Le projet Esch-Belval
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Résumé
Michel Mercier, ministre de l'aménagement du territoire, effectue une visite en Lorraine pour assister à la présentation de ce que sera la partie française du futur quartier franco-luxembourgeois Esch-Belval.
Le point avec Emmanuel Bouard sur ce projet devenu côté français opération d'intérêt national.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
07 janv. 2010
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Contexte historique
ParDocteur en Socio-anthropologie, Université du Luxembourg
En 2010, le site de Belval, au Grand-Duché du Luxembourg, est en pleine transformation. Ceci fait suite à la décision de reconvertir l’ancienne friche sidérurgique en un nouveau quartier économiquement dynamique ayant vocation à devenir un lieu de vie, de travail, d’étude et de consommation important dans le sud du pays. Une salle de concert y existe déjà depuis cinq ans, une gare ferroviaire est en voie d’achèvement.
Belval fait partie de la commune d’Esch-sur-Alzette, deuxième ville du Luxembourg. Il s’agit d’une ancienne forêt transformée en usine appartenant à l’Arbed. L’Arbed fait partie du groupe Arcelor Mittal (premier groupe sidérurgique mondial après sa fusion avec Aceralia, Usinor en 2002 et puis Mittal Steel Company en 2006).
Le complexe sidérurgique de Belval était à la pointe de la modernité industrielle de son époque. Il a constitué un bassin d’emploi pour des milliers de salariés tout au long du XXe siècle et a produit des millions de tonnes d’acier et de fonte.
L’apogée de l’exploitation du site eut lieu dans les années 1960 et 1970. Ensuite s’amorce une phase de déclin allant jusqu’au transfert d’un haut-fourneau complet en Chine, au milieu des années 90. La production sidérurgique à Belval s’est terminée en juillet 1997, libérant 120 hectares de friches industrielles.
En l’an 2000, deux hauts-fourneaux ont été conservés comme témoins du patrimoine industriel luxembourgeois et un ambitieux partenariat public-privé entre l’État luxembourgeois et l’Arbed a été mis en place. Cela s’est concrétisé par l’émergence d’un nouveau quartier combinant logements, campus universitaire, salle de concerts, centre commercial et différentes activités économiques.
Toutefois, comme l’indique dans l’extrait vidéo, le président français Nicolas Sarkozy, tout un chacun peut constater qu’en 2010 Belval « sort de terre » au Luxembourg, alors que côté français, la concrétisation du projet Micheville se fait attendre.
En effet, en Lorraine, les 45 ou 50 hectares d'anciennes usines et puits de mines du site de Micheville (situé à cheval sur les communes d’Audun-le-Tiche, Villerupt et Russange à côté de Belval) forment toujours une friche industrielle suite à l’arrêt de l’usine en 1985. Rien n’a véritablement changé malgré les nombreuses déclarations et projets formulés côté français.
En 2010, ce reportage montre le retard pris par la région Lorraine pour se reconvertir en tirant parti du dynamisme luxembourgeois pour établir une synergie entre la mutation de Belval au Luxembourg et la reconversion de Micheville en France.
Dans ce reportage, le retard pris par la France pour reconvertir ses friches industrielles par rapport à ce qui est fait au Luxembourg inquiète. En effet, Belval constitue une opportunité pour les frontaliers français en termes d’emplois mais également une menace en tant que concurrence commerciale. Belval étant potentiellement en mesure d’« assécher les économies des zones frontalières » françaises.
Cinq ans plus tard, en 2015, on estime à déjà plus de 13 000 le nombre de personnes qui se rendent quotidiennement à Belval. Alors qu’à Micheville, la situation n’a pas encore significativement progressé. L’objectif d’y créer initialement 1 973 logements n’y est envisagé que pour l’horizon 2025, avec un début de travaux dès 2015. L’édification du Pôle culturel de Micheville spécialisé dans les domaines de l’audiovisuel et des arts numériques, des arts scéniques et du cinéma y débute à partir de 2019 pour s’achever en 2021. En septembre 2020, ce dernier sera rebaptisé l’Arche après consultation populaire auprès des habitants. Le bâtiment aura coûté 80 millions d’euros, subventionnés à 80 %. Le projet vise à associer le monde associatif local et à faire participer les habitants, en valorisant par la culture un ancien site industriel.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Hélène Messang
Autre titre dans l’actualité de ce jeudi, la visite de Michel Mercier dans notre région.À l’ordre du jour de cette visite du ministre de l’Aménagement du territoire, la présentation de ce que sera la partie française de la nouvelle ville de Belval.Belval qui, côté luxembourgeois, vous le savez, nous en avons déjà parlé, est très avancée.Michel Mercier, bonjour.Merci d’être avec nous.
