Charles Baur réélu au conseil régional de Picardie
Notice
Charles Baur pour l'intergroupe majorité parlementaire a été réélu président du conseil régional de Picardie avec l'aide des voix du Front national. Il était opposé à Walter Amsallem pour le PS et à Roland Renard pour le PCF. Résumé en images de cette élection.
Éclairage
Né en 1929 à Paris, Charles Baur milite à la SFIO dès 1946, puis au PS. Il devient secrétaire général des Jeunesses socialistes de la Seine (1949) puis entre au bureau national de cette organisation et est élu secrétaire général de la fédération socialiste de la Seine. Mais, c'est dans l'Aisne que le jeune responsable socialiste s'implante. PDG des sociétés Comet et Framet, il est élu maire de Villers-Cotterêts en 1955 et conseiller général en 1958. Il quitte le PS en 1972 dans le sillage de Max Lejeune puis rejoint l'UDF. En 1973, il devient membre du conseil régional de Picardie, dont il élu président en 1976, année où il est battu aux élections cantonales. En 1985, il reconquiert la présidence de l'assemblée régionale, détenu par la gauche depuis 1980. En 1986, il garde son siège suite aux premières élections régionales au suffrage universel direct – qui ont lieu à la proportionnelle et le même jour que les élections législatives (16 mars) – grâce à une alliance avec les élus du Front national. Ces scrutins, remportés par la droite républicaine (RPR-UDF), enregistrent une véritable percée du FN (35 députés, 137 conseillers régionaux), sensible depuis les élections européennes de 1984. La tactique dite du "cordon sanitaire" ou du "Front républicain" n'existe pas encore et plusieurs ténors du RPR et de l'UDF prônent alors diverses formes d'alliance avec le parti lepéniste, qui accueille à la même époque des transfuges du RPR et de l'UDF. Dans ce contexte d'"ouverture", plusieurs présidents de région de droite, où le mode de scrutin proportionnel n'a pas permis de dégager des majorités claires, sont élus avec le concours des voix du FN.
En 1986, il est également élu député européen. Il conserve ce mandat jusqu'en 1993, année où il est élu à l'Assemblée nationale, un an après avoir conservé la présidence de région au troisième tour grâce à une large majorité relative (25) à laquelle participent les 3 élus du mouvement Chasse pêche nature et traditions (CPNT). L'alliance avec le FN n'était cette fois pas nécessaire : les élections régionales de 1992 ont vu l'entrée de 9 élus écologistes – soit autant que le PS et plus que le PCF (6) – et une nouvelle progression du FN, qui double le nombre de ses sièges (8). Maire de Villers-Cotterêts jusqu'en 1989, il est élu conseiller municipal de Saint-Quentin en 1995, mais perd son siège de député lors des élections législatives de 1997. L'année suivante, il est réélu à la présidence de région, grâce à l'appui des voix du FN, ce qui lui vaut d'être exclu de l'UDF. En France, seules deux régions disposent d'une majorité absolue. En Picardie, Charles Baur risque d'être battu par la gauche plurielle, qui dispose d'une majorité de 23 conseillers, contre 19 au groupe RPR-UDF. Au second tour, le FN maintient son candidat à la présidence (Pierre Descaves) mais, coup de théâtre, les 11 élus frontistes jouent le rôle d'arbitre et votent pour Charles Baur, ainsi réélu à la majorité absolue, avec 30 voix. Un arrangement identique est conclu dans quatre autres régions (Rhône-Alpes, Bourgogne, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées). Cette alliance avec le FN divise la droite et tend le climat politique local, dont témoigne la première sortie officielle de Charles Baur, l'inauguration d'une rocade d'autoroute à Amiens, perturbée par le député communiste Maxime Gremetz.
Charles Baur est président du conseil régional jusqu'en 2004. A cette date, après 49 ans de mandats, dont 21 à la tête de la région, il se retire de la vie politique. La gauche gagne les élections régionales de 2004.