La victoire du 8 mai 1945

08 mai 1945
02m 52s
Réf. 00315

Notice

Résumé :

Le général de Gaulle annonce la victoire des Alliés, qui est aussi "la victoire de la France". En effet, souligne de Gaulle, l'action conjointe de la Résistance intérieure et des armées françaises a permis que le commandement français soit "présent et partie à l'acte de capitulation". Le président du GPRF rend ensuite hommage au courage, à l'abnégation et au sacrifice de celles et ceux qui ont rendu honneur et gloire au drapeau français. Il adresse un "fraternel salut" aux "vaillants alliés" de la France. Il conclut par un triple "Honneur !" aux soldats français, au peuple de France et aux "Nations Unies" qui, ce 8 mai, triomphent avec la France.

Type de média :
Date de diffusion :
08 mai 1945
Type de parole :

Éclairage

Être présent lors de la capitulation de l'Allemagne et participer à son occupation est, de longue date, un objectif prioritaire du général de Gaulle. La contribution de la Résistance intérieure et des armées françaises aux combats pour la libération du territoire national, l'accueil réservé par les populations à l'homme du 18 Juin, l'installation à Paris, sans coup férir, du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) que ce dernier préside achèvent de convaincre les Alliés que la France doit participer à la Commission consultative qui, depuis l'automne 1943, à Londres, étudie les questions relatives à la situation de l'Allemagne bientôt vaincue. A la conférence de Yalta (4-11 février 1945), Winston Churchill obtient pour la France une zone d'occupation en Allemagne. Mais de Gaulle estime préférable de s'emparer de cette zone sur la champ de bataille plutôt que d'attendre que les Alliés la délimitent. Aussi le président du GPRF enjoint-il à la 1ère Armée française du Général de Lattre de Tassigny de prendre Stuttgart et de poursuivre vers le Danube, la Bavière et l'Autriche puis de tenir la zone ainsi occupée. Le 7 mai, au Grand Quartier Général de Reims, le Général allemand Jodl signe un premier acte de reddition inconditionnelle et simultanée au Commandement des forces alliées - front Ouest - et au Haut commandement soviétique - front Est, en présence notamment du Général français Sevez. Le lendemain, à Berlin, le Général de Lattre s'assied à la table de la signature solennelle de l'acte de reddition. Le 8 mai à 15h, à la radio, de Gaulle annonce la victoire au peuple français.

Guillaume Piketty

Transcription

Charles de Gaulle
La guerre est gagnée. Voici la victoire. C'est la victoire des Nations Unies et c'est la victoire de la France. L'ennemi allemand vient de capituler devant les armées alliées de l'Ouest et de l'Est. Le commandement français était présent et partie à l'acte de capitulation. Dans l'état de désorganisation où se trouvent les pouvoirs publics et le commandement militaire allemand, il est possible que certains groupes ennemis veuillent, ça et là, prolonger pour leur propre compte, une résistance sans issue. Mais l'Allemagne est abattue et elle a signé son désastre. Tandis que les rayons de la gloire vont, une fois de plus, resplendir au drapeau, la patrie porte sa pensée et son amour, d'abord, vers ceux qui sont morts pour elle, ensuite, vers ceux qui ont, pour son service, tant combattu et tant souffert. Pas un effort de ces soldats, de ces marins, de ces aviateurs, pas un acte de courage ou d'abnégation de ses fils et de ses filles, pas une souffrance de ces hommes et de ces femmes prisonniers, pas un deuil, pas un sacrifice, pas une larme n'auront donc été perdus. Dans la joie et dans la fierté nationale, le peuple français adresse son fraternel salut à ses vaillants alliés qui, comme lui, pour la même cause que lui, ont durement, longuement prodigué leurs peines. A leurs héroïques armées et aux chefs qui les commandent, à tous ces hommes et à toutes ces femmes qui, dans le monde, ont lutté, pâti, travaillé pour que l'emportent, à la fin des fins, la justice et la liberté, Honneur ! Honneur pour toujours à nos armées et à leurs chefs, Honneur à notre peuple que des épreuves terribles n'ont pu réduire ni fléchir, Honneur aux Nations Unies qui ont mêlé leur sang à notre sang, leurs peines à nos peines, leur espérance à notre espérance et qui, aujourd'hui, triomphent avec nous. Ah, vive la France !