Le retour de la F1 sur le circuit du Castellet

Construit dans l’arrière-pays varois sur ses fonds propres par l’industriel Paul Ricard (1909-1997), père d’un célèbre apéritif anisé, et inauguré en 1970, le circuit du Castellet accueille jusqu’en 1990 quatorze Grand Prix de France de Formule 1. Puis cette compétition automobile migre sur le circuit de Magny-Cours dans la Nièvre, terre d’élection du président François Mitterrand et de son ministre et Premier ministre Pierre Bérégovoy. Racheté en 1999 à la famille de Paul Ricard par le britannique Bernie Ecclestone, grand argentier de la Formule 1, le circuit du Castellet est de son côté modernisé et devient un lieu d’essais privés pour plusieurs écuries automobiles. Mais durant de longues années l’insuffisante implication des acteurs politiques et économiques et certains revirements oblitèrent fortement les chances de revoir dans le Var un Grand Prix de France de Formule 1, dont la dernière édition s’est courue à Magny-Cours en 2008.

Le 5 décembre 2016 dans le prestigieux cadre du siège de l’Automobile Club de France (ACF), place de la Concorde à Paris, Christian Estrosi, Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et ancien champion de moto, annonce pourtant officiellement le retour du Grand Prix de France de Formule 1 sur le circuit Paul Ricard pour un minimum de cinq années. Deux mois plus tôt, il a rencontré à Genève Bernie Ecclestone en sa qualité de président de Formula One Management (FMO) qui exploite les droits commerciaux de ce sport pour le convaincre de redonner sa chance à la France malgré les projets précédents avortés. En vue de l’organisation de ce Grand Prix est formé un groupement d’intérêt public (GIP) rassemblant neufs collectivités territoriales (région, départements et agglomérations) ou chambres de commerce.

Après vingt-huit longues années d’attente, le circuit Paul Ricard accueille donc, le dimanche 24 juin 2018, 66 500 spectateurs, dont 40 % viennent de la région, 30 % du reste de la France et 30 % de l’étranger. En prenant en compte les essais, un total cumulé de 160 000 personnes assistent aux réjouissances sur trois jours. Certains spectateurs mettent plus de cinq heures pour parcourir les vingt derniers kilomètres permettant d’accéder au circuit du Castellet. Âprement négociée par les organisateurs, la date choisie pour le Grand Prix de France, à l’orée de l’été, permet à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur d’anticiper la haute saison du point de vue de l’attractivité touristique. Les tifosi de Ferrari et autres fans de courses automobiles sont d’autant plus attirés dans l’arrière-pays varois qu’il s'agit du premier Grand Prix en Europe de la saison. Après avoir assisté à la victoire du britannique Lewis Hamilton sur Mercedes les spectateurs peuvent en outre profiter gratuitement en clôture de la journée d’un concert de David Guetta.

Le budget de l’ordre de trente millions d’euros est très conséquent, mais les organisateurs espèrent des retombées plusieurs fois supérieures à leur investissement initial, ainsi que le création de cinq cents emplois durables en plus des quelques milliers créés temporairement dans le mois précédent l’événement. Cette compétition automobile, suivie par des millions de téléspectateurs à travers le monde, doit aussi contribuer à renforcer, à plus long terme, l’attractivité économique et touristique de la région, en lui conférant une image sportive. La constitution d’un pôle d’excellence et d’innovation autour de l’automobile est aussi annoncée. L’objectif est enfin de prouver, une nouvelle fois, que la région est capable d’organiser de grands événements sportifs ou culturels d’envergure internationale. 

Bibliographie

• Daniel Ortelli, Circuit Paul Ricard. Les seigneurs de la F1, Nice,  Éditions Gilletta, 2018.