Des réfugiés arrivent à Marseille après le démantèlement de la "jungle de Calais"
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Résumé
Deux jours après le début du démantèlement des camps de migrants et de réfugiés appelés "jungle de Calais", 90 personnes sont arrivées dans la région Sud. À Marseille, 30 de ces réfugiés sont accueillis dans un centre d'hébergement et d'aide à l'insertion dans le 13ème arrondissement. Ils sont assistés dans leurs démarches administratives et dans la prise en charge de leurs problèmes de santé.
Date de diffusion :
25 oct. 2016
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
En 1999 ouvre à Sangatte dans le Pas-de-Calais un centre géré par la Croix-Rouge pour l’accueil de migrants s’étant regroupés depuis quelques années à proximité du port de Calais et de l’entrée du tunnel sous la Manche dans l’espoir de se rendre en Grande-Bretagne. En 2002, le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, ordonne la fermeture du centre qui, prévu pour huit cents personnes, en héberge bien davantage. Ceci engendre à Sangatte, Calais et d’autres communes alentours l’édification de camps de fortune régulièrement démantelés par les autorités devant les caméras pour montrer que force reste à la loi. Le terme « jungle », devenu péjoratif, est une déformation du persan jangal signifiant forêt utilisé par les migrants afghans pour désigner les bois où ils se sont installés de façon précaire. En 2015, dans un contexte de « crise migratoire », le nombre de migrants africains, afghans ou syriens ne cesse d’augmenter. Face à cette situation le gouvernement souhaite, à l’automne 2015 désengorger la jungle de Calais. Il s’appuie sur certaines localités françaises ayant adhéré au dispositif « Ville solidaire pour l’accueil des réfugiés » après que la photo du petit syrien Alan Kurdi, mort par noyade et gisant sur une plage de Bodrum en Turquie, ait suscité une vive émotion et réveillé les consciences. En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Briançon, sous-préfecture des Hautes-Alpes de 12 000, habitants voit par exemple l’arrivée, à partir de novembre 2015, d’une vingtaine de réfugiés venus de la jungle de Calais pour occuper un des nouveaux centres d’accueil et d’orientation (CAO). Un autre CAO voit le jour dans les Bouches-du-Rhône à Istres sous la responsabilité de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), qui élargit ainsi ses missions. Il reçoit dès octobre 2015 une quarantaine de Soudanais, puis de nouveaux réfugiés arrivent en janvier et mars 2016. A cette dernière date le démantèlement de la zone Sud de la « jungle » de Calais est en effet en cours.
Entre 7 000 et 10 000 réfugiés s’entassent cependant toujours, à l’été 2016, sous des tentes dans la lande de Calais. Le ministre de l’Intérieur socialiste Bernard Cazeneuve exprime alors sa volonté de procéder, le plus rapidement possible, à son démantèlement définitif. Lors d’un déplacement à Calais le 7 septembre il déclare « il faudra que sur les territoires de France chacun accepte de prendre un peu de sa part pour que le drame humanitaire à Calais s’arrête ». Les préfets sont alors chargés d’identifier les lieux susceptibles d’accueillir de nouveaux COA. Un plan précis est donc établi et concerne toutes les régions métropolitaines, à l’exception de l’Ile-de-France et de la Corse, selon une répartition proportionnelle à la population. Une note confidentielle divulguée dans la presse indique que le nombre de places disponibles en Provence-Alpes-Côte d’Azur passerait de 226 à 1175, soit une multiplication par cinq. Les élus de la région, souvent dans l’opposition au gouvernement socialiste, dénoncent un manque de concertation et manifestent leur opposition à ces implantations.
