universel direct, qui intervient en mars 1986. A cette date, le centriste Charles Baur est porté à la présidence de l'assemblée régionale.
Les régions bénéficient tout au long des années 1990 et 2000 de nouveaux transferts de compétences qui les consolident dans le système politique français, ainsi que les élites politiques qui les investissent. La loi constitutionnelle du 28 mars 2003 relative à l'organisation décentralisée de la République française est considérée comme l'acte II de la décentralisation, 20 ans après les lois Defferre. Elle pose le principe de l'autonomie financière des collectivités locales, inclut les termes de "région" et de "décentralisation" dans la Constitution puis instaure le referendum décisionnel local et un droit de pétition.