Les frondes marseillaises et l'épidémie de COVID-19
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Résumé
Depuis mars 2020 la ville de Marseille entretient des rapports compliqués avec les autorités gouvernementales et sanitaires en charge de la gestion de la crise liée à l'épidémie de coronavirus. Le sentiment d'être méprisé est largement partagé au sein des élites marseillaises. Au printemps, les affirmations sur l'efficacité de la chloroquine contre ce virus par le Professeur Didier Raoult sont contredites par les autorités médicales. En septembre, les milieux politiques et économiques marseillais s'opposent à la décision gouvernementale de fermeture pour raison sanitaire des bars et restaurants qu'ils estiment arbitraire et prise sans concertation. Retour en images sur ces frondes successives.
Date de diffusion :
15 oct. 2020
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ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Publication : 2022
Le 15 octobre 2020, le ministre de la Santé, Olivier Véran, est invité sur France 2 pour échanger avec la nouvelle maire de Marseille Michèle Rubirola, médecin de profession. À cette occasion un reportage retrace huit mois de relations, parfois singulières, entre le COVID-19 et la cité phocéenne, en mettant en exergue la figure, devenue médiatique, du professeur Didier Raoult. Il est spécialiste en maladies infectieuses et directeur, depuis sa création à Marseille en 2018, de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) « Méditerranée infection » attenant à l’hôpital de la Timone. Cette histoire est aussi, en filigrane, celle des incompréhensions et des oppositions entre le centralisme parisien et la périphérie. La crise sanitaire a en effet révélé la difficulté de l’État à consulter et faire confiance aux élus et plus largement aux acteurs locaux.
En mars 2020, Didier Raoult suscite l’espoir en annonçant l’efficacité d’un traitement associant l’hydroxychloroquine, un dérivé d’un antipaludéen la chloroquine, et l’azithromycine, un antibiotique, pour soigner les malades atteints par le coronavirus. De longues queues se forment alors devant son institut et une véritable « Raoultmania » s’empare de la ville. Il reçoit, le 9 avril, la visite inopinée du président de la République Emmanuel Macron. La méthodologie de son étude est toutefois mise en doute par certains de ses confrères, et, en mai, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) suspend les essais sur cette molécule. Didier Raoult, qui s’exprime fréquemment dans les médias traditionnels et par le biais d’une chaîne Youtube, ne perd pas une occasion de dénigrer le conseil scientifique parisien, chargé de conseiller le gouvernement, dans lequel il a renoncé à siéger.
Au cours de l’été, Marseille connaît une dégradation de la situation sanitaire résultant d’une part d’un relâchement des gestes barrières, observé dans tout le pays, et d’autre part de l’afflux sur les bords de la Méditerranée de touristes français, désireux de passer leurs vacances dans leur pays. Dès août, la ville est stigmatisée comme le mauvais élève de la lutte contre la reprise épidémique, alors que la situation à Paris est au moins aussi dégradée. À la fin du mois suivant, elle est placée, avec Aix-en-Provence, en « zone d’alerte maximale ». La conséquence est la fermeture pour quinze jours de ses bars et restaurants, annoncée par le ministre de la Santé, le 23 septembre, sans concertation préalable avec les élus locaux. Le premier adjoint socialiste, Benoît Payan, dénonce, lors d’une conférence de presse, un « affront » fait à Marseille, que l’on montre du doigt pour des besoins de communication ministérielle, et d’affichage de la lutte contre le coronavirus. Le professeur Didier Raoult accuse lui l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) d’avoir lancé des « messages alarmistes » ne reflétant pas la réalité de la situation épidémique. Le nombre de cas positifs s’est en effet stabilisé le 6 septembre et décroît depuis lors. La semaine du 20 septembre, le taux de reproduction du virus (ou R0) est passé en dessous de 1, c’est-à-dire qu’un malade contamine en moyenne moins d’une personne.
Ce sentiment d’injustice, face au mépris exprimé à l’égard de la deuxième ville de France, est largement partagé au sein des milieux politiques et économiques marseillais, au-delà des appartenances partisanes. Renaud Muselier, président Les Républicains de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et médecin de formation, évoque une décision « unilatérale » sous forme de « punition collective » fortement préjudiciable à l’économie locale. Le 25 septembre ce dernier est, comme d’autres, aux côtés de centaines de professionnels du secteur des bars et de la restauration, qui manifestent à Marseille pour exprimer leur colère contre ce qu’ils considèrent comme un « reconfinement économique ». Le préfet des Bouches-du-Rhône autorise toutefois, dès le 5 octobre, la réouverture des restaurants fermés le 28 septembre, mettant rapidement fin à une mesure dictée davantage par des considérations politiques que par des arguments scientifiques. L’élue socialiste des quartiers nord de Marseille et seconde adjointe, Samia Ghali, propose, dans une forme de provocation, l’instauration d’un conseil scientifique local « pour ne plus se faire imposer des choses d’en haut ». Une dizaine de jours plus tard, le 14 octobre, Emmanuel Macron annonce, après consultation des élus locaux, la mise en place d’un couvre-feu, entre 21 heures et 6 heures du matin, en Ile-de-France et dans huit autres métropoles du pays, dont Aix-Marseille Provence. Cette mesure ne permet pas de réduire suffisamment la circulation du coronavirus et d’éviter un second confinement national de la population française, qui a lieu du 30 octobre au 15 décembre 2020.
Bibliographie
- Michel Peraldi et Michel Samson, Marseille en résistances. Fin de règnes et luttes urbaines, Paris, La Découverte, 2020.
- Patrick Zylberman, Oublier Wuhan. Essais sur l’histoire contemporaine des crises sanitaires, Paris, La fabrique, 2021.
Transcription
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