Les réfugiés laotiens à Annot dans les Alpes-de-Haute-Provence
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En 1977, des réfugiés Hmongs laotiens dont le voyage est financé par l'ONU ou la Croix Rouge, ont été accueillis dans plus de 65 centres en France. C'est le cas de 17 familles accueillies dans le village de Annot dans les Alpes-de-Haute-Provence. Ces réfugiés, d'abord accueillis pour des raisons humanitaires, permettent aussi de pallier la dépopulation de ce département. Pris en charge par les autorités publiques dans un premier temps, ils devront ensuite subvenir à leurs besoins et trouver du travail. Ils sont initiés à la langue et aux coutumes d'un pays qu'ils ne connaissent pas. Leur intégration ne se fait pas sans critique.
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ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Publication : 02 févr. 2024
D’octobre 1977 à mai 1978, le village d’Annot dans les Alpes-de-Haute-Provence sert de havre de paix à des réfugiés originaires du Sud-Est asiatique. À partir de la seconde partie des années 1970, la France accueille en effet de nombreux exilés, originaires de l’ancienne colonie française d’Indochine, qui fuient les régimes communistes du Vietnam, du Cambodge et du Laos. Le 23 août 1975, quelques mois après la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges (17 avril) et celle de Saigon par les armées nord-vietnamiennes (30 avril), le mouvement communiste du Pathet Lao sort victorieux de la guerre civile l’opposant depuis 1959 au gouvernement monarchiste, et occupe Vientiane la capitale du royaume laotien. La République populaire Lao est ensuite instaurée, le 2 décembre 1975, après le renversement du roi. Les arrestations et exactions ayant immédiatement suivi ce changement de régime poussent de très nombreux Laotiens à franchir seuls ou en famille et au péril de leur vie le large et puissant fleuve Mékong pour atteindre la Thaïlande.
Ces « boat-people » sont alors recueillis dans des camps où le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) et diverses organisations non gouvernementales (ONG) mettent en œuvre un vaste programme de réinstallation vers différents pays tiers. La France devient, avec 130 000 arrivées entre 1975 et 1989, le second lieu d’accueil de ces réfugiés après les États-Unis. À l’issue d’un court séjour en région parisienne la plupart est disséminée sur l’ensemble du territoire français dans des centres provisoires d’hébergement (CPH), gérés par l’association France Terre d’Asile et des associations locales supposées favoriser l’adaptation à la vie française. Tous les départements de la région Provence Alpes Côte d’Azur accueillent des CPH, à l’instar de Digne, préfecture des Alpes-de-Haute-Provence, dont dépend l’annexe d’Annot. La municipalité, par l’intermédiaire de son premier édile, s’est portée volontaire, auprès des autorités préfectorales, pour accueillir des réfugiés dans une optique de revitalisation. Station climatique dès le XIXe siècle, située sur la ligne de chemin de fer Nice Digne, Annot connaît en effet au siècle suivant une progressive déprise démographique. Les individus envoyés dans cet espace rural montagneux n’ont d’ailleurs pas été choisis au hasard, car les Hmong, minorité d’origine chinoise appartenant depuis deux siècles à la mosaïque ethnique laotienne, vivent dans les régions de haute altitude souvent reculées où ils sont cultivateurs ou éleveurs.
Installés dans un centre de vacances des Éclaireurs de France, ces réfugiés bénéficient d’une allocation quotidienne, dont la majeure partie est directement versée au centre d’accueil pour assurer leur subsistance quotidienne. Ils disposent également d’un petit pécule qu’ils peuvent dépenser localement à leur guise pour améliorer leur quotidien. De jeunes étudiants laotiens, non rentrés au pays après la chute du régime monarchique, ont par ailleurs été embauchés comme « formateurs spécialisés » pour donner aux adultes sept heures de cours d’alphabétisation par jour, alors que deux instituteurs s’occupent de faire la classe aux enfants, qui doivent à terme rejoindre l’école du village. L’arrivée de 78 réfugiés dans un village de moins d’un millier d’âmes provoque des interrogations voire des réticences chez certains habitants, alors que d’autres font preuve de solidarité envers des personnes éprouvées physiquement, désorientées et dépourvues de tout, y compris de vêtements. Des militants d’extrême-gauche dénoncent eux l’exploitation dont peut être victimes cette main-d’œuvre corvéable. D’aucuns aident à déblayer la neige, alors que d’autres sont employés chez certains artisans ou au sein de l’importante biscotterie installée dans le village. À plus long terme les quelques familles qui restent à Annot s’intègrent à la vie locale, alors qu’à l’inverse d’autres quittent les Alpes-de-Haute-Provence, notamment pour aller rejoindre des parents ou connaissances installés ailleurs en France, en Europe ou dans le monde.
Bibliographie
Claude Gilles, De l’enfer à la liberté : Cambodge, Laos, Vietnam, accueil des réfugiés en France. Documents et témoignages, Paris, L’Harmattan, 2000.
Jean-Pierre Hassoun, Hmong du Laos en France : Changement social, initiatives et adaptations. De l’autre côté du monde, Paris, Presses Universitaires de France, 1997.
Karine Meslin, Les réfugiés du Mékong : Cambodgiens, Laotiens et Vietnamiens en France, Bordeaux, Éditions du Détour, 2020.
Transcription
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