Gel des cultures dans les Hautes-Alpes : une catastrophe agricole
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Résumé
Le dérèglement climatique a de multiples conséquences désastreuses pour l’environnement. Depuis 2017 dans les Hautes-Alpes le gel tardif printanier a détruit plus de la moitié des bourgeons. Feux de bois dans les vergers, arrosage protecteur, chaufferettes, éoliennes, des moyens plus ou moins onéreux sont déployés par les agriculteurs pour tenter de réduire cette perte.
Date de diffusion :
08 avr. 2021
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Publication : 17 nov. 2023
Dans la nuit du 7 au 8 avril 2021, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur connaît, comme le reste de la France, un sévère épisode de gel, déjà amorcé les jours précédents. Les températures descendent en effet largement en dessous de zéro degré et touchent des plantes et des arbres se trouvant à un stade végétatif déjà très avancé. Avec les viticulteurs et les producteurs de lavande, les arboriculteurs de la vallée du Rhône ou, comme ici, des Hautes-Alpes, sont les plus affectés par les conséquences de cette vague de froid. Ces événements climatiques de moins en moins exceptionnels se répètent au contraire depuis plusieurs années. Le changement climatique en cours induit en effet une plus grande fréquence de températures anormalement élevées au cours des premiers mois de l’année, ce qui provoque un réveil végétatif de plus en plus précoce. Les fleurs et les bourgeons se trouvent alors à la merci du moindre refroidissement d’ampleur, loin d’être rare dans l’arrière-pays alpin, y compris au début du printemps. En outre, les sécheresses, elles aussi de plus en plus fréquentes et précoces, aggravent la situation, car les arbres secs, ou autrement dit en situation de stress hydrique, sont beaucoup plus vulnérables aux épisodes de gel.
Sacrifiant leur nuit de sommeil, les arboriculteurs mettent en place dans leurs champs différentes mesures préventives, plus ou moins onéreuses, pour tenter de se prémunir de ce gel dévastateur. Ainsi certaines exploitations choisissent d’installer au milieu des arbres des bougies ou des feux de paille, voire des convecteurs à chaleur, aussi appelés chaufferettes, afin de faire remonter artificiellement les températures. Dans la même optique d’autres, plus rares, optent pour une solution technologique plus innovante, en l’occurrence l’installation d’éoliennes chauffantes permettant de rabattre l’air chaud vers le sol froid. Enfin certains arboriculteurs aspergent d’eau les vergers fruitiers dans le but de créer une coque de glace protectrice autour des fleurs et des bourgeons. Ce procédé, donnant naissance au petit matin à un spectacle féérique dans les champs, a cependant parfois pour effet pervers de faire céder les arbres sous le poids de la glace accumulée sur leurs branches. Ces différentes parades s’avèrent toutefois souvent insuffisantes, et dans de nombreuses exploitations une large partie de la future récolte, voire sa totalité, est irrémédiablement perdue.
Face à l’ampleur des dégâts, le gouvernement active le régime de calamités agricoles, qui permet d’indemniser, au moins partiellement, les producteurs victimes d’une perte de récolte à la suite d’un aléa climatique reconnu comme tel par l’État. La Région débloque en urgence une enveloppe exceptionnelle d’un demi-million d’euros pour secourir les agriculteurs et les entreprises de l’aval les plus touchés. Des aides complémentaires sont également allouées par les départements.
L’arboriculture fruitière constitue en effet une importante production agricole régionale. Provence-Alpes-Côte d’Azur est une des premières régions françaises pour la production de fruits. La récurrence des aléas climatiques et la volonté de ne pas transmettre un fardeau à leurs enfants amènent cependant un nombre toujours plus élevé de producteurs de pommes, de poires, de cerises, de pêches ou d’abricots, soit à arracher leurs arbres et à cesser leur activité, soit à vendre leur exploitation à de grandes sociétés possédant souvent déjà plusieurs centaines d’hectares. Dans la région, le nombre d’exploitations arboricoles a chuté de près de 50% au cours de la dernière décennie. Ce mouvement de concentration se réalise au détriment des petites exploitations familiales orientées vers la qualité, alors qu’une partie au moins des consommateurs se tourne désormais vers l’achat de fruits et légumes en circuits courts auprès des producteurs locaux. La disparition de ces petites structures à taille humaine induit également un recours toujours plus important aux importations.
Bibliographie
François-Marie Bréon, Gilles Luneau, Atlas du climat. Face au défi du réchauffement, Paris, Éditions Autrement, 2021.
Étienne Cossart, « Le changement global : un champ scientifique fécond pour la géographie », Géoconfluences, Octobre 2018.
https ://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/changement-global/articles-scientifiques/changement-global
Jean-Michel Legave, Les productions fruitières à l’heure du changement climatique. Risques et opportunités en régions tempérées, Versailles, Éditions Quae, 2022.
Transcription
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Présentateur
Le stress en tout cas pour les agriculteurs dans notre région.Depuis quelques jours les températures négatives au petit matin peuvent compromettre toute une récolte, exemple dans les Hautes-Alpes avec Fabien Madigou, Aurélien Casanova.
Inconnu 1
Celle-ci, potentiellement elle est gelée, donc c’est-à-dire que la fleur va finir par tomber et celle-ci elle est encore bonne.
Journaliste
C’est la même angoisse partout ce matin.Depuis 2017, les épisodes de gel se succèdent et font de plus en plus de ravage.
Interviewé 1
On a un manque de froid en février-mars, on a une végétation qui démarre très tôt et donc forcément plus sensible au risque de geler puisque les froids du mois d’avril, il n’y a rien d’exceptionnel.Je veux dire c’est habituel, c’est jusque qu’on est sur des stades végétatifs qui sont beaucoup trop en avance.
Journaliste
À l’auge, de nombreux vergers ou alpins offraient pourtant un spectacle féérique.Figés par des heures d’arrosage nocturne, fleurs et bourgeons sont prisonniers des glaces pour ne pas geler.
Interviewé 2
L’eau crée une coque de glace autour de la fleur.Et en renouvelant cette eau cela dégage des calories et ça bloque la température à zéro au niveau de la fleur.
Journaliste
Mais l’aspersion a aussi ses défauts.Certains pommiers ont fini par céder sous le poids de la glace.Alors pour protéger ces arbres du gel, ce producteur d’amandes utilise des chaufferettes à 10 euros l’unité, le procédé est coûteux mais il n’a guère le choix.
interviewé 3
Sur cette parcelle on n’a pas le droit à l’arrosage, donc on utilise ces bougies ou des bottes de paille pour essayer de réchauffer le champ.
Journaliste
À quelques kilomètres de là, Gabriel Lagarde a pu tester son éolienne tout juste installée.Et les premiers résultats semblent encourageants.
Gabriel Lagarde
Elle, elle vient prendre l’air chaud qu’il y a en haut pour le renvoyer en bas.Et après il y a possibilité de brûler du bois en bas pour faire augmenter les calories et pour plus gagner de degré dans le verger.
Journaliste
Dans les Alpes du Sud, certains estiment déjà avoir perdu 50 pourcent de leur récolte.Malgré le redoux annoncé pour la fin de semaine, les arboriculteurs de la région devront rester vigilants au moins jusqu’à début mai.
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