La Lorraine peine à structurer un projet pour le côté français d'Esch-Belval
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Au Luxembourg, les contours d'Esch-Belval sont clairs : 20 000 emplois d'ici à 10 ans et 1 milliard d'euros d'investissement. Côté français, c'est flou, estime Roger Cayzelle, président du Conseil économique et social de Lorraine, bien que des projets pour la friche de Micheville existent. Les financements manquent. Explications avec André Weiler, maire d'Aumetz et Edouard Jacque, député de Meurthe-et-Moselle.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
16 sept. 2006
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Contexte historique
ParDocteur en Socio-anthropologie, Université du Luxembourg
En 2006, le site de Belval, situé à la frontière française au Grand-Duché du Luxembourg, est une friche industrielle avec encore quelques activités sidérurgiques. Mais ce site est déjà en pleine mutation en vue de devenir un nouveau quartier moderne et économiquement dynamique.
Par exemple, la Rockhal qui est la plus grande salle de concerts du Luxembourg y a été inaugurée à l’occasion d’un concert de The Prodigy en septembre 2005. De nombreuses constructions sont aussi en cours sur le site de Belval, ce qui témoigne de la volonté de reconversion de cette friche industrielle luxembourgeoise.
Belval est un quartier périphérique de la commune d’Esch-sur-Alzette, deuxième ville du Luxembourg. Il est localisé sur une zone initialement boisée dénommée le « Clair-chêne ». Autrefois, lieu dédié à la production d’eau minérale en bouteille, un grand complexe sidérurgique y fut implanté à partir de 1909. Cette usine construite par l’entreprise allemande Gelsenkirchener Bergwerks A.G fut, après la première guerre mondiale, exploitée et significativement agrandie par l’entreprise luxembourgeoise Arbed.
Le complexe sidérurgique de Belval fut l’un des plus modernes d’Europe. Ses hauts-fourneaux ont donné de l’emploi à des milliers d’ouvriers et permis de produire des centaines de milliers de tonnes d’acier et des millions de tonnes de fonte.
L’apogée de l’exploitation du site eut lieu dans les années 1960 et 1970. Ensuite s’amorça une phase de déclin menant à sa progressive désindustrialisation. En 1995, le haut-fourneau C a été vendu à une entreprise chinoise. Il a été démonté puis remonté à Kunming, capitale de la province du Yunnan, en Chine. La production sidérurgique à Belval s’est terminée en juillet 1997. Dès lors s’est posée la question du devenir de ce site de 120 hectares.
Les hauts-fourneaux A et B ont été classés en tant que monuments historiques en juin 2000 par le gouvernement luxembourgeois et ils seront conservés comme témoins du patrimoine industriel du pays.
En 2000 également, l’État luxembourgeois et l’Arbed fondent conjointement une société en partenariat public-privé nommée Agora. Agora a pour mission de développer un nouveau quartier à Belval. Il s’agit d’un des projets de développement urbain les plus ambitieux d’Europe (combinant logements, campus universitaire, salle de spectacles et activités économiques). Le renouveau de Belval symbolise aussi pour le sud du Luxembourg, une volonté de passer d’une économie locale reposant sur les activités d’industrie lourde à une économie basée sur les technologies de l’information et de la connaissance. Les anciens hauts-fourneaux constitueront le décor monumental du nouveau quartier. Le budget du projet est d’environ 11 milliards d’euros.
Ce reportage diffusé en septembre 2006 présente la situation locale en Lorraine au niveau de la frontière, à quelques kilomètres de Belval. La reconversion de Micheville est bien plus lente que celle de Belval. Beaucoup moins d'argent y a été injecté et le contexte administratif et politique s’avère très différent d’un pays à l’autre. Il explique les enjeux que doit surmonter la région lorraine pour se coordonner et tirer parti du dynamisme luxembourgeois en établissant une synergie entre la mutation de Belval au Luxembourg et la reconversion de Micheville en France.
