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14 nov.
1997

Le point sur la francophonie au Grand-Duché du Luxembourg

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Résumé

Première langue parlée au Luxembourg, le français est également une des trois langues officielles avec le luxembourgeois et l'allemand.
Explications avec Fernand Faber, directeur du lycée Hubert Clément de Esch-sur-Alzette, Jean-Marie Denninger, chef d'édition du Républicain Lorrain à Woippy, et Philippe Magère, directeur du Centre Culturel français à Luxembourg.

Date de publication du document :

Février 2022

Date de diffusion :

14 nov. 1997

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Contexte historique

ParDoctorant en Histoire contemporaine, Crulh, Université de Lorraine

Au Luxembourg, l’usage du français est fortement lié à l’histoire du pays mais également aux différentes configurations géopolitiques dont le Grand-Duché fut l’enjeu. Créé en 1815 au congrès de Vienne, l’État luxembourgeois tel qu’il existe aujourd’hui est le résultat d’un ballotage géolinguistique, culturel, économique et démographique. Dans ce sillage, le parcours social et historique du français au Grand-Duché est indissociable des pratiques politiques, des réalités sociales et des évolutions nationales et européennes. 

Dans les faits, parler français au Luxembourg est un héritage de l’Ancien Régime, renforcé au fil des années par son appartenance à la France républicaine et son insertion dans l’empire napoléonien (1795-1814) ; surtout lorsqu’on sait que le Code Napoléon a fourni au droit civil luxembourgeois actuel, ses fondements juridiques. Cependant, l’histoire du français au Luxembourg montre que tout au long du XIXe siècle, son usage est demeuré limité à une classe d’élites locales, détentrices du pouvoir administratif et politique, raison pour laquelle jusqu’en 1839, seulement 5 % de Luxembourgeois comprenaient le français (Fehlen, 2015, pp. 23-25). 

Avec la révolution des provinces situées au sud des Pays-Bas et la création de la Belgique en 1839 à l’issue du conflit, l’idée d’une nation luxembourgeoise indépendante de la confédération germanique s’en trouve légitimée, d’autant plus que les Luxembourgeois ont apporté un réel soutien à cette révolution. Pour reprendre la main sur son espace de souveraineté après la perte des provinces du Sud, Guillaume Ier, roi des Pays-Bas et Grand-Duc du Luxembourg décida de germaniser l’administration par l’introduction des lois et institutions inspirées des États de la confédération germanique dont la mise en application fut assurée localement par un personnel venu directement du Grand-Duché de Hesse. La politique de germanisation qui visait à séparer le Luxembourg francophone de sa province germanophone se heurta au refus des élites locales qui firent du français, une langue de résistance et de revendication de l’autonomie du Grand-Duché du Luxembourg. 

Avec l’échec de la germanisation et après la succession de Guillaume Ier par Guillaume II, les élites politiques et le nouveau Duc trouvèrent un compromis via la rédaction de la Constitution de 1841 et la création d’une assemblée où seuls siégèrent, les notables de nationalité luxembourgeoise : ce fut dont à cette nouvelle élite que revint la charge de définir les contours d’un nouvel appareil d’État luxembourgeois. A l’inauguration de la nouvelle assemblée, le discours en français de Guillaume II et les serments de 30 députés prononcés en français contre trois seulement en allemand, scellèrent l’apaisement entre le nouveau Duc et les élites sans manquer d’inscrire le français comme langue d’État et de l’administration. Face à la grogne venue à la fois des habitants de la province germanophone et de quelques 5 000 soldats de la garnison prussienne, le Duc rappela la parité de l’allemand et du français dans les affaires juridiques et administratives, parité consacrée par l’arrêté royal du 4 juin 1830. 

Alors que le Grand-Duché comptait moins de 200 000 habitants dont plus de 12 000 dans la seule capitale en plus de 5 000 soldats de la garnison de Prusse, la carte scolaire demeurait circonscrite autour d’une seule école jusqu’au milieu du XIXe siècle (Fehlen, 2015, p. 27) : l’Athénée, ancien collège jésuite fondé en 1603, devenu le centre de formation des élites du pays. Par sa prépondérance dans la politique scolaire nationale, l’Athénée devint un lieu de rivalité linguistique entre le français imposé par le haut et l’allemand dont les variantes dialectales étaient depuis longtemps parlées différemment dans des villages et contrées éloignés de la capitale. 