Toujours est-il que le 25 octobre 2016 partent de Calais plusieurs dizaines de bus, dont trois à destination de Port-de-Bouc, Istres et Marseille dans les Bouches-du-Rhône. Au sein de la cité phocéenne, une trentaine d’hommes d’une vingtaine d’années originaires du Soudan, du Pakistan ou de l’Afghanistan sont accueillis, après de longues heures de trajet, au sein du CAO Vento Mai dans le XIIIe arrondissement, qui a vu le jour en mai 2016. Devant être pris en charge durant quelques mois par l’association Service d’accueil et de reclassement des adultes (Sara), ils auront un peu de temps pour reprendre leurs esprits et tenter d’atténuer les blessures physiques et psychologiques contractées au cours de leur parcours, y compris durant les longs mois voire davantage passés au sein du bidonville de Calais. Ils bénéficient d’un accompagnement dans la constitution de leur dossier de demande d’asile pour ceux qui ne l’ont pas encore entreprise. Les migrants doivent ensuite être dirigés durant le laps de temps d’examen de leur demande vers des centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), qui peuvent prendre la forme d’un foyer ou d’appartements. L’association Sara gère d’ailleurs un CADA non loin de la gare Saint-Charles parmi la petite dizaine dispersée dans Marseille. Tous les migrants n’acceptent cependant pas de demeurer dans les CAO, et quelques jours seulement après cette arrivée, certains ont déjà repris la direction de la région parisienne.
Du 25 au 28 octobre, un demi-millier de réfugiés sont répartis dans les dix-neuf CAO de la région y compris dans l’arrière-pays. À Champtercier près de Digne, l’ancien village de vacances de Chandourène a par exemple retrouvé de l’activité pour accueillir quarante personnes, alors que dans les Hautes-Alpes des mineurs isolés syriens et soudanais sont hébergés dans un ancien camp de vacances de la Banque de France à Chauveton sur la commune d’Embrun. Malgré une instrumentalisation de leur arrivée, notamment par des responsables locaux et départementaux du Front national, sont également accueillis dans la partie désaffectée d’un hôpital psychiatrique de Pierrefeu-du-Var, à une trentaine de kilomètre de Toulon, huit adultes et six enfants principalement originaires d’Afghanistan. Ces différents lieux d’accueil, entre littoral et arrière-pays, perpétuent une tradition ancienne d’une région refuge.
Bibliographie
- Michel Agier (dir.), Un monde de camps, Paris, Éditions de La Découverte, 2014
- Michel Agier (dir.), La jungle de Calais. Les migrants, la frontière et le camp, Paris, PUF, 2018.
- Nicolas Fischer, Camille Hamidi. Les politiques migratoires, Paris, La Découverte, 2016
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Noémie Dahan
La démolition des cabanes et des tentes a débuté au deuxième jour du démantèlement de la "jungle de Calais". Des équipes ont commencé à débarrasser déchets et abris de fortune.L’opération va durer plusieurs jours.En attendant, 90 migrants sont arrivés dans la région comme à Marseille où 30 personnes ont été accueillies dans le 13ème arrondissement.Robert Papin et Mariella Coste.
Journaliste
Tout juste débarqués de Calais, ils découvrent leur nouveau lieu de vie, un lieu où ils pourront enfin se poser quelque temps.
Interviewé 1
I am happy, good Marsillia, no problem.
Journaliste
Mohamed est très heureux d’être accueilli à Marseille.Ce Soudanais a passé plusieurs mois dans le bidonville de Calais.Il a quitté son pays il y a deux ans pour fuir la guerre au Darfour.Dans ce centre d’hébergement et d’aide à l’insertion, 15 studios ont été réservés à ces 30 réfugiés du Soudan, du Pakistan et de l’Afghanistan.
Interviewé 2
Chaque studio est équipé pour deux personnes avec deux lits, deux frigos, coin cuisine.
Journaliste
28 m², un endroit bien à eux pour qu’ils vivent décemment et dans de bonnes conditions.Certains ont des problèmes de santé.Ici, ils pourront bénéficier de soins après un bilan sanitaire.
(Bruit)
Journaliste
Sabi se plaint de maux de tête constants.Lui aussi a passé plusieurs mois à Calais.Cela fait plus de 3 ans qu’il a fui les persécutions des talibans en Afghanistan.Il souhaite demander le droit d’asile pour rester en France.
(Bruit)
Journaliste
Dans un premier temps, il s’agira pour les personnes chargées de les encadrer, d’identifier et de préciser leur situation administrative.Ces réfugiés sont ici au moins pour 3 ou 4 mois.
(Bruit)
Sylvain Rastoin
Trois fois par semaine dans la structure, des cours de français seront organisés et puis tout un tas d’autres activités que nous développons et qui sont nécessaires, par exemple, des ateliers cuisine.
Journaliste
Dans quelques mois, la plupart devraient être orientés dans des centres d’accueil de demandeurs d’asile, certains l’obtiendront, d’autres pas, leur avenir est toujours incertain.
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