Michel Mercier
Bonjour.
Hélène Messang
La France avait du retard, une dizaine d’années peut-être, sur ce sujet.Enfin, le gouvernement prend la mesure de ce que peut être l’implication française dans ce dossier ?
Michel Mercier
Écoutez, moi, je suis là aujourd’hui parce qu’en septembre, le Président de la République est venu en Lorraine et qu’il a donné un coup d’envoi au dossier de Belval.Ce dossier traînait et nous avons décidé d’en faire une opération d’intérêt national.C’est ce qu’avait déclaré le président de la République, et ce matin, je suis sur place pour lancer l’opération d’intérêt national.
Hélène Messang
Alors avant d’en parler plus précisément avec vous, il faut repréciser ce qu’est Belval, et pour cela, Emmanuel Bouard est avec nous.Bonjour.
Emmanuel Bouard
Bonjour Hélène.
Hélène Messang
Quelques précisions sur la genèse de Belval.
Emmanuel Bouard
Alors c’est un projet du gouvernement luxembourgeois qui a été lancé en 1996, la construction d’une ville nouvelle à côté d’Esch-sur-Alzette au Luxembourg, tout près de la frontière française, à quelques centaines de mètre d’Audun-le-Tiche, sur un ancien site sidérurgique.Alors on va garder les deux hauts-fourneaux pour le décor et sur le reste du site, le gouvernement luxembourgeois investit depuis près d’un milliard d’euros, avec notamment la construction d’une cité des sciences, une salle de musique actuelle, le déménagement des archives nationales.Et puis aussi des constructions privées, des commerces, des bureaux, avec deux banques qui vont transférer leurs sièges luxembourgeois sur place.Et puis aussi des logements de standing.Au total, quand tout sera réalisé dans quelques années, près de 60 000 personnes vivront ou travailleront sur place donc dans cette ville nouvelle d’Esch-Belval.
Hélène Messang
Alors en quoi sommes-nous concernés ?
Emmanuel Bouard
D’abord parce qu’il fait travailler des frontaliers ou il va faire travailler des frontaliers.Ça nous concerne parce que le développement économique de Belval, s’il n’est pas associé à celui des secteurs français environnants, peut complètement assécher l’économie de ces zones frontalières.Il faut donc essayer d’équilibrer en quelque sorte ce développement en créant des projets en Moselle et en Meurthe-et-Moselle.Le problème, c’est que depuis 96, rien n’a vraiment avancé du côté lorrain.Donc, effectivement, coup de colère du président Sarkozy en octobre dernier lors de sa visite à Metz.Je vous propose de le réécouter.
Nicolas Sarkozy
Du côté luxembourgeois, une ville sort de terre.Du côté français, rien ne se passe depuis 20 ans.Je ne suis pas élu depuis 20 ans.Je veux bien avoir les épaules larges.Mais enfin, quand même, qu’est-ce qu’on attend ?On me dit que c’est un beau projet, heureusement que c’est un beau projet parce que si ce n’était pas un beau projet, qu’est-ce que ça serait ?Esch-Belval va devenir un projet prioritaire, un modèle d’éco-cité transfrontalière, qui sera la vitrine de la Lorraine dans les nouvelles technologies vertes.C’est un très beau projet.Eh bien, nous allons en faire une priorité nationale, et je vous annonce que Michel Mercier va créer une opération d’intérêt national, qui permettra à l’État de soutenir directement et concrètement l’avancement du projet.Dans les six mois, cher Philippe Leroy, je vous annonce un programme et un calendrier.
Hélène Messang
Alors des noms, des appellations, de quoi s’agit-il exactement ?
Emmanuel Bouard
Alors, les contours sont en fait encore assez flous.Le président Sarkozy veut une ville nouvelle arrimée à Belval, sur l’ancien site sidérurgique de Micheville, vous allez le voir sur la carte préparée par Claude Mangin.Cette friche sidérurgique, elle se trouve donc entre Audun-le-Tiche et Villerupt, à quelques kilomètres, moins de deux kilomètres d’Esch-Belval.Donc le président Sarkozy veut une éco-cité, une ville dédiée au développement durable, avec l’installation d’entreprises innovantes dans ce domaine, un peu sur les modèles qu’on connaît déjà en Allemagne, à Fribourg ou en Suisse, à Neufchâtel, mais il reste quand même beaucoup de zones d’ombre.Qui va venir s’installer précisément dans cette zone ?Qui va payer ?C’est une opération d’intérêt national donc on imagine que l’État va s’engager mais pour, sur combien, sur quel montant, et surtout qui va piloter le projet qui, je vous le rappelle, est resté au point mort pendant 15 ans ?
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