Les accords d'Evian et le Cessez-le-feu

21 mars 1962
02m 16s
Réf. 00175

Notice

Éclairage

Le 20 mai 1961, les négociations visant à rétablir la paix en Algérie s'ouvrent entre la France et les plénipotentiaires du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Les discussions sont longues, houleuses, par trois fois ajournées. Elles aboutissent à l'Hôtel du Parc d'Evian, le 18 mars 1962, après une accélération des pourparlers déterminée par l'aggravation du conflit et la vague du terrorisme OAS de janvier-février. En France, la tension aboutit en effet "à faire régner une atmosphère de guerre civile larvée [en France] dans laquelle le pouvoir risque (...) de perdre toute autorité et toute crédibilité".

Lorsque débute le troisième round des négociations, le 7 mars, la France accepte donc de faire des concessions - abandon du Sahara en particulier - pour obtenir la paix. Le 18 mars, Louis Joxe et Krim Belkacem, qui dirigent respectivement les deux délégations, signent les accords dits d'Evian. Après plus de huit ans de guerre, ceux-ci mettent fin aux opérations militaires, à partir du 19 mars à midi. Le 3 juillet, alors que les Français se sont prononcés par référendum le 8 avril à plus de 90% en faveur de l'indépendance algérienne, le général de Gaulle proclame officiellement la naissance de l'Algérie souveraine. [Serge Berstein, La France de l'expansion. La République gaullienne, Le Seuil, 1989]

Le 18 mars, au nom du GPRA, Ben Khedda (qu'on voit à la fin du sujet) annonce le cessez-le-feu sur les ondes de Tunis, Rabat, Tanger, Tripoli et Le Caire. À vingt heures, en France, depuis l'Élysée, le général de Gaulle fait état de la conclusion des accords d'Evian – c'est un extrait de cette allocution qu'on voit dans ce sujet. Cet extrait est monté à la suite de séquences illustrant l'agitation du dernier jour de négociation à Evian (journalistes, commentaire sur leur impatience) et l'aboutissement des discussions (plan d'ensemble sur la pièce de négociation vide, calme, emblématique de la paix retrouvée).

Le Général montre ici son sens de la communication politique et les progrès qu'il a fait, face à la caméra, par rapport à son retour au pouvoir en 1958. Il prend soin de paraître spontané. Il ne lit pas son texte. On le lui a reproché en 1958-1959. Il le dit. En outre, selon ses propres termes, il évite les "gestes excessifs". Enfin, il fixe la caméra, c'est-à-dire les Français. Jouant ainsi de la solennité qui sied à ce moment historique et d'un naturel étudié pour bien passer à l'écran, il cherche à renforcer l'impact de son message centré sur l'avenir des relations et des destins croisés de la France et de l'Algérie.

Bibliographie :

Jérôme Bourdon, Histoire de la télévision sous de Gaulle, INA-Anthropos, 1990.

Jérôme Bourdon, Haute fidélité. Pouvoir et télévision, 1935-1994, Le Seuil, 1994.

Jeanneney Jean-Noël (dir.), L'Echo du Siècle. Dictionnaire historique de la radio et de la télévision en France, Hachette-Arte-La Cinquième, 1999, p.379.

Philippe Tétart