Journée ville morte en Lorraine
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Au lendemain de l'annonce de la suppression de milliers de postes dans la sidérurgie française, des manifestants, venus en nombre, se rassemblent dans les rues de Metz.Une manifestation à laquelle participent des politiques du PC et du PS, parmi lesquels François Mitterrand.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
12 janv. 1979
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Contexte historique
ParDoctorant en Histoire, Crulh, Université de Lorraine
Le 12 janvier 1979 entre 50 000 et 80 000 personnes défilent à Metz contre le démantèlement de l’industrie sidérurgique en Lorraine. Depuis plusieurs mois déjà et avec comme toile de fond une crise européenne de ce secteur industriel, les principaux groupes sidérurgiques implantés dans la région multiplient les annonces de fermeture d’usines et de suppression d’emplois. Le 9 décembre 1978, Sacilor-Sollac annonce la suppression de 8 500 emplois en Moselle échelonnée sur les années 1979 et 1980. Le 11 décembre, c’est la fermeture de l’aciérie de la Chiers-Châtillon qui est annoncée avec à la clé la suppression de 1 850 emplois. C’est dans le bassin de Longwy que la crise sidérurgique frappe le plus fort puisque le 12 décembre 1978 Usinor annonce la suppression de 4 700 postes de travail. La situation est telle que Le Républicain Lorrain titre en une le lendemain : Usinor frappe Longwy à mort
.
La manifestation du 12 janvier 1979 à Metz revêt donc une dimension régionale. Le reportage débute d’ailleurs sur des images de manifestants attendant en gare d’Hagondange puis enchaîne sur un défilé de voitures, drapeaux aux vents, rejoignant la ville de Metz. On comprend dès lors que c’est toute la Lorraine sidérurgique qui se retrouve dans les rues de la préfecture mosellane ce jour-là. D’emblée on voit à l’écran des affiches et drapeaux faisant référence aux syndicats CFDT et CGT. Ceux-ci vont constituer l’avant-garde de la lutte contre les restructurations industrielles qui touchent la région, tout en ayant des positions différentes sur les solutions à apporter à la crise sidérurgique. La CFDT insiste sur la protection de l’emploi, résumée derrière la formule SOS Emploi
que l’on voit inscrite sur des affiches que la caméra filme. Pour ce syndicat, la préservation de l’emploi passe par la sauvegarde et la modernisation d’une partie de l’industrie sidérurgique mais aussi par la diversification de l’emploi dans une région marquée par la mono-industrie. Syndicat majoritaire, La CGT, revendique, quant à elle, le maintien et la modernisation de l’ensemble des infrastructures de l’industrie sidérurgique. Pour elle, la sauvegarde de la sidérurgie passe principalement par la nationalisation du secteur. Cette revendication est portée à l’écran au début du reportage sous la forme d’un graffiti peint sur un wagon. On la retrouve également sur un certain nombre de banderoles dans la manifestation.
Le reportage enchaîne avec un plan large de la tête de cortège. La banderole de tête porte la marque de l’intersyndicale, réunie autour d’un message commun : Par notre lutte unie Lorraine vivra
. Cette présence des principaux syndicats nationaux conjuguée au nombre très important de manifestants, 80 000 selon les organisateurs, témoignent de la forte mobilisation d’une partie conséquente de la population lorraine contre le démantèlement de l’industrie sidérurgique. Elle témoigne également de l’attachement à l’histoire du fer et de l’acier qui a marqué la région tant sur le plan économique et social que sur le plan politique et culturel. On comprend également que cette manifestation est davantage syndicale que politique et qu’elle laisse la part belle aux travailleurs. Ainsi, les organisations politiques, de gauche principalement, réunies autour du PS et du PC, sont-elles reléguées en fin de cortège. Le reportage se termine d’ailleurs sur l’interview de François Mitterrand, alors premier secrétaire du parti socialiste. Dès son arrivée au pouvoir en 1981 ce dernier décidera de la nationalisation du secteur sidérurgique, entérinant ainsi un processus enclenché avant lui. Mais cette mesure ne suffira pas à enrayer le déclin de cette industrie nationale et en 1983-1984, le gouvernement Mauroy renouera avec la politique de restructuration et de fermetures des sites sidérurgiques. Par leur présence à cette manifestation, les partis de gauche marquent leur opposition à la politique de Raymond Barre et leur soutien aux ouvriers impactés par les mesures. Les drapeaux rouges que l’on voit fleurir dans la manifestation et l’Internationale que l’on entend retentir traduisent l’affiliation d’une partie des manifestants à ces organisations de gauche, aux premiers rangs desquelles le Parti Communiste, très implanté dans la région.
On entend également les manifestants scander des slogans à propos de Longwy et on devine une forte participation des longoviciens à cette manifestation. Il faut dire que la principale ville du Pays Haut lorrain est au centre des débats en cette année 1979. Suite aux annonces d’Usinor et de Sacillor-Solac, un vif mouvement de lutte s’enclenche dans le bassin de Longwy, qui mobilisera la majorité de la population pendant plus de six mois. Cette lutte aura un fort retentissement médiatique, notamment à travers les opérations « coups de poings » organisées par la CFDT locale telles que « l’enlèvement » de Johnny Hallyday en mars et celui du trophée de la Coupe de France en juin, la création de la radio Lorraine Cœur d’Acier par la CGT et la marche sur Paris qui a rassemblé près de 100 000 personnes. Cette mobilisation va contribuer à l’établissement d’une Convention Générale de Protection Sociale par le gouvernement en juin 1979. Celle-ci prévoit un accompagnement social conséquent pour les travailleurs impactés par les suppressions de poste.
Les restructurations industrielles se poursuivent en Lorraine jusqu’à aujourd’hui encore, alternant fermeture d’usines et modernisation des sites. Cette région est donc durablement impactée par ces bouleversements économiques et sociaux. Tout un monde ouvrier s’est désagrégé dans le sillage de cette reconfiguration de l’industrie du fer et de l’acier. La reconversion se fait différemment d’un territoire industriel à un autre, dans le Pays Haut Lorrain c’est la proximité avec le Luxembourg et la création du Pôle Européen de Développement qui assure une continuité salariale tandis qu’en Moselle tentent de s’implanter d’autres types d’industries, notamment automobiles. C’est donc une page de l’histoire régionale qui se tourne avec l’arrêt de l’extraction du fer (1997) et la fin de la filière chaude de la fabrication de l’acier (2013).
Bibliographie
- Pascal Raggi, La désindustrialisation de la Lorraine du fer, Paris, Classiques Garnier, 2019.
Transcription
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