Débarquement allié en Afrique du Nord

08 novembre 1942
03m 01s
Réf. 00308

Notice

Résumé :

Le général de Gaulle commence par situer le débarquement en Afrique du Nord dans un tableau plus large de la guerre en cours et souligne qu'avec le renfort allié, "notre Algérie, notre Maroc, notre Tunisie" pourront constituer "la base de départ pour la libération de la France". Il souligne que la France combattante a toujours espéré et voulu que l'Afrique du Nord française rentre dans la guerre. Il appelle les militaires, fonctionnaires et colons français installés sur ces territoires à se joindre aux Alliés malgré les objurgations des "traîtres qui voudraient (les) persuader que nos alliés veulent prendre, pour eux, notre empire".

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Date de diffusion :
08 novembre 1942
Type de parole :

Éclairage

Le 8 novembre 1942, les forces anglo-américaines débarquent au Maroc et en Algérie, territoires demeurés sous l'autorité du pouvoir de Vichy - opération "Torch". Grâce à l'action de la Résistance qui est parvenue à neutraliser les autorités vichystes, l'opération est un succès à Alger. Un armistice est rapidement conclu avec l'amiral Darlan, chef de l'ensemble des forces armées, et le Général Juin, commandant en chef en Afrique du nord. A Oran et à Rabat en revanche, le colonel Tostain et le Général Béthouart échouent à rallier pacifiquement les généraux Boisseau et Noguès. Ceux-ci donnent l'ordre aux troupes françaises de tirer sur les Anglo-américains. Trois jours de combat s'ensuivront dont le bilan sera lourd : 1.827 morts et 2.717 blessés. Les Alliés anglo-saxons n'en auront pas moins atteint leur objectif : contrôler l'Afrique du Nord et enclencher le ralliement de l'armée française d'Afrique par le truchement de l'amiral Darlan. Côté français combattant, en revanche, la situation est très délicate. Et ce, dès le 8 novembre. En effet, à la demande des Américains, de Gaulle n'a pas été prévenu du débarquement en préparation. Il ressent cette entreprise comme une ingérence intolérable dans les intérêts nationaux. Plus encore, l'accord passé avec Darlan le révulse autant qu'il porte en germes une possible fragilisation de la France combattante. Toutefois, l'homme du 18 Juin fait à nouveau ?uvre d'homme d'Etat en se prononçant sans réserve pour l'aide aux Alliés.

Guillaume Piketty

Transcription

Charles de Gaulle
Les alliés de la France ont entrepris d'associer l'Afrique du Nord française à la guerre de libération. Ils commencent à y débarquer des forces énormes. Il s'agit de faire en sorte que notre Algérie, notre Maroc, notre Tunisie constituent la base de départ pour la libération de la France. Nos alliés américains sont à la tête de cette entreprise. Le moment est très bien choisi. En effet, après une victoire écrasante, nos alliés britanniques, secondés par les troupes françaises, viennent de chasser d'Egypte Allemands et Italiens et pénètrent en Cyrénaïque. D'autre part, nos alliés russes ont définitivement brisé sur la Volga et dans le Caucase la suprême offensive de l'ennemi. Enfin, le peuple français, rassemblé dans la Résistance, n'attend que l'occasion pour se lever tout entier. La France combattante qui, déjà, a remis, dans la guerre sacrée, une partie de l'empire, a toujours espéré et a toujours voulu que tout le reste en fasse autant. Tout le reste, c'est-à-dire surtout cette Afrique du Nord française où tant de gloire fut acquise, où tant de forces sont préparées. Chefs Français, soldats, marins, aviateurs, fonctionnaires, colons français d'Afrique du Nord, levez-vous. Aidez nos alliés. Joignez-vous à eux sans réserve. La France qui combat vous en adjure. Ne vous souciez pas des noms ni des formules. Une seule chose compte. Le salut de la patrie. Tous ceux qui ont le courage de se remettre debout, malgré l'ennemi et la trahison, sont, d'avance, approuvés, accueillis, acclamés par tous les Français combattants. Méprisez les cris des traîtres qui voudraient vous persuader que nos alliés veulent prendre, pour eux, notre empire. Allons, voici le grand moment. Voici l'heure du bon sens et du courage. Partout, l'ennemi chancelle et fléchit. Français de l'Afrique du Nord, si, par vous, nous rentrons en ligne d'un bout à l'autre de la Méditerranée, voilà la guerre gagnée grâce à la France !