Déclaration de Messali Hadj sur l'autodétermination
Notice
Réaction de Ahmed Messali Hadj, fondateur du Mouvement National Algérien, au discours du Président de Gaulle du 16 Septembre 1959, envisageant l'autodétermination pour l'Algérie.
Éclairage
Le 16 septembre 1959, le général De Gaulle annonce le recours à l'autodétermination pour régler le sort de l'Algérie, en fonction de trois options : la « sécession », la « francisation complète » ou le « gouvernement des Algériens par les Algériens ». Il ne rejette explicitement que la première, qui « entraînerait une misère épouvantable, un affreux chaos politique, l'égorgement généralisé et, bientôt, la dictature belliqueuse des communistes ». Anticipant les réactions furieuses des partisans de l'Algérie française, le président de la République assure que cette proposition n'est pas une volte-face mais s'inscrit dans la continuité de son action de « pacification » en Algérie. Selon l'historienne Sylvie Thénault : « L'annonce de l'autodétermination n'est ni un revirement soudain, ni le but vers lequel tendait implicitement le Général depuis son retour au pouvoir, mais l'effet différé du changement de régime, qui impliquait une redéfinition de la politique algérienne, dans un délai que le temps de l'histoire permet d'apprécier à sa juste mesure » (Sylvie Thénault, Histoire de la guerre d'indépendance algérienne, Paris, Flammarion, collection Champs Histoire, page 215).
Dans son annonce, Le Général s'adresse aux Algériens mais ne mentionne pas le gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA), ce qui laisse sous-entendre que l'ouverture de négociations n'est pas envisagée dans l'immédiat. Le GPRA réagit le 28 septembre en affirmant qu'il est « le dépositaire et le garant des intérêts du peuple algérien jusqu'à ce que celui-ci se soit librement prononcé »
Auparavant, Messali Hadj, qui dirige le Mouvement national algérien, parti nationaliste rival du FLN, fait part de sa réaction devant les caméras et les micros des journalistes. Il se réjouit ouvertement, malgré certaines réserves en particulier sur le « délai de quatre ans, beaucoup trop long », de voir la France reconnaître au peuple algérien le droit de s'ériger en nation souveraine à travers un processus constituant.
Depuis le 15 janvier 1959, Messali Hadj, après avoir été placé plusieurs années en résidence surveillée à Angoulême, est libre de toute assignation et est installé près de Chantilly, à Gouvieux dans l'Oise, où il a animé plusieurs réunions publiques. Mais il sait que le MNA est dans une posture difficile. La prééminence du FLN dans lutte nationaliste ne fait plus de doute. Parallèlement à la guerre contre la puissance colonialiste, le FLN a mené une conquête de terrain sans merci contre les messalistes, aussi bien en Algérie qu'en métropole, par la propagande et par les armes. Ce conflit fratricide a fait plusieurs milliers de victimes. À cette date, le MNA est replié dans quelques bastions. Malgré sa posture de père fondateur du nationalisme algérien, qu'il rappelle dans sa déclaration par la référence à l'Étoile nord-africaine, parti qu'il a fondé dès 1926, Messali Hadj n'est plus en mesure de peser réellement dans la conduite de la lutte pour l'indépendance. Le FLN n'entend d'ailleurs pas partager la légitimité acquise par l'insurrection.