L'industrie de luxe de Pierre-Bénite
Notice
Edith Cresson a rendu visite à l'industrie de luxe A.S. de Pierre-Bénite, fabricant du carré Hermès. Le secteur du luxe vit un regain de vitalité grâce à l'exportation. Selon la ministre du redéploiement industriel et du commerce extérieur, la mise en place du plan textile a permis de relancer le marché.
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
Le 24 septembre 1985, le journal télévisé de FR3 est sur les pas d'Édith Cresson en déplacement dans la région lyonnaise. C'est en sa qualité de ministre du Redéploiement industriel et du Commerce extérieur, qu'elle est aujourd'hui en visite aux Ateliers AS de Pierre-Bénite, entreprise familiale spécialisée dans l'ennoblissement textile qui fabrique, pour l'industrie du luxe, les prestigieux carrés Hermès et les célèbres foulards Dior.
Il s'agit avant tout de mesurer les effets du Plan Textile, lancé par le gouvernement socialiste dès 1982 pour enrayer le déclin du secteur. C'est en effet l'industrie qui connaît alors la plus importante réduction d'effectifs en France : en 1981, elle a enregistré une baisse de 7,4 %, ce qui représente la perte de 41 000 emplois, un taux record dans l'industrie. Et le textile occupe en 1983 encore 480 000 personnes sur tout le territoire français. C'est dire l'enjeu que représentait ce plan de sauvetage pour l'économie du pays.
Plus de 3 000 entreprises du secteur ont conclu avec l'État des contrats Emploi-Investissement qui consistaient en un allègement temporaire des cotisations sociales. Signés pour une année dès mai 1982, ils ont été renouvelés l'année suivante avec des conditions assouplies. En Rhône-Alpes, 600 entreprises ont été concernées la première année, 400 la seconde. Avec pour résultat, s'en réjouit la ministre, un gain de 2 % d'emplois dans ce secteur.
Lors de sa visite, Édith Cresson va assister aux différentes phases d'impression des carrés Hermès, créés en 1937, sur de très longues « tables » de 150 m. Si Lyon est réputée depuis le XVIe siècle pour le tissage de la soie, le bas Dauphiné, et notamment Bourgoin-Jallieu, a développé les techniques d'impression au cadre (ou ennoblissement textile) inspirées du pochoir japonais, à partir des années 1930. C'est cette technique qu'ont repris les ateliers AS, une technique qui consiste à passer sur le tissu, au moment de l'impression, autant de cadres qu'il y a de couleurs, ce qui permet l'apposition localisée de motifs colorés. Plutôt vertigineux quand on sait que l'on peut obtenir jusqu'à 75 000 nuances à partir de 40 couleurs mères !
Forts de leur savoir-faire et de leur créativité, les Ateliers AS (180 salariés en 1985) sont devenus le leader mondial du secteur et peuvent se prévaloir de posséder la plus grande ligne d'impression sur soie au monde. Ceci grâce à leurs clients-partenaires Hermès et Dior, qui, de fait, contrôlent désormais la PME.
Bibliographie :
- Christine Huttin, « Les effets d'une aide publique sur les décisions d'emploi et d'investissement des entreprises. Une analyse économétrique sur l'industrie française du textile-habillement », Revue économique, 1989, vol. 40, n° 3, p. 503-540.