Radio Fourvière et le réseau RCF à Lyon
Notice
Désormais les 38 radios chrétiennes de France seront rassemblées sous le nom de Radios chrétiennes de France (RCF). Cette appellation unique a pour but de lutter contre la concurrence de Radio Notre Dame.
- Autres lieux > France > Ile-de-France
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
On est surpris de voir programmer sur France 3 un Premier Mai, habituellement consacré aux manifestations syndicales ou plus prosaïquement à la vente du muguet, un reportage sur des radios chrétiennes. C'est parce qu'un regroupement des radios religieuses vient de s'effectuer sous l'égide de Radio Fourvière basée à Lyon. Sous le sigle RCF (Radios chrétiennes de France) et un logo modernisé, ce regroupement représente la majorité des radios catholiques présentes sur le territoire. C'est à la faveur de la fin du monopole d'État et de la libération des ondes à partir de 1981 que se sont implantées des radios religieuses pour essayer de contrer avec un média moderne la « crise catholique » (Denis Pelletier) perceptible depuis la fin du concile de Vatican II (1965) jusqu'à la mort du pape Paul VI (1978) et marquée par un processus de sécularisation et de transformation de l'Église. On est loin, ce Premier Mai 1996, du contexte dans lequel ont été créées ces radios « libres ».
En France, la radio et la télévision ont été jusqu'en 1981 sous le monopole et la tutelle de l'État, via le ministère de l'Information qui dirigeait l'ORTF jusqu'en 1974 (« la voix de la France » selon le président Georges Pompidou), scindé ensuite en sociétés nationales – dont Radio France - sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. Font exception cependant les radios commerciales dites « périphériques » créées dans les années 1950 (Europe1, Radio Luxembourg, Radio Monte-Carlo) dont les émetteurs situés hors de France ne peuvent donc être poursuivis. À partir de 1978, à l'exemple de l'Italie, les émissions clandestines de « radios libres » se multiplient dans toutes les régions de France. La presse relaie largement cette « bataille des radios libres » et l'opposition socialiste soutient ce combat pour la liberté d'expression. Le succès de François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1981 fait espérer une libéralisation des médias qui se met en place cependant avec quelque difficulté.
À partir de 1982, la bande FM devient l'objet de convoitise de la part de groupes commerciaux et le gouvernement se doit de mettre de l'ordre et d'attribuer autoritairement les fréquences. À la régulation par l'État succède alors la régulation par le marché : dès lors nombre de radios indépendantes prennent un tournant commercial grâce à la publicité. Cependant, en marge des logiques commerciales, des dizaines de radios associatives à vocation locale, sociale et culturelle bataillent pour subsister.
D'autres radios à caractère religieux profitent de la fin du monopole d'État et adoptent également le statut associatif. Les radios chrétiennes dans toute la France et les pays francophones, produisent et diffusent des programmes d'informations religieuses et générales : par exemple à Avignon (radio Lumière), dans l'Ouest (réseau alpha), à Besançon ou encore Radio Fourvière à Lyon. Créée en 1982, cette dernière avec ses 14 ans d'existence est donc à l'origine du regroupement en 1996 de 38 radios chrétiennes qui, avec leurs 145 émetteurs, sont présentes sur les ¾ de l'hexagone. Se différenciant de Radio Notre-Dame à Paris, le réseau RCF se positionne sur un créneau moins conservateur, en se revendiquant comme œcuménique, c'est-à-dire en dialogue avec les autres églises chrétiennes. Ainsi, la libéralisation des ondes a permis, dans un pays laïc, l'éclosion d'une parole religieuse ouverte qui contribue, en partie, à la rénovation de l'Église catholique.
Bibliographie :
- Denis Pelletier, La Crise catholique ; religion société, politique en France (1965- 1978), Paris, Payot, 2002.