Clientèle internationale pour les soldes d'hiver au Luxembourg

Au Luxembourg, l’organisation et le calendrier des soldes sont strictement réglementés. Chaque année, le Conseil de  gouvernement valide sur la question un projet de règlement grand-ducal, sur lequel la Chambre de commerce du Luxembourg donne un avis, avant que le Grand-Duc ne signe le règlement, officialisant les dates retenues. Si en France (où les soldes sont aussi réglementées par une loi), les soldes d’hiver durent traditionnellement six semaines, elles ne s’étendent que sur quatre semaines dans le Grand-Duché. 

Une valse des étiquettes luxembourgeoises éphémère donc mais scrutée de près par les consommateurs comme par les commerçants lorrains. Des consommateurs à l’affût de bonnes affaires au-delà de la frontière et des commerçants soucieux de résister à cette concurrence de proximité jugée parfois déloyale. Le Grand-Duché ayant pris l’habitude de faire débuter ses soldes d’hiver de plus en plus tôt, les commerçants mosellans et leurs homologues du Pays Haut sont contraints de s’aligner en terme de calendrier pour ne pas voir leurs clients dépenser prématurément toutes leurs économies dans les magasins et grandes surfaces du voisin du Nord… La Lorraine bénéficie en effet d’une dérogation pour pouvoir commencer ses promotions une semaine avant le reste du pays afin de faire face à cette concurrence étrangère. Une concurrence d’autant plus virulente que les commerçants du Grand-Duché, conscients de l’enjeu économique représentée cette importante clientèle française et belge, n’hésitent pas à diffuser des publicités annonçant leurs soldes dans les médias étrangers… Alors qu’en France les soldes d’hiver débutent traditionnellement le deuxième mercredi de janvier pour s’achever début février, la Moselle se retrouve donc en décalage avec le reste du pays, ce qui n’est pas sans susciter ici et là quelques protestations, tout le monde ne comprenant pas les contraintes liées à cette exposition frontalière. En 2017 ainsi, les soldes au Luxembourg débutèrent le 29 décembre, suivies par la Moselle le 2 janvier puis par le reste de la France le 10 janvier (la Belgique débutant toujours ses remises le 3 janvier). 

Si ce reportage français du 7 janvier 2014 évoque ces problèmes et enjeux de calendrier, il insiste aussi sur un phénomène typiquement luxembourgeois : le caractère très cosmopolite de la clientèle des soldes dans le Grand-Duché. Parmi ces étrangers venus spécialement faire leurs emplettes, figurent certes en grand nombre les habituels salariés frontaliers français et belges habitués à fréquenter les magasins du Luxembourg, mais on trouve également parmi eux des étrangers plus « exotiques », jusqu’à ces Russes évoqués dans le reportage. Beaucoup d’Allemandes et même des Parisiennes attirées par des collections originales, des vendeuses trilingues et… un taux de TVA particulièrement bas qui démultiplie l’effet des soldes. Une réalité dont se félicite dans le reportage Thierry Nothum, directeur de la Confédération luxembourgeoise du commerce. A l’arrivée, ces soldes renforcent encore le caractère international d’un pays déjà économiquement et culturellement très tourné vers l’étranger. 

On notera en conclusion que les protestations des commerçants lorrains face à la concurrence des soldes luxembourgeoises, protestations relayées par les élus mosellans qui font régulièrement pression sur le préfet du département, ont fini par porter puisqu’en janvier 2021 (dans le contexte particulier il est vrai de la crise du Covid), les soldes d’hiver ont débuté le même jour dans le Grand-Duché et en Lorraine, le 20 janvier… Au grand regret sans doute des consommateurs français (mais aussi belges) qui aimaient beaucoup passer la frontière pour « dénicher les bonnes affaires » et dépenser leurs étrennes de Noël avant leurs autres compatriotes…