Inauguration de la Redoute à Palavas
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La Redoute de Ballestras, ancienne tour à feu du XVIIIe siècle, a été reconstruite à l’identique sur un îlot artificiel de l’étang. Inaugurée le 14 juillet 1992, elle abrite le musée Albert Dubout, humoriste connu pour ses représentations de la station balnéaire et de son « Petit Train ».
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
14 juil. 1992
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Contexte historique
ParProfesseur honoraire, agrégé d’EPS, docteur en sociologie
La Redoute de Ballestras [1], ancienne tour à feu comparable à celles du Grand-Travers à La Grande-Motte, de Marseillan et d’Agde, faisait partie du réseau de défense de la côte languedocienne [2] établi au cours du XVIIIe siècle. Bâtie en 1743, elle est à l’origine de la naissance du village de Palavas.
Cet édifice de surveillance comportait deux étages et possédait, sur sa terrasse crénelée, une tourelle à feu pour les signaux de nuit et un mât pour hisser le drapeau d’alerte le jour, selon un code permettant de communiquer avec les forces armées. Il était gardé par deux soldats et un matelot, ce dernier ayant en charge l’observation de la mer. Il pouvait héberger jusqu’à douze soldats en période de conflits. Son implantation protégeait l’embouchure du Lez, cours d’eau d’accès direct à la ville de Montpellier.
Cette tour, située en bordure du grau de Ballestras, n’attire la construction de cabanes de pêcheurs qu’après 1813, date de la mise en service d’une batterie de calibre douze dans le but de repousser les ennemis. C’est sous cette protection qu’un hameau de pêcheurs se constitue, prend le nom de cabanes de Balestras, et se développe pour devenir en 1850 la commune de Palavas. En 1928, elle sera rebaptisée Palavas-les-Flots.
Initialement port de pêche, elle devient, dans la seconde moitié du XIXe siècle, un espace de loisirs, accessible par la ligne ferroviaire Montpellier–Palavas, ouverte en 1872. Au-delà de ce développement touristique balnéaire, elle accède au statut de station climatique grâce aux bienfaits médicaux reconnus des bains de mer, du grand air et de l’héliothérapie.
En 1906, la vocation militaire de la redoute n’ayant plus de sens, elle est utilisée comme assise d’un réservoir d’eau. En 1943, un château d’eau en béton l’enveloppe totalement. Enfin, en 1991, la transformation de ce dernier en restaurant panoramique tournant, Le phare de la Méditerranée, entraîne la décision de la réhabiliter à des fins patrimoniales. Reconstruite à l’identique à partir des plans et matériaux d’origine par les Compagnons du Devoir sur un îlot artificiel de l’étang du Levant, elle est inaugurée le 14 juillet 1992.
Un musée y est ouvert en hommage à Albert Dubout (1905-1976), dessinateur humoristique connu pour sa représentation des vacanciers de la station balnéaire et de son Petit Train. En 1996, à l’initiative d’Albert Edouard (1934-2018), maire-adjoint de la ville, un musée est également dédié à cet autre élément patrimonial.
Aujourd’hui, le chemin d’accès est balisé par des réverbères inclinés, issus de l’imaginaire d’Albert Dubout, ce qui n’est pas sans étonner le visiteur. Après l’entrée dans la redoute par une porte située à mi-hauteur de la muraille, un projecteur vidéo diffuse des photographies et cartes postales de la vie palavasienne depuis le début du XXème siècle. L’historien retiendra les quelques dessins de la Redoute et des premières cabanes, réalisés par Jean-Marie Amelin [3] entre 1822 et 1849.
La poursuite de la visite dans les quatre salles d’exposition permet de saisir l’éclectisme dont fait preuve Albert Dubout dans ses interprétations des mœurs de la cité balnéaire. La plage, les bains de mer, la pétanque, la corrida, les transports, etc. sont passés au crible d’un regard qui cible l’extravagant.
Ainsi s’est dessiné le devenir de la redoute, instrument militaire de défense, en un espace muséal retraçant l’histoire des congés payés à Palavas-les-Flots et de son petit train.
[1] L’étymologie de ballestras reste obscure, mais pourrait être rattachée à la fonction de guetteur (bayeta, XIVème siècle) … Le terme de balestra, d’origine italienne, signifie arbalète…
[2] Système d’alerte bâti entre 1740 et 1743, sous la direction de l’ingénieur Jacques Mareschal (1689-1778), directeur des fortifications du Languedoc. Des redoutes-simples ou à batteries ont été érigées aux endroits stratégiques.
[3] Jean-Marie Amelin (1785-1858), professeur de dessin à l’école régimentaire du Génie de Montpellier. L’œuvre de cet artiste peut être consultée en ligne sur le site de la Médiathèque Émile Zola à Montpellier.
Remerciements au musée Albert Dubout.
Bibliographie
- Didier Catarina, « La défense du littoral languedocien sous l’ancien Régime », dans Danielle Domergue-Cloarec (dir.), Entre cour et campagnes. Quelques aspects de l’histoire militaire de la France moderne : Hommage à Anne Blanchard, Presses universitaires de la Méditerranée, coll.Histoire, défense et sociétés, 2005, p.133-163. HAL Archives ouvertes [en ligne] (Mis à jour le 28/10/2021). Site internet : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03406738
- Christian Jeanjean, Aux origines d’un développement touristique : Palavas, Thèse de droit et sciences économiques, Montpellier, 1971,
- Marie-José Guigou, La colonisation du lido montpelliérain, Montpellier, revue Études Héraultaises n° 57, 2021.
Transcription
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