Les micro-algues : l'alternative aux carburants
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Résumé
Est-ce que les micro-algues pourraient constituer la prochaine révolution énergétique ? La transformation de ces micro-organismes produit du biogaz et du biocarburant. Aussi performant que le pétrole mais moins polluant, il est déjà utilisé pour des camions poubelles en Espagne par exemple, produit en très grande quantité et à des prix concurrentiels. Au laboratoire CNRS de Villefranche-sur-Mer, des recherches de production sont menées à partir d’une espèce récoltée à plus de 50 mètres de fond et mise en culture dans une usine expérimentale dont le reportage nous détaille le fonctionnement.
Date de diffusion :
26 nov. 2015
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
La lutte contre le réchauffement climatique, objet de la COP 21 qui se tient à Paris du 30 novembre au 12 décembre 2015, nécessite la recherche d’alternatives durables aux énergies fossiles en voie d’épuisement et responsables de fortes émissions de gaz à effet de serre. Des biocarburants de nouvelle génération doivent donc en partie se substituer au pétrole pour faire fonctionner les moteurs des véhicules, sans que les surfaces nécessaires à leur culture ne soient, comme pour le colza ou le tournesol, en concurrence avec l’alimentation humaine. Or les micro-algues peuvent contribuer à relever ce défi. Souvent qualifiées d’« herbe des océans », elles sont des micro-organismes qui poussent à plusieurs dizaines de mètres sous l’eau et constituent la base de la chaîne alimentaire marine. Naturellement riches en protéines, elles le sont aussi en huile et permettent donc d’élaborer des biocarburants.
Au milieu des années 2000 débute le projet Shamash, largement financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et impliquant plusieurs laboratoires et entreprises à l’échelle nationale, dont l’Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer ou l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) de Sophia-Antipolis dans les Alpes-Maritimes. Son but est d’étudier la faisabilité de la production d’un biocarburant de troisième génération à partir de micro-algues. Après la récolte par les pêcheurs de ces algues microscopiques vivant en milieu aquatique, les chercheurs sélectionnent les souches de micro-algues les plus oléagineuses parmi les centaines de milliers d’espèces existantes. Il s’agit ensuite de mener une action contradictoire : cultiver de manière optimale et en grande concentration, ces micro-algues, tout en les stressant, afin d’augmenter leur teneur en lipides. Une plateforme expérimentale a été installée à Villefranche-sur-Mer sous une serre photovoltaïque de soixante mètres carrés, dans l’optique de reproduire les conditions idéales à leur croissance. Dans un photobioréacteur, on procède à la culture contrôlée et maîtrisées des micro-algues. Elles baignent dans l’eau et on leur fournit certaines ressources nutritives (nitrates et phosphates) tout en les privant d’autres pour provoquer un phénomène de carence favorable à la production de lipides. On apporte aussi du dioxyde de carbone (CO2), indispensable au développement des micro-algues, tout en jouant sur la température et l’éclairage artificiel. Puis les micro-algues prolifèrent en passant dans une dizaine de bassins durant vingt-quatre heures, avant d’être centrifugées et transformées en une pâte verdâtre, d’où une huile est extraite.
La verticalisation de la culture des micro-algues permet d’économiser des ressources foncières, tout en ayant, à terme, des rendements à l’hectare supérieurs aux cultures terrestres classiques de plantes oléagineuses. Cette production ne nécessitant pas de sol, elle peut être envisagée dans des espaces non propices à l’agriculture, comme par exemple des friches industrielles ayant besoin d’être reconverties. Ce mode de culture permet en outre de réutiliser une large part de l’eau, tout en assurant une croissance et une production en continu, impossible avec les cultures terrestres.
La production à grande échelle et économiquement rentable de ce type de biocarburant, issu des micro-algues, n’est cependant envisageable qu’à l’horizon d’une ou deux décennies. Dans cette phase expérimentale, une seule voiture roule partiellement en France grâce à cette énergie propre. Le reportage met cependant en exergue les résultats tangibles d’un projet pilote de production de biogaz à base de micro-algues, lancé en 2011 et financé par l’Union européenne. Cultivées dans les bassins de décantation de Chiclana de la Frontera en Andalousie, au sein de la province ensoleillée de Cadix à l’extrême sud de l’Espagne, les micro-algues permettent de faire circuler les camions poubelle de la ville, tout en purifiant les eaux usées.
Bibliographie
- Gilles Peltier, « Quand nos voitures rouleront aux algues », Les dossiers de La Recherche, Hors-série n° 47, 2012.
- Antoine Sciandra, « Des algues bientôt à la pompe », Science et Vie, n° 1097, 2009.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Sonia Sadone
Après les camions poubelles la ville s’est fixée un objectif avant fin 2016 que tous les véhicules municipaux roulent avec ce biogaz à base de microalgues.
