Le discours de Toulon du président de la République : réformer le capitalisme
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Devant un public sélectionné de 4 000 représentants des intérêts économiques de la région réunis à Toulon au Zénith-Oméga, Nicolas Sarkozy, accompagné de nombreux ministres, a prononcé un grand discours de politique économique. Le reportage en livre divers extraits où l'orateur insiste sur les conséquences de la crise qui vient de se déclencher. Il faut refonder le capitalisme, trouver un nouvel équilibre entre l'État et le marché, abandonner le laisser-faire. Les militants interrogés sont convaincus.
Date de diffusion :
26 sept. 2008
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C'est curieusement à Toulon que le président de la République vient prononcer un grand discours économique destiné à marquer les esprits, alors que le monde est plongé dans la plus grande crise financière qu'il ait connue depuis celle de 1929 et que la récession menace. Toulon est une ville populaire, mais ce n'est pourtant pas l'un des lieux les plus symboliques du tissu économique du pays ou de sa composition sociale. Il est vrai que c'est une ville « amie », dirigée par Hubert Falco, secrétaire d'État à l'Aménagement du Territoire, dans une région qui a été très favorable à Nicolas Sarkoy lors de l'élection présidentielle de 2007.
La crise financière, dite des subprimes a démarré aux États-Unis entre la fin 2006 et l'été 2007. Elle s'est étendue dans le monde, mettant en difficulté une grande partie du système bancaire international et obligeant certains États parmi les plus libéraux – États-Unis, Royaume-Uni – à nationaliser des établissements financiers trop lourdement endettés. C'est parce que le gouvernement Bush se refuse à intervenir pour aider l'un d'entre eux – Lehmann Brothers, mis en faillite le 15 septembre – que la crise va prendre un nouveau tour, celui du krach boursier, à partir du 6 octobre suivant.
C'est donc dans ce contexte angoissant que se situe le discours de Toulon. Il se veut fort et rassurant (« il faut vaincre la peur »). Sa préparation, comme sa mise en scène, ont été soignées. Le président de la République est accompagné de dix ministres, dont les principaux, le Premier ministre, la ministre des Finances et celle du Logement et de la Ville, les ministres de l'Écologie, du Travail et du Budget. Le parterre est composé de 4 000 invités choisis parmi les chefs d'entreprises et les représentants des milieux socio-professionnels de la région, plutôt favorables à l'UMP.
Le discours bénéficie d'une excellente couverture médiatique. Comme dans ce reportage, les médias se contentent de citer les extraits du discours les plus spectaculaires (et conçus pour frapper les esprits). Condamnant le « laisser-faire » qui a conduit à la crise et « l'idée de ta toute puissance du marché », le président de la République ne se propose pas moins que de « refonder le capitalisme » et « remettre à plat tout le système financier et monétaire mondial ». Renouant avec une veine gaullienne, il fait l'éloge de l'intervention de l'État et de la régulation des marchés, il menace les patrons trop gourmands, promet de sanctionner « au moins financièrement » les responsables, il entend réglementer les banques et contrôler les agences de notation, il promet de « mettre un terme au désordre des monnaies ». À la veille de la présentation du budget 2009-2010, il s'engage à ne pas augmenter les impôts, mais réaffirme son soutien à la fiscalité « verte » chère à Jean-Louis Borloo, refuse une politique d'austérité et préconise la relance, il repousse la résorption du déficit à 2012 (année de la prochaine élection présidentielle). Il entend aussi accélérer les réformes, celle de l'État, des collectivités locales et de la taxe professionnelle. Il prend « l'engagement solennel que toutes les conclusions du Grenelle de l'environnement seront mises en œuvre » et que le RSA sera préservé. Il annonce aussi la suppression de 30 600 emplois publics. On remarquera que le reportage a sélectionné des passages tirés de la première partie du discours, la partie martiale et critique vis-à-vis du libéralisme débridé. Il fait l'impasse sur la suite.
Le Figaro, quotidien favorable à l'UMP, considère le lendemain que le quinquennat présidentiel est entré dans une nouvelle phase, tandis que l'hebdomadaire L'Express s'interroge le 30 septembre sur « le tournant de Toulon ». Comme le dit Laurent Wauquiez, secrétaire d'État à l'Emploi, à l'AFP, Nicolas Sarkozy a voulu donner « l'image d'un capitaine courageux tenant fermement le gouvernail ».
Nicolas Sarkozy reviendra dans la région toulonnaise, cette fois-ci à La Seyne, le 1er décembre 2009, officiellement pour dresser le bilan de son plan de relance économique et réaffirmer la poursuite de la politique gouvernementale. Devant un parterre toujours constitué en grande partie de chefs d'entreprises, il dira qu'il « n'a pas fait d'erreur », que « la France s'en sort mieux que les autres » et qu'elle « aura la plus petite récession des pays européens » . Il reviendra sur ses promesses du discours de Toulon - « Je vous ai promis de tout faire pour réformer ce capitalisme financier qui nous avait conduits au désastre » - en affirmant qu'« il y a quatorze mois, je vous ai dit : au milieu des difficultés nous devons précéder la marche du monde et non la suivre. C'est ce que nous faisons ensemble depuis quatorze mois. »
Cette nouvelle intervention varoise se situait deux jours après le lancement officiel de la campagne de l'UMP pour les élections régionales, campagne qui se fixait pour objectif de tenter de reprendre une, deux voire trois régions à la gauche, dont Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Transcription
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