Le francique à la frontière du Luxembourg
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A Thionville en Moselle, la proximité du Luxembourg entraîne un accroissement de l'apprentissage du Francique, la langue luxembourgeoise.
Explications avec Carlo Weyrich, directeur Alder Mode et Thierry Nothum, de la Confédération du commerce Luxembourgeois et Francis André, formateur CEFEP.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
07 avr. 2001
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Contexte historique
ParDirecteur du Pôle culture de la ville de Sarreguemines
La langue francique est une langue germanique qui couvre 60 % du département de la Moselle et 15 % de la partie nord du Bas-Rhin (actuelle Collectivité européenne d’Alsace). L’arrivée progressive des peuplades franques (d’où l’appellation francique), à partir des IVe et Ve siècles de notre ère a fixé cette langue sur ce territoire.
Cette langue a cohabité entre autre avec le celte et le latin. Le francique (communément appelée « Platt ») est parlé également dans les pays qui bordent le département de la Moselle : en Allemagne (Rhénanie-Palatinat et dans le Land de la Sarre), au Grand-Duché du Luxembourg, dans la partie germanophone de la Belgique.
De manière plus originale et surprenante, le francique est également en usage aux Etats-Unis d’Amérique (principalement en Pennsylvanie sous l’appellation « Pennsylvania Dutch »), au Brésil (Province de Rio Grande do Sul), en Roumanie (en Transylvanie et au Banat) en raison de la migration importante des populations de Lorraine, de Luxembourg, de Sarre et du Palatinat aux XIIe, XVIIIe et XXe siècles.
Le « Lëtzebuergesch » (le luxembourgeois) est la forme du francique édifiée comme langue nationale au Grand-Duché. Elle est la langue maternelle de la plupart des Luxembourgeois. Depuis 1984, la loi sur le régime des langues lui confère le statut de langue nationale aux côtés de l’allemand et du français. Avec le luxembourgeois comme langue nationale, le français et l’allemand comme langues législatives et administratives, le Grand-Duché du Luxembourg se caractérise par un multilinguisme partagé par la grande majorité des Luxembourgeois. Sous l’effet d’une remarquable croissance économique et d’une politique de promotion sociale, cette nation polyglotte s’est enrichie. Aujourd’hui on utilise de plus en plus le francique dans les relations de travail, dans les domaines de la publicité, du cinéma, des médias.
Cette langue est surtout le vecteur d’une identité culturelle revendiquée et assumée :
Mir wëlle bleiwe wat mir sinn
ou Mir wölle bleiwe wat mir sin
, (nous voulons rester ce que nous sommes) est une phrase extraite du chant De Feierwon (Le char de feu) du poète luxembourgeois Michel Lentz, écrit à l'occasion de la circulation du train inaugural en gare de Luxembourg en 1859. Cette phrase est la devise nationale du Luxembourg. Elle symbolise formellement l’affirmation d’une identité nationale, culturelle et linguistique.
Ce lien d’identification de la nation avec la langue francique est sans commune mesure avec celui en usage au-delà de la frontière du Grand-Duché et spécifiquement du côté français. En effet, la répression linguistique, la dévalorisation symbolique des langues minorées, les punitions infligées aux jeunes générations, notamment par l’école comme le relate le sociolinguiste lorrain Daniel Laumesfeld dans son poème Le Bâton rouge, ont institué le seul apprentissage du français, en érodant notoirement les compétences linguistiques des populations de ce territoire lorrain.
Cette situation de diglossie, qui s’est établie progressivement en France à l’encontre des langues minoritaires, a donc installé à la frontière nord du département de la Moselle, un cruel paradoxe. Alors même que la langue francique est une condition de la réussite et de l’employabilité dans cet espace en forte croissance, la rupture de la transmission linguistique du côté français, oblige désormais à recourir à des modes d’apprentissage dictés par la nécessité.
Ainsi, comme l’illustre le reportage, à l’initiative de la Confédération du commerce luxembourgeois, des cours de francique sont proposés en Lorraine. Ces formations visent à remettre à un niveau linguistique adapté les demandeurs d’emploi ou les employés déjà en fonction. Sur un mode de consensus dicté par le pragmatisme économique, cette démarche apporte une réponse ajustée à une économie luxembourgeoise en expansion et qui peine à trouver localement de la main d’œuvre qualifiée, sans apporter toutefois une réponse satisfaisante du point de vue culturel.
Transcription
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