Stich-Randall et Berganza dans Così fan tutte au Festival d'Aix
Notice
Teresa Stich-Randall et Teresa Berganza chantent le duo «Prendero quel brunettino» extrait du Così fan tutte de Mozart, dans une mise en scène de Marcello Cortis filmée en 1961 au Festival d'Aix-en-Provence.
Éclairage
Così fan tutte de Wolfgang Amadeus Mozart, opéra bouffe composé sur un livret de Lorenzo da Ponte, occupe une place de choix dans l'histoire du Festival d'Aix-en-Provence puisqu'il s'agit de l'ouvrage inaugural de la manifestation. A l'été 1948, une poignée de passionnés rassemblés autour de la comtesse Pastré et du mélomane Gabriel Dussurget décident en effet de donner quelques représentation de Così fan tutte dans la cour du palais de l'Archevêché, au cœur de la vieille ville d'Aix. Données sur des tréteaux et dans des décors rudimentaires, cette production dirigée par Hans Rosbaud obtient un grand succès qui encouragera la pérennité du Festival.
Dès 1950, une nouvelle production en est proposée, cette fois-ci conçue pour la cage de scène construite dans la cour de l'Archevêché. La mise en scène est de Jean Meyer, les décors du peintre Balthus. Cette production sera reprise cinq fois, mais dès la première reprise de 1953, si les décors restent identiques, la mise en scène en revanche est confiée au baryton Marcello Cortis, qui interprétait aussi le rôle du philosophe manipulateur Don Alfonso dans le spectacle. 1953 marque aussi la première apparition aixoise de la soprano Teresa Stich-Randall dans le rôle de Fiordiligi, l'une des deux sœurs héroïnes de Così fan tutte. Dès 1957, elle est rejointe par la mezzo-soprano espagnole Teresa Berganza dans le rôle de Dorabella, la deuxième sœur. Les «deux Teresa» deviennent alors les piliers de la manifestation provençale. Leur complémentarité en termes de timbre (clairs et agiles) comme de personnalité (Stich étant la plus sésieuse des deux, Berganza la plus gaie) font merveille dans le chef d'œuvre de Mozart qu'elles interpréteront ensemble en 1957, 1961 et 1965.
La reprise de 1961 est filmée intégralement par la télévision française, immortalisant ainsi les toiles de Balthus ainsi que les incarnations des deux cantatrices. Et si Stich-Randall est alors au faîte de sa carrière, Berganza, plus jeune que sa confrère, va voir encore sa carrière se développer considérablement : elle va devenir la plus grande mezzo-soprano rossinienne de son temps et la Carmen la plus originale de sa génération.