Julian Bugier
Et toujours à propos d’énergie, notre dossier à présent à quelques jours de la COP 21, on s’intéresse ce soir à ce qui pourrait bien être la prochaine révolution énergétique, les microalgues, considérées comme une alternative possible et sérieuse au pétrole.Il s’agit de micro-organismes transformés pour produire du gaz et du biocarburant.Sonia Sadone et Zidène Berkous nous expliquent les secrets de cette nouvelle filière, avec nos bureaux en région.
Sonia Sadone
Un camion et une voiture.A priori, rien ne les différencie d’autres véhicules et pourtant dans leur réservoir un carburant très particulier fabriqué à base de microalgues que l’on trouve au fond des mers.Comment est-il fabriqué ?Et si c’était le carburant de demain ?Au bord de la méditerranée, à Villefranche-sur-Mer, Hubert Bonnefond, chercheur au CNRS part à la pêche.Ces algues, il doit aller les chercher loin car elles poussent à plus de 50 mètres sous l’eau.Ces espèces microscopiques sont récoltées grâce à ce filet à plancton.
(Bruit)
Hubert Bonnefond
Donc là, ça c’est la pêche d’aujourd’hui avec tous les organismes microscopiques et dans ces organismes il y a pas mal de microalgues qui nous intéressent pour fabriquer les biocarburants.
Intervenant
T’as de quoi t’amuser.
Hubert Bonnefond
Cool.
Intervenant
T’as du boulot.
Sonia Sadone
La pêche terminée, Hubert Bonnefond doit analyser ces échantillons.Sur 7 millions d’espèces de microalgues, une vingtaine seulement servira à faire du biocarburant.
Hubert Bonnefond
C’est ça ce petit rond entre toutes ces grosses bestioles, c’est une microalgue qui nous intéresse,qu'on va chercher à récupérer pour avoir différentes souches de cette espèce, pour la cultiver, pour la production de biocarburant.
Sonia Sadone
C’est cette espèce précisément qui les intéresse.À l’intérieur, deux grandes quantités d’huile, ici en jaune.L’huile c’est la matière première pour faire le biocarburant.Une fois sélectionnée, il faut la produire en très grande quantité.C’est dans cette usine expérimentale que l’on va la faire pousser.Tout commence par ce grand récipient fermé éclairé de lumière artificielle.À l’intérieur, des algues très concentrées.
Jérémy Pruvost
Les microalgues sont en train de se développer ici.Alors on leur apporte tous les nutriments nécessaires, les nitrates, les phosphates comme pour les plantes et on leur apporte aussi du CO2 parce que les algues, pour se développer, vont avoir besoin de lumière mais également de CO2.
Sonia Sadone
Les microalgues vont ensuite passer 24 heures dans cette dizaine de bassins pour proliférer.Ensuite grâce à ces centrifugeuses, on en tire une pâte verdâtre.
Jérémy Pruvost
On a donc de la pâte de microalgue ici, qui est prête donc ensuite à être traitée.
Sonia Sadone
C’est dans ce laboratoire que la pâte est transformée.
Laborantin
On va démarrer l’extracteur ?
Sonia Sadone
L’opération ne dure que quelques minutes.
Laborantin
Donc les huiles qui ont été extraites, qui vont servir pour la fabrication du biocarburant se trouvent dans l’extrait.
Sonia Sadone
Pour l’instant, l’usine ne produit que 2 litres de biocarburant par jour.C’est le pari auquel ces scientifiques croient fermement.
Jérémy Pruvost
À l’échelle où on est, on est encore au stade de recherches, ça nous permet de montrer que les microalgues sont une voie intéressante pour l’avenir, dans 10, 15 ans ou 20 ans.
Sonia Sadone
Aujourd’hui, une seule voiture en France est testée à base de ce carburant.Dans son réservoir, 80% de diesel et 20% d’huile d’algue.
Intervenant
Rien ne change par rapport à un diesel classique.
Sonia Sadone
Aussi performant que le pétrole, moins polluant mais beaucoup plus cher.10 euros le litre.Alors faudra-t-il attendre des dizaines d’années avant de rouler avec ce carburant ?Et bien non !Il y a un endroit en Europe où on l’utilise quotidiennement.En Espagne, dans la ville de Chiclana, les camions poubelles roulent déjà aux microalgues.Pour faire le plein, ils s’approvisionnent dans cette station d’épuration, parce qu’ici on cultive les microalgues dans les bassins d'eaux sales et pas besoin de technologie.
Frank Rogalla
Ça, c’est de l’eau usée de la ville qui alimente les bassins des algues.Grâce à la pollution de cette eau et le soleil, les algues peuvent croître.Vous pouvez voir ici comment ils se multiplient en 2 jours de temps de séjour vous avez des milliers de microorganismes.
Sonia Sadone
La fermentation des microalgues libère un gaz, il est purifié puis envoyé dans cet immense ballon.Une fois rempli, le carburant est acheminé jusqu’à la pompe.Ici, on produit en grande quantité, 10 000 litres par jour, à un prix très intéressant, moins d’1 euro le litre.
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