Médée d'Euripide, mis en scène par Jacques Lassalle à Avignon
Notice
À quatre brefs extraits du spectacle correspondant à des passages du prologue et des 2e et 5e épisodes de la pièce s'ajoutent des interviews du metteur en scène Jacques Lassalle et du traducteur Pierre Judet de La Combe, qui insistent sur la modernité du spectacle proposé et revendiquent la mise en valeur de la violence du texte d'Euripide.
- Médée ( Euripide - Auteur / Jacques Lassalle - Mise en scène)
Éclairage
Contemporain de Sophocle, dont il fut le principal rival, Euripide ne rencontra cependant pas le même succès que lui auprès du public de son temps : son théâtre, qui se caractérise par une démarche constante de renouvellement de l'art tragique, n'a soulevé l'admiration unanime des Grecs que tardivement, au cours de la période hellénistique. Comme Sophocle, il donne à l'humanité la place centrale dans ses pièces, reléguant les dieux à un rôle symbolique ou périphérique. Son théâtre est un théâtre d'idées, où s'affrontent des positions contradictoires sans qu'il soit possible d'y distinguer la sienne propre. Si cette caractéristique a souvent valu à Euripide le reproche d'être un « élève des sophistes », elle correspond en réalité à un principe éminemment théâtral, celui d'un dialogisme qu'aucun point de vue supérieur ne vient trancher.
Médée, sans doute sa pièce la plus jouée et la plus souvent adaptée aujourd'hui, donne à voir la transformation d'une malheureuse femme répudiée, Médée, victime de la trahison de Jason, en un monstre vengeur et meurtrier. La force et la sauvagerie de Médée contrastent alors avec la médiocrité vaine de Jason, qu'Euripide prive ici de toute dimension héroïque : l'histoire de Médée et Jason, qui avait commencé dans la grandeur épique de la quête des Argonautes, finit dans l'intimité mesquine d'un couple désuni.
Jacques Lassalle, pour sa mise en scène de la pièce présentée à l'été 2000 au Festival d'Avignon, s'est intéressé à l'humanité de Médée, à sa rationalité, à son intelligence, mais aussi à sa souffrance. En confiant le rôle à Isabelle Huppert, il s'est donné pour tâche de concilier la grandeur mystérieuse de la magicienne, petite-fille du Soleil, et la faiblesse pathétique de la femme délaissée.