Le Petit Train de Palavas
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Résumé
Le Conseil général de l’Hérault envisage de supprimer le Petit Train de Palavas qui relie la station balnéaire à Montpellier, pour le remplacer par des autocars et une autoroute. Pour François Delmas, maire de Montpellier la liaison routière moderne et commode
s’impose. Jacques Giret, le maire de Palavas, est quant à lui fermement opposé au projet. Les avis des usagers sont partagés, mais plutôt favorables au maintien de la ligne ferroviaire.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
04 oct. 1961
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Contexte historique
ParProfesseur émérite de géographie
Le Petit Train de Palavas est rattaché à la Compagnie des chemins de fer d’intérêt local du département de l’Hérault. Du 6 mai 1872, date de son premier voyage, au 31 octobre 1968 jour du dernier, soit pendant près de 100 ans, il parcourra des milliers de fois, en une demi-heure, les 11,5 kilomètres qui séparent la capitale de sa plage et transportera plus de 60 millions de voyageurs [1]. Au point de devenir « mythique » comme le souligne la presse locale au début des années 1960. Sa locomotive à vapeur n°81, classée au titre des Monuments historiques, est exposée au rond-point des Prés d’Arènes, au-devant de la médiathèque Federico Garcia Lorca. Elle signe symboliquement l’entrée de Montpellier depuis Palavas par la RD 986 qui rejoint Ganges.
À ses origines, le chemin de fer, moderne, rapide et sûr, double le chemin de terre, inondable et sans ombre l’été, qui deviendra une route lorsque la voiture remplacera la charrette. Il est alors surtout au service des poissonnières qui venaient vendre les produits de la pêche aux halles de Montpellier… et des médecins de Montpellier allant consulter à Palavas !
Amorcé sur la rive droite du Lez comme projet en 1856, le tracé sur la rive gauche, venu plus tard, fera l’objet de nombreuses oppositions, mais deviendra prioritaire. Il desservira, au beau milieu de la campagne, la petite commune de Lattes, halte technique fort appréciée des habitués. Les dessins d’Albert Dubout vont immortaliser le Petit Train de Palavas quand les bains de mer deviennent à la mode et que les « congés payés » envahissent la station balnéaire. Le terminus montpelliérain jouxte la place centrale de la Comédie au contact de la promenade de l’Esplanade. A Palavas, il arrive jusqu’à la plage. Il fait le bonheur de nombreuses familles de Montpellier heureuses de satisfaire leur désir de rivage et des palavasiens pour l’accès à un emploi dans la capitale. Sans oublier les touristes, souvent peu fortunés, qui y trouvent, à leur arrivée en gare de Montpellier, le lien indispensable pour rejoindre la station balnéaire.
Un petit train si populaire que lors de l’annonce de sa suppression au profit de la route, pour les voitures et autocars, les paroles diffusées dans le reportage résonnent en réponses opposées aux propos du maire de Montpellier, mettant fin à une longue page de l’histoire locale.
Un petit train pas comme les autres, où l’on rigole, et qui contribua, en son temps, à la gaieté montpelliéraine
[2] malgré sa lenteur, son confort tout relatif, la fumée, les odeurs et les moustiques. La séquence vidéo montre bien comment ce Petit Train, tout au long de son parcours, dévoile des paysages et finalement apprend à voir. La rupture de ce cordon ombilical engagée par le Conseil général, justifiée par le maire de Montpellier François Delmas, souleva des mécontentements tant il avait inscrit des usages populaires de travail, de loisirs, de vacances entre la ville-centre et son doublet balnéaire. Jacques Giret, le maire de Palavas, au nom de ses concitoyens, est favorable avec énergie à son maintien, tout comme les passagers d’un jour, qui soulignent leur attachement au Petit Train, futur objet de souvenirs heureux. Si le maire de Montpellier avoue qu’il faut vivre hardiment avec son temps, celui de la modernité, le Petit Train, par son grain de folie
pour reprendre le qualificatif de l’ouvrage de Roland Jolivet, résume ce reflet coloré des vacances, toute de liberté, au bord de mer, à Palavas la Reine des stations
.
[1] Paul Génelot, historien des chemins de fer
[2] La Vie montpelliéraine, 1897
Remerciements au musée Albert Dubout.
Bibliographie
- Odile Jacques, Le Petit Train de Palavas, Montpellier, Centre de formation pédagogique,sd.
- Roland Jolivet, Paul Génelot, Un petit train de folie, Montpellier, Jolivet,1999, 2ème édition, 2002, 116 p.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Mario Beunat
Vous en avez tous au moins une fois entendu parler, il s’agit du train de Palavas que le dessinateur Dubout, ici travesti en l’un de ces personnages a rendu célèbre.Un petit train sans histoire mais non sans pittoresque, jusqu’à présent, oui.Car il est aujourd’hui question de le supprimer.Le Conseil général de l’Hérault l’a en principe décidé, et l’un des adversaires déclarés du Petit Train, non pas Dubout mais Monsieur Delmas, Maire de Montpellier, en donne la raison.
