La revue Mosella

François Reitel, professeur de Géographie, a été un des pionniers de l’Université de Metz, Doyen de la Faculté des Lettres et directeur du Département de Géographie et du Centre d’Études Géographiques de l’Université de Metz de 1971 à 1996, année de sa disparition, à l’âge de 68 ans.

Docteur honoris causa de l’Université de la Sarre, il a consacré ses recherches à l’espace germanique et en particulier à celui rhénan, mais également aux régions de l’Est de la France et à l’espace transfrontalier Saar-Lor-Lux comme le montrent ses nombreux écrits (Les Allemagnes (RFA et RDA), L’Allemagne. Espaces, économie et société , Saar-Lor-Lux Raum, La Lorraine, etc.). Il a contribué à la rédaction du premier atlas de la Grande Région (Saar-Lor-Lux Atlas) en collaboration avec des géographes sarrois en 1982. La même année, il a créé à l’Université de Metz le premier DESS (Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées) intitulé « Aménagement et Défense », ainsi qu’un autre diplôme de 3^e cycle, le DEA (Diplôme d’Études Approfondies) « Nations, Régions, Frontières en Europe de l’Ouest » auxquels ont participé des étudiants venus de la Grande Région, en particulier du Luxembourg. Ainsi, par ses recherches, mais aussi par ses enseignements et les coopérations transfrontalières qu’il a développées, François Reitel a sensibilisé nombre d’étudiants aux questions régionales, transfrontalières et européennes. 

Pour diffuser et faire rayonner les recherches menées en géographie à l’Université de Metz, François Reitel fonde en 1971 la Revue Mosella dont de nombreux articles portent sur des thématiques régionales et transfrontalières, ainsi que sur la géographie des pays voisins (Allemagne, Luxembourg et Belgique), avant de se porter vers d’autres territoires, comme l’Europe de l’Est et le Maghreb, au gré du développement des collaborations scientifiques du centre de recherches. 

Dans l’interview, il présente le premier numéro de Mosella et explique l’origine du titre de cette revue. Ce nom qui, par la rivière éponyme réunit les pays riverains (France, Luxembourg et Allemagne), fait référence au poème d’Ausone. Précepteur d’origine bordelaise Ausone a vécu à la cour de l’empereur romain à Trèves au IV^e siècle et pour cela symbolise selon François Reitel, le contact entre les civilisations germanique et latine. Ce poème en latin est un hymne à la Moselle et aux régions qu’elle traverse. La revue comporte ainsi dans son titre même une dimension européenne. Il souligne l’une des préoccupations des recherches messines : l’étude des régions européennes de contact. Ce sont essentiellement des questions de géographie humaine et économique qui sont abordées, et un des premiers articles est d’ailleurs consacré au vignoble luxembourgeois. Le premier numéro de la revue traite de thèmes qui, cinquante ans après, trouvent un écho dans l’actualité (articles sur le climat à Metz, sur l’évolution démographique de la région), tout comme d’autres articles dans les numéros suivants : « Le Luxembourg. Un espace ouvert de l’Europe rhénane » (1977), « Luxembourg : une ville aux fonctions internationales conquérantes » (1987), « Stratégies de développement des agglomérations lorraines situées le long de la frontière franco-luxembourgeoise » (2000), « Les aires urbaines transfrontalières en Europe » (2007), etc. Malheureusement, la revue Mosella, s’est éteinte après le tome XXXIV publié en 2013. Elle n’a pas survécu à la fusion des universités de Metz et de Nancy donnant naissance en 2012 à l’Université de Lorraine et entraînant également la fusion des centres de recherches en géographie messin et nancéien qui avaient chacun leur revue. La reconfiguration des deux départements d’études géographiques n’a permis le maintien que d’une seule revue, la Revue Géographique de l’Est, créée à Nancy en 1961. La revue Mosella peut toutefois être consultée, entre autres, à la Bibliothèque Universitaire de Metz et certains articles sont disponibles sur Internet.