Manifestation communiste sur la Canebière [muet]
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Résumé
Les Communistes étaient nombreux à défiler sur la Canebière contre la guerre. Les dockers et les femmes ont également participé en masse pour défendre leurs droits.
Date de diffusion :
10 janv. 1950
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Contexte historique
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Les images sont trompeuses. La manifestation communiste du 10 janvier 1950 est présentée sous un air tranquille. Il fait beau, les manifestants défilent tranquillement en ordre, sous leurs banderoles. Les femmes de l'Union des femmes françaises (UFF) sont présentes en nombre, les mouvements de la jeunesse communiste se disent "tous unis contre la sale guerre", les "gars du bâtiment veulent construire pour la vie et non pour la guerre", d'autres crient "paix au Vietnam", aucune tension n'est perceptible, une manifestation paisible contre la guerre d'Indochine. Les dirigeants que l'on aperçoit, Lucien Molino, le secrétaire général de l'Union départementale CGT, François Billoux, l'un des leaders communistes nationaux et le chef incontesté du PC marseillais, Mireille Dumont, responsable fédérale de l'UFF et parlementaire, paraissent détendus. La seule touche de gravité est donnée par des militants probablement d'origine italienne qui rappellent que la veille, en Italie, à Modène, la police a ouvert le feu sur une manifestation ouvrière en faisant six morts. Pourtant, en dépit des apparences, Marseille est sous tension.
Marseille est depuis la Résistance et la Libération l'un des bastions du Parti communiste. C'est, de loin, la première force politique. Le souvenir des grèves et manifestations très dures, presque insurrectionnelles de novembre 1947 et de la fin 1948, est encore bien présent. Le PCF est encore dans sa phase d'apogée sur le plan local avec près de 27 000 adhérents. La décrue est à peine entamée (32 000 en 1947, mais plus que 15 000 en 1953). Il s'appuie en particulier sur une CGT puissante lancée dans la "bataille du port", une presse bien diffusée dont le fleuron est La Marseillaise, une nébuleuse d'associations. Sur le plan international, on se trouve en pleine "Guerre froide" et les communistes ont engagé la lutte contre l'Alliance atlantique dont le traité a été signé en 1949. Ils mènent campagne contre la guerre d'Indochine où la France s'enlise. C'est sur ces bases qu'une mobilisation nationale a été engagée et préparée depuis plusieurs semaines. Marseille est au centre de cette mobilisation (dont la responsabilité locale a été confiée à Molino) puisque le mot d'ordre est de bloquer Le Pasteur, navire qui assure le transport des troupes vers l'Indochine, pendant 48 heures le 10 janvier. Parallèlement, ont été prévus des débrayages dans les entreprises et une manifestation qui devrait converger vers La Joliette. Le préfet Baylot a interdit tout rassemblement, les forces de l'ordre investissent les gares et dépôts de la SNCF, l'équipage du Pasteur est réquisitionné et le navire est occupé par les gardes mobiles, ce qui n'empêche pas une partie des marins de rechigner à l'appareillage (qui, finalement,aura lieu le lendemain). La police barre les accès au port et empêche le rassemblement des dockers qui ont cessé le travail. C'est alors que le mot d'ordre transmis de bouche à oreille est de se diriger, en ordre dispersé, en se mêlant à la foule, vers La Canebière. Les traminots, pour gêner les mouvements des forces de l'ordre arrêtent trams et trolleys boulevard de La Major et quai de la Joliette. Les autorités sont contournées. Comme on le voit dans le document, il est difficile de distinguer badauds et manifestants. Le regroupement commence vers 16 heures, après une courte allocution aux Réformés, puis le cortège une fois formé descend l'avenue avant de se heurter aux agents cyclistes qui doivent se replier en attendant des renforts. Les manifestants se dispersent peu après 17 heures. Il y a eu six arrestations. C'est un demi succès pour les communistes qui n'ont pu rassembler autant qu'ils le souhaitaient. C'est un épisode des conflits intenses d'une période marquée surtout par la grève des dockers. Celle-ci va commencer le 10 mars suivant et durer quarante jours, à l'issue desquels l'organisation sortira durablement affaiblie.
Bibliographie :
Jean-Claude Lahaxe, Les communistes à Marseille à l'apogée de la Guerre froide 1949-1954, Aix-en-Provence, PUP, coll. "Le temps de l'Histoire", 2006.
Transcription
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