Côté français, les 45 ou 50 hectares d'anciennes usines sidérurgiques et puits de mines du site de Micheville (situé à cheval sur les communes d’Audun-le-Tiche, de Villerupt et de Russange) qui jouxtent directement Belval restent essentiellement dans un état de friche industrielle où la nature reprend progressivement ses droits. En 2006, peu de choses ont changé depuis la fermeture du site de Micheville. Des projets ambitieux sont cependant évoqués (logements, lieux culturels d’envergure, commerces…).
Cet écart entre la reconversion de deux friches industrielles initialement assez similaires (Belval au Luxembourg et Micheville en France) témoigne des différences entre les deux Etats dans le domaine de la reconversion industrielle en terme de moyens budgétaires engagés et de suivi politique assuré.
En effet, au Luxembourg (pays de 469 100 habitants en 2006), quand l’activité sidérurgique entamait son déclin, les secteurs bancaires et financiers prenaient le relais en occupant une place stratégique dans le cadre de l’unification européenne (CECA, CEE, Union Européenne…).
En parallèle, la Lorraine, région française d’un pays de près de 62 millions d’habitants en 2006, met beaucoup plus de temps pour parvenir à remplacer l’activité sidérurgique par une autre activité économique.
Ainsi, en 2015 on estime que déjà plus 13 000 personnes se rendent quotidiennement à Belval. Le site abrite la Cité du Savoir, un campus structuré autour de l'Université du Luxembourg, une salle de concerts, des bâtiments appartenant au groupe bancaire Dexia-BIL, de nombreux logements et un centre commercial frontalier fréquenté par les résidents français et luxembourgeois. Ceci alors que la reconversion du site de Micheville commence à peine.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Dominique Duforest
Alors, l’une des priorités du contrat de projet, c’est le développement d’Esch-Belval.Esch-Belval, c’est cette zone proche de la frontière près de Longwy, au Luxembourg, où le Luxembourg a décidé de développer 25 000 emplois dans les années qui viennent.Quelle participation pour la Lorraine ?C’est ce qu’on peut se demander.Et donc, Jean-Christophe Dupuis-Rémond et Eric Molodtzoff sont allés voir les maires des communes qui commencent à dire que le contrat de projet ne leur donne pas assez d’argent pour un développement normal.
Jean-Christophe Dupuis-Rémond
1 milliard d’euros d’investissement, 20 000 emplois dans 15 ans, le projet de Belval n’est plus une chimère, les structures sont déjà en partie érigées.Mais du côté français et à quelques centaines de mètres d’Esch-Belval, le site de Micheville est encore une friche minière et industrielle.Pourtant les idées ne manquent pas, sur ces 300 hectares pourraient être implantés un pôle cinéma, un pôle mécanique ou encore un pôle administratif,des sapeurs-pompiers, de l’habitat, des aménagements proposés par la communauté de communes Pays Haut Val d’Alzette qui les a intégrés dans son projet de territoire.Mais les finances des communes ne pourront soutenir les projets sur Micheville qu’à hauteur de 20 %.Le reste de l’argent viendra des autres collectivités, départements, régions et bien sûr États, notamment dans le cadre du contrat de projet.Or, sur 50 millions d’euros espérés de l’État pour développer le pendant français de Belval, seuls 9 millions d’euros sont aujourd’hui annoncés,au risque de devoir réduire l’ampleur de ce qui pourrait notamment être implanté à Micheville.
André Weiler
Ce n’est pas pour ça que la communauté de communes, et je dirais l’ensemble des gens vivant dans cette région, vont abandonner le projet de réindustrialiser Micheville.Et aujourd’hui, il est clair que l’évocation ou le financement d’une partie de ces projets par du privé est aussi d’actualité.Et il ne serait pas idiot de penser qu’une société à caractère d’économie mixte, privé, État, collectivité publique, collectivité territoriale et les communes, puissent ensemble faire avancer ce projet.
