Pandémie de coronavirus : le service de réanimation de l'hôpital de la Timone est sous tension
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Résumé
Début septembre 2020, le nombre d'admissions de malades atteintes de formes graves du COVID-19 augmente dans le service de réanimation de l'hôpital de la Timone à Marseille. C'est une nouvelle vague épidémique qui s'annonce faisant craindre à brève échéance une situation comparable à celle survenue au printemps. Selon le chef de ce service, les malades présentent les mêmes symptômes et 30% ont moins de 65 ans. L'AP-HM (Assistance publique Hôpitaux de Marseille) lance une nouvelle campagne de recrutement car le nombre de soignants est nettement insuffisant pour faire face aux besoins en personnel des services.
Date de diffusion :
07 sept. 2020
Date d'évènement :
07 sept. 2002
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ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Publication : 2022
Au début du mois de septembre 2020, le service de réanimation de l’hôpital de la Timone à Marseille est proche de la saturation et dispose de peu de marges de manœuvre. Les opérations reportées sine die au printemps, pour laisser la place aux patients souffrants de formes graves du COVID-19, doivent impérativement être effectuées au cours de l’été pour ne pas voir certains cas s’aggraver. La saison estivale, plus accidentogène dans une région touristique comme le Sud-Est de la France, fait craindre aussi une surcharge d’activité. Par ailleurs, la circulation du coronavirus reprend de l’ampleur sur toute la façade méditerranéenne, avec dès la mi-août dans les Bouches-du-Rhône un taux d’incidence élevé de 58 cas positifs pour 100 000 habitants, c’est-à-dire au-dessus du seuil d’alerte fixé à 50. Quelques semaines plus tard le traitement des patients les plus atteints fait bondir la courbe des admissions en réanimation à la Timone ou à l’Hôpital Nord. Cette situation est d’une part la conséquence d’un brassage de population lié à une fréquentation exceptionnelle de la cité phocéenne et de ses environs par la clientèle touristique française, souhaitant quasi-exclusivement passer ses vacances d’été en France. Cette situation résulte d’autre part d’un inévitable relâchement des gestes barrières, notamment chez les jeunes, désireux de renouer, aux beaux jours, avec une sociabilité festive. Il en découle une hausse sensible des contaminations au sein de cette frange de la population, avec à la fois un risque pour les intéressés eux-mêmes et de transmission à des personnes vulnérables de leur entourage. L’âge moyen des individus ayant développé une forme grave de la maladie, avec atteinte pulmonaire sévère, a diminué par rapport à la première vague. Trois patients sur dix hospitalisés en réanimation à la Timone, à la suite d’une contamination par le coronavirus, ont moins de 65 ans. Les médecins rappellent donc que personne ne doit se sentir à l’abri de cette maladie, d’autant que de graves séquelles peuvent perdurer même en cas de guérison. Le préfet des Bouches-du-Rhône rétablit, à partir du 8 août, le port obligatoire du masque dans trois zones à forte affluence, dont le Vieux-Port. Puis une semaine plus tard le département est classé en « zone de circulation active du virus », avec possibilité d’aller jusqu’au confinement local. L’objectif est de marquer les esprits, avec l’espoir que le choc psychologique provoqué permette in fine de faire baisser les indicateurs.
La situation est d’autant plus tendue qu’un manque chronique de personnel se fait sentir, entraînant des fermetures de lits. Des soignants ont certes profité de la saison estivale pour prendre des congés bien mérités, mais le mal est beaucoup plus profond. Depuis plusieurs années, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) connaît, comme l’ensemble de l’hôpital public, une profonde crise, que l’épidémie de COVID-19 n’a fait que rendre encore plus visible et aggraver. L’existence, durant de longues années, d’un drastique numerus clausus à l’entrée des études en médecine n’a pas permis de former suffisamment de professionnels de santé. Les anesthésistes réanimateurs sont d’ailleurs parmi les spécialités les plus déficitaires. Malgré le récent assouplissement du numerus clausus il faut de nombreuses années pour que davantage de praticiens soient formés. En situation de pénurie, les jeunes médecins ont le choix de leur lieu d’exercice, et les conditions de travail ou de rémunération à l’hôpital leur apparaissent souvent moins favorables que dans le secteur privé. Depuis longtemps des médecins étrangers, employés à de moindres conditions salariales, viennent combler le déficit. Il est fait référence dans le reportage à la nécessaire « coordination entre les unités hospitalières » pour faire face à la situation. À l’autre bout de la chaîne, les infirmières et les aides-soignantes, applaudies durant le confinement, ont été épuisées, physiquement et psychologiquement par ce qu’elles ont enduré lors de la première vague, et certaines ont quitté temporairement ou définitivement l’hôpital. À Marseille, comme ailleurs en France, une campagne de recrutement a certes été lancée, dans l’urgence, pour tenter de les remplacer, mais les premiers résultats semblent bien incertains.
Bibliographie
- Sophie Chauveau, « Quelle histoire de l’hôpital aux XXe et XXIe siècles ? », Les Tribunes de la santé, vol. 33, n° 4, 2011, p. 81-89 (https://www.cairn.info/revue-les-tribunes-de-la-sante1-2011-4-page-81.htm)
- Patrick Mordelet, Gouvernance de l’hôpital et crise des systèmes de santé, Paris, EHESP, 2006.
Transcription
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