   En 1843, la loi sur l’instruction primaire clarifia la situation en imposant, selon l’esprit de l’arrêté royal de 1830 sur la parité linguistique, le français et l’allemand comme deux langues d’instruction. Mais dans les faits, cette parité linguistique portait en filigrane et ce, pendant plus d’un siècle, soit de 1848 à 1948, une supériorité de la langue française. Bien que favorisé par les élites francophiles, l’usage du français dans les classes populaires au Luxembourg demeura marginalisé tout au long du XIXe siècle, preuve d’une certaine résistance à la fois des familles, des localités et des catégories sociales. Avec la défaite de l’Allemagne en 1919 et la réorientation de l’économie luxembourgeoise vers la Belgique francophone et la France, l’urgence d’une maîtrise du français fut dictée par les impératifs économiques et les possibilités d’insertion professionnelle. Dès la montée en puissance du nazisme en Allemagne, les intellectuels francophones du Luxembourg suggérèrent d’utiliser le français comme « vaccin antigermanique » ; le refus d’une grande majorité de Luxembourgeois, conscients des ambitions hégémoniques du Troisième Reich, s’articula autour d’une volonté de forger « une identité ethnoculturelle » typiquement luxembourgeoise. Même si cette vision autocentrée du Luxembourg fut sans effet à court terme, le projet en lui-même servit de base à la suppression du bilinguisme en 1948, remplacé par la loi de 1984 sur le régime de langues qui consacra officiellement le français, l’allemand et le luxembourgeois comme des langues à part égale, faisant du Grand-Duché, un pays trilingue. 

Cependant, tout comme l’époque de la parité linguistique, l’expérience du trilinguisme au Luxembourg est fortement dominée par le français. C’est bien ce que qu’illustre cette vidéo dans laquelle de nombreux enfants assis dans des salles de classes apprennent à lire et parler en français. L’extrait montre en effet qu’au Luxembourg, la langue française est parlée dès l’âge de 7 ans tout comme l’allemand qui l’est dès 6 ans et le luxembourgeois qui est pratiqué depuis la cellule familiale. Autrement dit, la place du français est centrale dans la reproduction de l’espace social, les pratiques professionnelles et la construction des relations sociales et amicales au Luxembourg. 

Langue véhiculaire par excellence dans la communication orale et publique, le français n’est pourtant pas la première langue éditoriale du Grand-Duché, comme le souligne clairement la vidéo. Ici, on apprend que 95 % des articles de presse au Luxembourg sont en allemand et seul le Républicain Lorrain est entièrement en français, avec 15 000 exemplaires diffusés chaque jour.  Ce reportage montre l’écart entre la pratique populaire du français et la pratique éditoriale. Il présente les différents espaces de pratiques de la langue française. Langue intégrante du trilinguisme national luxembourgeois, la démocratisation du français telle que soulignée dans le reportage est assurée par deux facteurs : l’attraction des universités françaises et belges où de nombreux lycéens luxembourgeois fraîchement diplômés se dirigent ; le flux transfrontalier d’environ 65 000 français et belges qui traversent la frontière tous les jours pour travailler au Luxembourg sans compter de nombreuses communautés d’immigrés qui tous, utilisent le français pour communiquer et construire des relations tous azimuts. Si, comme l’indique la vidéo, le français est la première langue parlée au Luxembourg, il est cependant important de situer la dynamique plurielle de l’usage du français selon les espaces et les catégories socioprofessionnelles. Dans l’Administration luxembourgeoise, le français fait office de langue officielle notamment en ce qui concerne les affaires judiciaires ; selon une étude publiée par le ministère luxembourgeois de l’Éducation nationale en 2018, 99 % de la population luxembourgeoise parle le français au travail (Service information et presse du gouvernement luxembourgeois, 2008). Ces chiffres varient selon les secteurs professionnels car dans plusieurs commerces, de nombreux salariés sont francophones. Par ailleurs, la vie culturelle du pays (cinéma, théâtre) est dominée soit par des productions en version originale parfois sous-titrés en français, ou en version française. Toutefois, quelque soient les secteurs, les couches sociales et les classes d’âge, le français parlé au Luxembourg est traversé et nuancé par des mots belges, allemands ou des expressions lorraines et alsaciennes (patois lorrain ou alsacien, francique), des influences liées à la position géographique du Grand-Duché (Le Figaro, 2020). Sixième langue parlée au monde, le français constitue au Luxembourg un fait à la fois social, politique et géographique dont les ramifications transfrontalières structurent les rapports multiples dans l’espace Saar-Lor-Lux et au-delà, la Belgique.  

Bibliographie

  • Fernand Fehlen, « L’imposition du français comme langue seconde du Luxembourg. La loi scolaire de 1843 et ses suites. », Synergies Pays Germanophones, n°8, 7 avril 2015.
  • Service information et presse du gouvernement luxembourgeois, département édition « à propos... des langues au Luxembourg », 2008, [en ligne], https://luxembourg.public.lu/dam-assets/publications/a-propos-des-langues-au-luxembourg/a-propos-des-langues-fr.pdf, page consultée le 25 août 2021.
  • Parlez-vous le français du Luxembourg ?, Le Figaro, du 30/11/2020, page consultée le 25 août 2021. 

Transcription

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