Paysages de la sidérurgie des vallées de l’Orne, de la Fensch et de la Moselle
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Résumé
Cet extrait d’un reportage sur la construction de l’avant-dernier haut-fourneau de l’usine de Jœuf, présente les paysages industriels variés du nord Lorrain, avec autour des usines sidérurgiques, de multiples infrastructures industrielles et des ensembles industrialo-urbains marqués par les cités ouvrières.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
03 nov. 1960
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Contexte historique
ParProfesseur en Géographie, Loterr, Université de Lorraine
L’extrait présenté est issu d’un documentaire de 1960 sur la construction d’un nouveau haut-fourneau à l’usine sidérurgique de Jœuf. Il met en contexte cet événement technique et économique par une série de vues paysagères des vallées l’Orne, de la Moselle et de la Fensch, toutes marquées par l’industrie sidérurgique et ses constructions directes (les usines), et indirectes (les cités ouvrières).
Les éléments techniques sont présents tout au long du reportage avec des vues d’usines nombreuses. Les images du tout début permettent une mise à l’échelle de l’ensemble en soulignant son gigantisme par la présence d’ouvriers qui semblent tout petits. Les hauts-fourneaux, visibles tout au long de l’extrait (0’06, 2’10, 2’33, 2’44 et surtout 3’16), sont des bâtiments-machines, dans lesquels on insère, par le haut, le minerai de fer et le coke dont la combustion permet la fonte du minerai et donc la production de fonte. Pour donner de l’acier, la fonte peut ensuite être affinée dans une aciérie, dont on voit des exemples à partir de 2’21 et surtout à partir de 2’53 à Hayange et Sérémange-Erzange dans la vallée de la Fensch. Le processus nécessite de nombreux éléments annexes dont certains sont visibles dans l’extrait : gazomètres (0’58), cheminées et, surtout, de nombreuses conduites dont une, majeure, court dans toutes les vallées en question (on la voit au-dessus de la Moselle à Uckange à 1’16 et à plusieurs reprises ensuite : 2’28, 2’39). Cette conduite alimentait en gaz de hauts-fourneaux la centrale électrique de Richemont. Enfin, ces usines sidérurgiques sont toutes bien reliées par la voie ferrée et l’extrait montre plusieurs fois ce dense réseau ferroviaire (2’01, 2’17).
Autour des usines, les industriels, dans une démarche paternaliste pour loger leurs ouvriers et leur fournir services et commerces, ont bâti des villes-usines, villes champignons entièrement nées de l’industrie, ou ont contribué à faire grossir les villes déjà existantes. Le début de l’extrait permet de voir, depuis le sommet du nouveau haut-fourneau, la ville-usine de Moyeuvre-Grande, avec des cités ouvrières bien alignées à flanc de versant et, au premier plan, un gros collectif en forme de barre, typique de l’urbanisme des Trente Glorieuses. L’imbrication industrie / habitat est soulignée par la vue du centre de Moyeuvre-Grande à 0’57, juxtaposant l’église Saint-Gorgon, une caserne ouvrière (bloc de plusieurs logements) de la cité Gargan et deux gazomètres de l’usine voisine. La caméra suit ensuite la longue rue rectiligne de la cité Saint-Robert (1’03) entre Moyeuvre-Grande et Rosselange où s’alignent des cités ouvrières d’un type intermédiaire entre la caserne et le coron.
Parallèlement, les villes préindustrielles proches des usines sont aussi transformées. Ainsi Thionville, sur laquelle la caméra insiste entre 1’21 et 2’00, et qui s’est fortement développée grâce à la sidérurgie voisine est-elle surnommée la métropole du fer. La caméra, plantée sur les hauteurs de la ville, filme d’abord vers l’Est, et permet de distinguer, au-delà du centre-ville, les tours Cormontaigne qui abritaient les ouvriers sidérurgistes célibataires. Le grand ensemble de la Côte des Roses, au premier plan, est typique de l’urbanisme des Trente Glorieuses ; il illustre le début de l’étalement urbain de Thionville. La caméra pivote ensuite vers le Sud et zoome vers l’usine de Thionville dont les hauts-fourneaux se détachent sur l’horizon.
Le discours s’appuyant sur l’extrait insiste peu sur l’aspect technique, à la différence de nombre de films des Trente Glorieuses qui, plus généralement, glorifient le progrès industriel. Il généralise le paysage industriel local à la Lorraine toute entière, en alimentant les clichés sur la région en liant les « visages flegmatiques » des Lorrains aux « façades anonymes » des cités ouvrières.
Si les cités ouvrières sont encore toutes présentes aujourd’hui et pour la plupart réhabilitées, toutes les usines montrées sur les extraits, sont en partie fermées (Sérémange-Erzange) ou détruites (Thionville, Moyeuvre-Grande et Jœuf). Le haut-fourneau n°1 dont il est question dans l’extrait de 1960 a ouvert en juin 1961 ; il a été complété par un second mis à feu en 1964, mais l’ensemble a fermé en 1989 et a ensuite été très rapidement démantelé. Il n’en reste, en 2021, qu’une très vaste friche plus ou moins bien renaturée, dont une petite partie seulement a été réutilisée pour de nouvelles activités, telles qu’une centrale à béton ou une station d’épuration.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
(Bruit)
Claude Thomas
Ce n’est qu’un treuil qu’on hisse au palan, mais c’est presque déjà la branche que les constructeurs ont coutume de hisser au faîte d’une maison neuve.Il ne manque plus que 4 mètres.
(Bruit)
Claude Thomas
Mais ce soir, la journée est finie.
(Bruit)
Claude Thomas
La Lorraine, la voici, qui, grâce à Joeuf et à des installations du même genre, retrouve une nouvelle jeunesse.Oh, sans trop d'exubérance.Nous sommes entre gens du Nord qui cachent leur confort derrière des façades anonymes, comme leurs sentiments derrière des visages flegmatiques.
(Musique)
Claude Thomas
Là-bas, Thionville.
(Musique)
Claude Thomas
Ici d’ailleurs, la vie des gens ne se sépare guère de celle de la fonte et de l’acier, et l’on ne risque à aucun moment de l’oublier.
(Bruit)(Musique)
Claude Thomas
Nous avons fait le tour.Il reste à dire que Joeuf sera l’un des ensembles les plus modernes d’Europe.
(Musique)
Claude Thomas
Le numéro un de Joeuf sera mis à feu dans les premiers jours de 1961.Mais aujourd’hui, ces bâtisseurs nous ont fait pénétrer là où personne n’entrera jamais plus, un peu comme les premiers ouvriers entraient jadis dans leurs cathédrales.
(Musique)
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