Le TPL s'implante à Thionville
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Ce reportage porte sur le Théâtre Populaire de Lorraine. Installé à Metz, le théâtre, ne recevant désormais plus de subvention de l'État, décide de quitter la ville. Le Théâtre Populaire de Lorraine se rend à Thionville, où la municipalité lui donne les moyens financiers de fonctionner. Thionville souhaite créer une vie culturelle dans sa ville. En outre, la ville de Longwy souhaite aussi accueillir la troupe de théâtre. La culture est indispensable et devrait être accessible à tous, ainsi les municipalités font des efforts financiers et cherchent à attirer le Théâtre Populaire. Cette troupe se rend aussi dans les écoles pour y donner des représentations et tenter d'intéresser les jeunes.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
09 févr. 1978
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Contexte historique
ParMaître de conférences HDR en Arts du spectacle, 2L2S, Université de Lorraine
Né en 1938, et formé, au début des années 1960, au Conservatoire de Paris, Jacques Kraemer a fondé à 25 ans, en 1963, le Théâtre Populaire de Lorraine (TPL) dans sa ville natale de Metz. Militant communiste, inspiré par Bertolt Brecht et Roger Planchon, le comédien, metteur en scène et dramaturge entendait faire de sa compagnie, à la fin des années 60, une « communauté ouvrière ». Il en resta directeur jusqu’en 1982, avant de céder la place à Charles Tordjman au moment de créer la Compagnie Jacques Kraemer et avant de devenir bientôt, lui-même, directeur du Théâtre de Chartres (de 1993 à 2005). Metz ne disposait alors que de son Théâtre municipal, salle historique (fondée en 1752) mais dévolue principalement à la musique, au spectacle lyrique et, dans une moindre mesure, au théâtre de boulevard (Galas Karsenty, etc).
Faisant face à des difficultés économiques, la compagnie s’installa un temps à Villerupt (1969-1972), avant de revenir à Metz (1972-1977), un an après l’élection de Jean-Marie Rausch à la tête de la municipalité. Sur l’Île du Saulcy, Le TPL occupe alors un modeste bâtiment pouvant accueillir une centaine de spectateurs [1].
Après la création remarquée, dès la première année, de Paolo Paoli, d’Arthur Adamov (dans la salle de l’Hôtel des Mines [2]), le TPL développa une activité qui aurait pu déboucher, dans la logique de la décentralisation théâtrale initiée par André Malraux, Jeanne Laurent et Jean Vilar, sur la création d’un Centre Dramatique. En 1974, le ministre de la Culture (Michel Guy) paraissait favorable à cette éventualité. Mais il en alla tout autrement, du fait du marquage politique de la compagnie qui, dans la foulée des événements de mai 1968, continua à assumer son militantisme, jouant souvent dans les usines en grève et occupées.
Des dissensions ne manquèrent pas d’éclater entre une municipalité de droite et une compagnie dont le « gauchisme » s’affichait ostensiblement. L’affrontement se cristallisât, au printemps 1975, autour de Noëlle de Joie, un spectacle qui s’en prenait frontalement au principal organe de presse local, le Républicain Lorrain. La satire portait sur « Noël de joie », une campagne de charité annuelle orchestrée par le quotidien et où s’engageait personnellement sa directrice, Marguerite Puhl-Demange, fille du fondateur du journal [3]. La patronne de presse crut se reconnaître sous le sobriquet de « Marguerite Manche-de-pull » et sur l’affiche du spectacle, qui représentait une Jeanne d’Arc à tête de vache sur un tas d’or. Ce spectacle aura été la goutte d’eau qui fait déborder le vase, entraînant la chute de Jacques Kraemer et de ses comédiens.
Nonobstant le soutien de l’État, la compagnie dut alors s’exiler et trouva, opportunément, à se réfugier dans deux communes voisines où venaient d’être élus des maires communistes : Paul Souffrin (à Thionville) et Jules Jean (à Longwy). Dans le document d’archive, ce dernier évoque la nécessité d’une politique culturelle volontariste dans un territoire en pleine récession économique.
C’est ainsi que Metz manqua l’occasion, lourde de conséquence, de s’équiper durablement d’un Théâtre de création. À Thionville, le TPL devait obtenir, en 1989 le statut de Centre Dramatique Régional (CDR), sous la direction de Charles Tordjman, puis National (CDN), en 2008, sous celle de Laurent Gutmann [4].
On remarquera sur les images d’archive, l’affiche d’un des spectacles emblématiques de la compagnie : Minette la bonne Lorraine, placardée sur la porte du théâtre de Thionville. En 1977, il s’agit de la reprise de Splendeur et misère de Minette la bonne Lorraine, texte de Jacques Kraemer (en collaboration avec René Gaudy), créée à Villerupt en 1968.
[1] Ce minuscule théâtre sera remplacé, une trentaine d’années plus tard, à l’initiative de l’Université de Metz, par l’actuel Espace Bernard-Marie Koltès, à la fois théâtre universitaire et scène conventionnée.
[2] Événement marqué par un premier scandale : le général Massu, gouverneur militaire de la place de Metz, quitte la salle à l’entracte.
[3] La figure de cette femme remarquable inspira (très librement) à Patrice Chéreau le personnage Judith Therpauve, dans son film éponyme, tourné à Metz et dans les environs (1978).
[4] Laurent Gutmann, nommé directeur du TPL en 2004, abandonnera le nom historique, le TPL devenant simplement Centre Dramatique de Thionville Lorraine, après quoi Jean Boillot, en 2010, donnera à la structure culturelle le nom qu’elle porte aujourd’hui : NEST (Nord Est Théâtre, CDN de Thionville).
Bibliographie
- Michel Caffier, Le Théâtre en Lorraine, Éditions Serpenoise, Metz, 1997.
Transcription
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