La communauté musulmane à Marseille
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Type de média :
-
Date de diffusion :
06 avr. 1989
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00018
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Contexte historique
La présence de l'islam dans la cité phocéenne ne date pas d'hier. L'existence du cimetière des Turcs au XVIIIe siècle, affecté aux esclaves musulmans qui servaient sur les galères, constitue la preuve de cette ancienneté. Mais c'est surtout au XXe siècle que des populations de culture musulmane s'établissent à Marseille. Les premières arrivées se font avant et surtout pendant la guerre de 1914-1918 pour servir de main d'oeuvre. Après la Deuxième Guerre mondiale, l'instauration de la liberté de circulation entre l'Algérie et la France permet aux autorités d'encourager la venue de travailleurs d'Afrique du Nord dont la reconstruction a besoin. Mais l'essor de cette population immigrée date surtout des années 1960-70 lorsqu'elle remplace dans l'industrie et les chantiers du BTP les Italiens et les Espagnols dont l'émigration a cessé (voir Les harkis du Logis d'Anne à Jouques). Le nombre des Maghrébins à Marseille est passé de 15 000 environ en 1954 à un peu plus de 60 000 à l'époque du reportage. Bien que les arrivées de Tunisiens et de Marocains aient augmenté, la majorité est algérienne. A cette population de culture musulmane, s'ajoute celle qui vient des Comores, dont l'expansion est un peu plus tardive, et que l'on évalue alors à 6 ou 7 000 personnes, sans oublier des immigrés originaires du Sénégal ou du Mali. Cette immigration qui, à l'origine, était une immigration du travail s'est transformée en immigration de peuplement avec des besoins qui s'affichent plus volontiers, dont la revendication de lieux de culte. Le temps d'un islam "discret", caché, est révolu, d'autant que Marseille, ville de transit par excellence, est l'une des plaques tournantes du pèlerinage à La Mecque, tant pour les musulmans d'Europe que pour ceux d'Algérie. L'islam est devenu le deuxième culte pratiqué à Marseille. Mais cet islam est aussi diversifié que les populations qui s'en réclament, d'où le grand nombre de lieux de prière (une quarantaine), souvent installés dans des bâtiments improvisés. Certains de ces lieux se trouvent au centre ville ou non loin du centre, notamment à La Capelette où officie "l'iman ouvrier" Dahmani, l'un des pionniers, à la Porte d'Aix ou au boulevard National comme on le voit sur le reportage. Celui-ci choisit sans doute à dessein un lieu qui inquiète puisqu'il est tenu par un iman algérien, lié au FIS et qui est l'un des introducteurs en France du courant salafiste dont sera issue une partie des terroristes islamistes qui vont ensanglanter l'Algérie. On remarquera cependant que Marseille et la région échapperont, pour l'essentiel, aux problèmes posés dans d'autres régions, comme celui du port du voile par les jeunes filles.
En fait, la question d'une Grande mosquée marseillaise, qui n'est pas nouvelle, vient d'être reposée par la municipalité Vigouroux. La peur d'un développement de l'extrémisme parmi des musulmans que l'on risque de laisser à l'influence de prédicateurs radicaux n'y est sans doute pas étrangère. On remarquera que c'est du même moment que date la création de Marseille Espérance (1990-1991), institution modèle qui prône le dialogue interreligieux et qui réunit les principaux dignitaires des diverses religions.
En 1937 déjà, la construction d'une grande mosquée dans la cité phocéenne avait été envisagée. Dans les années cinquante, un premier lieu de culte musulman avait été créé par des travailleurs kabyles à l'Estaque, puis de multiples lieux semblables s'étaient ouverts, mais cela ne répondait pas aux besoins des fidèles. Or les obsèques de Gaston Defferre en 1986, qui avaient associé officiellement l'islam aux autres cultes, lui avaient, en quelque sorte, donné une reconnaissance officielle (voir Obsèques de Gaston Defferre). Le projet lancé par Robert Vigouroux fera long feu. Depuis, très régulièrement il resurgira sous d'autres formes. Comme l'écrira Emile Témime en 2003, "la question de l'édification d'une grande mosquée à Marseille est devenue une sorte de symbole de l'acceptation ou du rejet de l'islam en France". En 1997, le projet a été repris par le grand mufti de Marseille, Soheb Bencheikh, arrivé en 1996 et qui entend fédérer l'islam local. Jean-Claude Gaudin, après une période de prudence, visant à ne pas effrayer son électorat et à ne pas faire le jeu du Front national, s'engagera à son tour, après les élections municipales de 2001, à soutenir la construction d'un "grand centre culturel et cultuel", à l'emplacement des anciens abattoirs de Saint-Louis. En 2009, le projet est en passe d'aboutir.
Bibliographie :
Michel Péraldi, Michel Samson, Gouverner Marseille. Enquête sur les mondes politiques marseillais, Paris, La découverte, 2005.
Abdelmalek Sayad, Jean-Jacques Jordi et Emile Témime dir., Migrance. Histoire des migrations à Marseille, tome 4, Aix-en-Provence, Edisud, 1991.
Transcription
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