Élections municipales à Marseille : la victoire de Michèle Rubirola, candidate du Printemps marseillais
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Le 4 juillet 2020 dans l'après-midi, le maire sortant Jean-Claude Gaudin remet l'écharpe de maire à Michèle Rubirola, la candidate du Printemps marseillais qui fait basculer la ville à gauche après 25 ans de gestion de droite. Elle est la première femme et la première écologiste à accéder à cette fonction. Pour aboutir à son élection, le rassemblement des forces de gauche a cependant été laborieux. Après de longues heures de tractation, la sénatrice ex-PS Samia Ghali a finalement permis à cette médecin de 63 ans d'accéder au fauteuil d'édile de la ville avec la majorité absolue, privant la droite et ses divers meneurs de l'héritage qu'ils convoitaient.
Date de diffusion :
04 juil. 2020
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ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Publication : 2022
Le 4 juillet 2020, la conseillère départementale écologiste et médecin de profession, Michèle Rubirola, 63 ans, est la première femme à être élue maire de Marseille au terme d’un processus électoral chaotique. Tout commence le 15 mars, lorsque l’union de la gauche, qu’elle conduit, crée la surprise dans la cité phocéenne en totalisant 23,4% des voix au soir du premier tour des élections municipales. Composé de membres de la France insoumise, de socialistes, de communistes, d’écologistes, de radicaux de gauche et de forces issues de la société civile, ce « Printemps marseillais » devance la liste de droite conduite par Martine Vassal (22,3%), affaiblie par la désunion à droite. Cette dernière, présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille Provence, a pour ambition de succéder à Jean-Claude Gaudin, maire depuis 1995, appartenant comme elle au parti de droite Les Républicains. La fin du mandat de cet édile de plus de 80 ans, élu au conseil municipal pour la première fois en 1965, est marquée par plusieurs scandales. L’état des écoles publiques défraye la chronique, mais c’est surtout le tragique effondrement, en novembre 2018, de deux immeubles vétustes rue d’Aubagne, dans le quartier populaire de Noailles en plein cœur du centre-ville de Marseille, qui suscite la plus vive émotion. La responsabilité de la ville est engagée dans ce drame. Le Printemps marseillais est issu des collectifs citoyens qui se forment pour aider les sinistrés et imaginer les moyens de réparer Marseille sans en exclure les habitants. Dans une ville longtemps dirigée par la gauche, notamment sous les mandats de Gaston Defferre (1953-1986) et Robert Vigouroux (1989-1995), voit le jour, le 29 juin 2019, un manifeste pour une Marseille vivante et populaire. Le candidat d’extrême-droite, Stéphane Ravier, sénateur et maire du 7e secteur, ne totalise, pour le Rassemblement national, que 19,4% des suffrages, bien en deçà de ses espérances. Il dénonce une abstention massive, deux tiers des électeurs ne se sont pas déplacés, et un « coronavirus qui sort vainqueur ».
Le scrutin s’est en effet déroulé dans un climat anxiogène lié à la propagation de l’épidémie de COVID-19. Tout en annonçant pour le 17 mars le début d’un confinement national, le président de la République, Emmanuel Macron, a décidé, après consultation des principales forces politiques du pays, de maintenir le premier tour des élections municipales. Le gouvernement assurant que les bureaux de vote seraient aménagés pour garantir un maximum de sécurité sanitaire, avec par exemple la présence de points d’eau pour se laver les mains ou l’existence d’un marquage au sol afin de réduire la promiscuité entre les électeurs. Initialement prévu le 22 mars, le second tour est reporté à une date ultérieure, qui ne pourra cependant, pour des raisons constitutionnelles, dépasser la fin du mois de juin, sous peine de devoir recommencer la totalité du processus électoral.
Ce second tour a finalement lieu le 28 juin et confirme l’arrivée en tête du Printemps marseillais (38,28%) face à la liste conduite par Martine Vassal (30,75%). Cette dernière est personnellement battue dans le 4e secteur (6e et 8e arrondissements) du sud de la ville pourtant traditionnellement acquis à la droite. Malgré plus de 13 000 voix d’avance dans les urnes, l’union de la gauche n’a toutefois obtenu, avec 42 sièges, qu’une victoire relative, puisqu’il en faut 51 sur 101 pour s’asseoir dans le fauteuil de maire. À Marseille, comme à Paris et Lyon, l’élection se joue en effet par secteurs, regroupant deux arrondissements. Le Printemps marseillais l’emporte dans quatre secteurs et la droite dans trois, totalisant 39 sièges. Le Rassemblement national, arrivé en tête dans aucun secteur, détient 9 sièges, mais personne ne souhaite faire alliance avec lui. La clef du scrutin est donc détenue par la sénatrice ex-socialiste, Samia Ghali, arrivée en tête dans le secteur regroupant les quartiers nord (15e et 16e) et disposant de 8 sièges.
Engagées dès le lendemain du second tour, les tractations n’aboutissent pas avant le jour fatidique de l’élection du maire le samedi 4 juillet. Après le départ de l’hémicycle des élus du Rassemblement national, Michèle Rubirola obtient 42 voix au premier tour de scrutin, Guy Tessier, qui a remplacé Martine Vassal pour faire le plein des voix dissidentes à droite, récolte 41 suffrages et Samia Ghali est soutenue par 8 conseillers municipaux. Cette dernière annonce ensuite, au terme d’une suspension de séance de plusieurs heures, qu’elle retire finalement sa candidature pour le second tour et soutient Michèle Rubirola. L’écologiste met fin à 25 ans de gestion de la ville par la droite, et les partisans du Printemps marseillais, attendant le dénouement à l’extérieur de la mairie, exultent puis réservent un accueil enthousiaste à leur nouvelle édile, accompagnée du premier adjoint socialiste Benoît Payan.
Bibliographie
- Michel Peraldi et Michel Samson, Marseille en résistances. Fin de règnes et luttes urbaines, Paris, La Découverte, 2020.
- Philippe Pujol, La chute du monstre. Marseille année zéro, Paris, Seuil, 2019.
Transcription
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