Les dangers de la pollution à l'ozone en région PACA

Une pollution de l’air à l’ozone sévit dans l’agglomération marseillaise depuis la fin du mois de juillet 2018 et le 21 août un nouveau pic est enregistré. C’est déjà le seizième jour de dépassement des seuils d’alerte dans la région au cours de la seule saison estivale. Il existe deux types d’ozone, le premier est un gaz naturel situé à très haute altitude qui nous protège des rayons ultra-violets du soleil, alors que le second est un gaz dangereux pour la santé qui se forme par réaction chimique à partir d’autres polluants sous l’action des rayons du soleil. Cette pollution à l’ozone est certes due à des éléments conjoncturels, tels des températures élevées, y compris la nuit, et une absence de vent (liée à la présence d’un anticyclone). Mais ce sont surtout des raisons plus structurelles qui expliquent la récurrence du phénomène et la pollution atmosphérique dans son ensemble. Les rejets toxiques du complexe pétrochimique de l’étang de Berre contribuent en effet fortement à cette dégradation de la qualité de l’air dans l’agglomération marseillaise, et historiquement la localisation des industries a un impact majeur en ce domaine. Ainsi dès le XIXe siècle les calanques, alors très excentrées par rapport aux derniers faubourgs de Marseille, ont été le réceptacle de la délocalisation de certaines des industries les plus polluantes, afin que l’air ne soit pas inutilement vicié dans d’autres quartiers de la ville. En ce début de XXIe siècle règne en outre dans la cité phocéenne une très forte congestion automobile, à laquelle contribuent les voitures en transit ou les camions empruntant des voies autoroutières pénétrant au cœur de la ville. Les mesures prises pour tenter de limiter la circulation les jours de pollution s’avèrent pour l’heure insuffisantes, puisque contrairement à d’autres grandes agglomérations françaises aucune vignette crit’air n’a été mise en place pour permettre, le cas échéant, le déclenchement de la circulation différenciée, qui interdit aux véhicules les plus polluants de circuler. La dépendance des habitants de l’agglomération marseillaise à l’automobile est d’autant plus forte que la politique locale de développement des transports en commun accuse un sérieux retard, alors même qu’elle constitue l’un des enjeux métropolitains majeurs.

Dans l’attente d’investissements conséquents, qui seuls permettront d’envisager des solutions plus pérennes, le passage au niveau 2 (correspondant au franchissement de la barre des 180 mg d’ozone par mètre cube d’air) doit théoriquement déclencher une procédure d’information et de recommandation à destination de la population, et en particulier des publics fragiles que sont par exemple les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants ou les asthmatiques. La population dans son ensemble doit alors éviter les efforts physiques trop intenses, synonyme d’inhalation plus importante de polluants et donc de risques accrus pour la santé. L’ozone est en effet un gaz qui attaque les voies respiratoires et peut engendrer de multiples complications à court, moyen et plus long terme. Ce passage au niveau 2 engendre également un abaissement de vingt kilomètres par heure de la limitation de vitesse, en particulier sur l’autoroute, qui est cependant lui aussi loin d’être toujours respecté par les automobilistes. La défaillance de l’information et plus généralement de la prévention à l’échelon local est d’autant plus dommageable que ceci a une incidence directe sur le degré de prise de conscience par les habitants des risques qu’ils encourent. Or la région Provence Alpes Côte-d’Azur est celle qui est la plus polluée à l’ozone dans l’Hexagone. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’air est un des principaux facteurs de risque pour la santé humaine et engendre insidieusement la mort prématurée dans le monde de plusieurs millions de personnes.

Bibliographie

• Xavier Daumalin et Isabelle Laffont-Schwob (dir.), Les Calanques industrielles de Marseille et leurs pollutions : Une histoire au présent/Pollution of Marseille's Industrial Calanques : The impact of the Past on the Present,  Aix-en-Provence, REF.2C Editions, 2016.
• Geneviève Massard-Guilbaud, Histoire de la pollution industrielle : France 1789-1914, Paris, Éditions de l’EHESS, 2010.
• Michel Letté et Thomas Le Roux (dir.), Débordements industriels : Environnement, territoire et conflit (XVIIIe-XXIe siècle), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013. 
• Laurent Théry (dir.), La métropole par projet : Aix-Marseille-Provence, Marseille, Parenthèses, 2016.