François Delmas
Ce cordon ombilical a quelque chose de désuet et d’un peu ridicule.Il faut que Montpellier et sa plage soient reliées par la route d’une façon normale, moderne et commode.Cette liaison routière s’impose d’autant plus que Montpellier va être bordée sur sa face sud par une déviation de la nationale 113 à caractéristique d’autoroute ;et que la nationale 113 et la route de Palavas doivent se marier si possible d’ailleurs par un trèfle puisque telle est la mode et la technique moderne.
Mario Beunat
On est moderne pourtant à Palavas dont voici le maire, Monsieur Giret qui, lui, est pour.
Jacques Giret
Nous estimons qu’il n’est pas possible de remplacer l’intérêt local par des autocars, par un service d’autocars.D’abord il faudrait construire un autoroute pour faire circuler ces autocars et cet autoroute, où le construire.Si on le construit à la place de l’intérêt local, que fera-t-on pendant la période intermédiaire.C’est malheureusement le projet qui semble avoir été retenu et c’est la raison pour laquelle nous nous opposons avec autant d’énergie contre ce projet.
Mario Beunat
Les positions officielles sont donc bien tranchées.Mais que pensent du problème les usagers, je n’ose dire les voyageurs.Madame, êtes-vous pour ou contre la suppression du train de Palavas ?
Inconnue 1
Et bien Monsieur, ce sera ennuyeux si on nous enlève ce Petit Train parce qu’il est très agréable, parce qu’avec les cars nous n’arriverons jamais à pouvoir conduire tout ce monde.
Inconnue 2
Parce que je trouve que c’est très intéressant de prendre ce train, il n’est pas comme les autres.
Mario Beunat
En quoi n’est-il pas comme les autres ?
Inconnue 2
Ah je ne sais pas, il n’est pas moderne.
Mario Beunat
C’est pour ça que vous l’aimez ?
Inconnue 2
Oui.
Mario Beunat
Vous ne préfèreriez pas des autocars modernes sur une autoroute ?
Inconnue 2
Ah non, non, non.Je préfère ce train.
Mario Beunat
Pour ou contre ?
Inconnu 1
Alors moi, je suis contre le train.Je suis contre le train parce que j’espère que Palavas ait un développement et de plus en plus, nous nous voulons modernes et il nous faut quand même l'autoroute à Palavas pour dégager Palavas.Parce que Palavas est complètement encombré et de toute façon, le train quand même il faut qu’il existe d’accord mais enfin il faut être contre le train.
Mario Beunat
Quel est votre métier ?
Inconnu 1
Mécanicien.C’est pour ça, voilà.
Mario Beunat
En effet.Et le principal intéressé, comment se comporte-t-il sur les 12 kilomètres que comporte la ligne entre Montpellier et Palavas.En attendant d’autres témoignages, ce voyage en forme d’interlude vous l’apprend.
(Silence)
Mario Beunat
Pour ou contre ?
Inconnue 3
Pour, Monsieur, je suis employée alors je suis pour le train automatiquement, ça va de soi.L’autobus a ses inconvénients mais on est serrés et on ne peut pas faire suivre des choses que l’on prendra dans le train.
Mario Beunat
Merci.Vous êtes pour ou contre le train ?
Inconnue 4
Je suis pour.Pour le train.
Mario Beunat
Pour quelle raison ?
Inconnue 4
Ça fait plus jeune.
Mario Beunat
Monsieur, êtes-vous pour le maintien du train de Palavas ou pour son remplacement par les autocars sur une belle autoroute.
Inconnu 2
Ben, j’aime mieux je crois le train, c’est plus, je ne sais pas comment vous dire, pour expliquer. Mais vous voyez ça a un fond plus pittoresque, il faut dire. N’est-ce pas. Le car, et puis on n’est pas si nombreux, on ne s’amuse pas tant. Il faut dire ce qui est, dans le train on rigole. On va sur les plateformes, on rigole.
Mario Beunat
De toute façon, Palavas, sa plage et son canal ne risquent pas d’être coupés de Montpellier, vérité réconfortante mais ce Petit Train laissera quand même bien des regrets.
Jacques Giret
L’intérêt local est lié à l’origine touristique de notre station balnéaire.En effet depuis 1872, des milliers de voyageurs viennent chaque année, chaque été avec et grâce à ce moyen de locomotion sur nos plages.C’est donc une reconnaissance à cet intérêt local qui fit la gloire de notre station balnéaire que la municipalité a lié sa position.
François Delmas
Certes ce n’est pas sans mélancolie que nous verrons disparaître un des éléments du pittoresque et presque même du folklore local.Les Montpelliérains garderont quelque mélancolie et un souvenir attendri à l’égard de ce moyen qui leur rappelle leurs jeunes ans mais il faut vivre avec son temps et y vivre hardiment.
Mario Beunat
Malgré la mise en service de motrices qui ont remplacé la locomotive de Dubout, un défenseur acharné de l’intérêt local, est-il utile de le dire, le Petit Train vit ses derniers beaux jours.Et nous aussi pour cette année grâce à ce reflet coloré de nos vacances.
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