Le général de Gaulle s'adresse à Marseille et à l'Outre-Mer
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Le Général de Gaulle se rend à Marseille au lendemain du référendum sur la Constitution. Depuis la place de la préfecture, il s'adresse d'abord à l'Outre-Mer - destinée à intégrer la Communauté française - puis aux Marseillais.
Date de diffusion :
29 sept. 1958
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Contexte historique
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Le général de Gaulle, revenu au pouvoir en mai 1958, conforté par la majorité qu'il vient d'obtenir au référendum du 28 septembre sur la réforme des institutions, est à Marseille avec l'intention d'utiliser la tribune que lui offre le port de l'Empire colonial pour s'adresser à l'Outre-Mer. Il parle devant la foule rassemblée sur la place de la préfecture, sous un dais tricolore, entouré des personnalités civiles et militaires. Gaston Defferre, maire de Marseille, est derrière lui, dominé par la haute stature d'Olivier Guichard, alors membre du cabinet du général.
Le général de Gaulle n'est plus revenu à Marseille depuis l'époque du RPF - mais ce n'est pas cet épisode conflictuel qu'il évoque dans une ville où il est associé à une opposition violente entre gauche et droite -, c'est sa venue, en tant que chef du Gouvernement provisoire et de la France Libre, le 15 septembre 1944, aux lendemains des combats de la Libération. Il s'adresse à la foule à l'endroit même où il avait pris la parole alors, mais son ton de l'époque était moins enjoué. Il s'agissait de mettre au pli l'une des "républiques rouges" du Midi qui inquiétait le pouvoir central. De Gaulle, homme du Nord, avait magnifié le rôle de Marseille, mais on le sentait très réservé vis-à-vis de la ville méditerranéenne, de son peuple et de ses élans. En 1958, le contexte est tout autre. Après les remous provoqués par sa prise de pouvoir, la situation se stabilise et la nouvelle Constitution va être mise en place. De Gaulle entend profiter de Marseille pour s'adresser à l'Afrique qui, dans son ensemble (mis à part la Guinée), va entrer dans la Communauté Française. La présence, à sa droite, de Félix Houphouët-Boigny, ministre d'État, futur président de la République de Côte d'ivoire, est significative. Le Général s'adresse aussi à l'Algérie, où il est allé à plusieurs reprises dans les derniers mois. Il confirme l'ouverture faite aux populations locales. Le sens du discours, avec la référence à la devise républicaine, est sans ambiguïté. Mais, dans la continuité de son attitude depuis sa prise de pouvoir, il joue sur les mots et les gestes. Les bras levés, qui renvoient à la France victorieuse de 1944-1945, peuvent être interprétés de façon diverse, et il n'est pas sûr que ses partisans marseillais, à l'instar des chefs de file de la droite locale, n'y voient pas l'assurance qu'il est prêt à la lutte jusqu'au bout contre le FLN (qui vient de se manifester en sabotant le dépôt de carburant de Mourepiane). En fait, de Gaulle ménage l'opinion et recherche l'adhésion la plus grande.
En même temps qu'il s'adresse aux populations d'Outre-Mer, de Gaulle veut aussi séduire le grand port où il sait que ses partisans sont en position de faiblesse, puisque la gauche y est majoritaire, avec un PCF électoralement dominant, un maire socialiste, Gaston Defferre, qui, même s'il s'est rallié à lui, a voté contre son investiture le 1er juin et une droite peu gaulliste, qui le soutient dans l'espoir qu'il permettra à la France de conserver l'Algérie. Il flatte l'ego marseillais. Marseille devient une "ville splendide" dont il loue le courage, les efforts et les transformations dans la Reconstruction. Il martèle le nom de Marseillaise pour souligner le rôle de Marseille dans l'adoption de l'hymne national. Il assigne à la ville une place de choix "en tête du grand mouvement français". Il évoque les souvenirs glorieux de la Libération et les épreuves traversées.
Gaston Defferre n'est certainement pas insensible à ces propos, lui qui dirigeait Marseille en septembre 1944, qui avait accueilli le Général alors, et qui, en tant qu'ancien ministre des Colonies, avait été l'initiateur d'une loi-cadre qui préfigurait la Communauté gaullienne. Après avoir manifesté son hostilité à la façon dont le Général avait pris le pouvoir et avoir appelé à la vigilance républicaine, il s'était finalement rallié au "Oui" au référendum du 5 septembre. Ce changement de position, critiqué par les communistes et une partie de ses amis, qui vont fonder le Parti socialiste autonome (PSA, futur PSU), aurait été motivé par l'assurance que de Gaulle était décidé à mettre un terme à la guerre d'Algérie et à tenir compte du mouvement des peuples. Sans doute sentait-il que la population dans son ensemble était sensible au discours gaullien. Le "Oui" avait finalement obtenu 60,3 % des voix dans les Bouches-du-Rhône et les 22,5 % du "Non" indiquaient une perte d'influence communiste. Les élections législatives de novembre confirmeront la poussée gaulliste : les indépendants (la droite classique) et les gaullistes de l'UNR obtiendront six élus, le PCF, tombé à moins de 20 % des suffrages, n'en gardera que deux et, si la SFIO reste stable autour de 20 % et conserve trois députés, Defferre, lui, pour la première fois, sera battu.
Transcription
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