Edouard Jacque
Il y a eu des controverses lorsqu’on a décidé de faire le cinéma par exemple, il y en a eu sur d’autres sujets sur l’inter-communauté.On a le droit de débattre, on a le droit de manifester, si différence, on a le droit.Mais il y a un moment où il faut se rassembler pour gagner et pour réussir, sinon je n’imagine pas, on ne peut pas jouer les pleureuses en permanence.Et puis d’autant plus à Longwy, que on l’a vécu très longtemps et on a vu sur quoi ça débouchait.
Jean-Christophe Dupuis-Rémond
Le message est clair, même si tout l’argent espéré de l’État n’arrive pas, les élus de droite et de gauche du Pays Haut ne baisseront pas les bras.
Dominique Duforest
Alors, c’est vrai qu’il y a des hésitations, on a l’impression pour la Lorraine, de nombreux élus, pas les élus locaux,enfin ceux qui sont vraiment près du projet, mais autour ça n’a pas l’air de s’organiser tellement pour développer ce projet qui est quand même semble-t-il très important juste à la frontière.
Roger Cayzelle
Oui, ça commence à ressembler au monstre du loch Ness quoi.C’est-à-dire que c’est cette bestiole dont tout le monde parle mais qu’on ne voit jamais quoi.Personne n’est capable de décrire aujourd’hui ce qu’on veut faire autour de ce projet.Les Luxembourgeois vont nous faire une ville de 12 000 à 20 000 habitants dans les 10 ans qui viennent en décentralisant leurs activités.Ça pose d’ailleurs des débats au Luxembourg.Qu’allons-nous faire en face ?Alors il y a un mythe qui est cassé aujourd’hui, que je pense que tout le monde a compris, c’est qu’on ne fera pas en face la même zone d’activité.On ne va pas faire la même chose que les Luxembourgeois.Donc, comment imaginons-nous largement l’activité par rapport au Luxembourg, en gros du Pays Haut et du nord de la Lorraine ?
Dominique Duforest
Alors vous proposez quoi, que ce soit... qu’on les loge ?Qu’on donne aux Luxembourgeois leurs habitations ?Qu’on les loge ?
Roger Cayzelle
Alors voilà, pour l’instant il y aura beaucoup d’économie résidentielle, soit de Luxembourgeois, soit de personnes qui vont travailler au Luxembourg.C’est une donnée, ça ne peut pas être que ça.Donc, comment est-ce qu’on peut imaginer ensemble un projet global ?Là, il faut que les élus discutent.Je trouve qu’au niveau local, ils ont pris de l’avance, ils ont plus d’idées aujourd’hui au plan local.Nous allons d’ailleurs les rencontrer, soit dans le bassin de l’Alzette, soit à Longwy.Tout est fait d’imaginer quelque chose, imaginons ensemble un avenir pour ce territoire et ne laissons pas simplement faire les choses.Le développement du Luxembourg est une chance pour cette région mais il faut un peu l’organiser.Une ville l’a bien compris d’ailleurs, c’est Thionville.Thionville a bien compris qu’elle profitait aujourd’hui du développement luxembourgeois.et ouvre la... Jean-Marie Demange ouvre la maison du Luxembourg, essayons d’imaginer ça.
Dominique Duforest
Ils disent aussi manque d’argent, parce que le contrat de plan prévoit certes le développement du pôle d’Esch-Belval mais ils donnent beaucoup moins d’argent, 9 millions plutôt que deux ou trois fois plus que ce qui est le besoin, si on veut lancer des projets concrets.
Roger Cayzelle
Ah oui, oui, la somme consacrée pour l’instant est ridicule.On n’avancera pas là-dessus.Mais entre les enveloppes, il faut savoir que sur le contrat de projet, entre les enveloppes, on peut bouger, donc on peut affecter de l’argent si on veut.Si la volonté politique existe et si on estime que c’est quelque chose de vital, on peut le faire.Notamment on le voit bien en termes de ce qu’on appelle la requalification urbaine.C’est-à-dire qu’il faut redonner à nos villes un peu plus d’attractivité, en terme d’urbanisme quoi, il y a un gros travail à faire là-dessus.Et puis il faut écouter les élus locaux, parce que si on n’écoute pas les élus locaux, on ira dans le mur.
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