Discours de M'hamed Yazid

décembre 1960
01m 28s
Réf. 00061

Notice

Résumé :

Déclaration de M'hamed Yazid en tant que porte parole du FLN à l'ONU sur la politique algérienne, en vue de la session du 5 décembre et après le refus de l'autodétermination.

Date de diffusion :
décembre 1960
Source :
ORTF (Collection: Non diffusé )
Personnalité(s) :

Éclairage

Document Non Diffusé.

Le FLN poursuit sans relâche ses efforts sur la scène internationale, par l'intermédiaire notamment de M'hamed Yazid, son porte-parole auprès de l'ONU à New-York.

La solution de l'autodétermination proposée par le général de Gaulle en septembre 1959 a néanmoins marqué un tournant dans les relations diplomatiques. Depuis, le FLN n'a pas encore pu obtenir de l'Assemblée des Nations Unies la reconnaissance du droit de l'Algérie à l'indépendance ni un statut d'interlocuteur officiel pour le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA). La France reste néanmoins méfiante face aux nouvelles offensives menées par le FLN sur la scène diplomatique, toujours appuyé par les États arabes et ceux du groupe afro-asiatique. Les nationalistes algériens multiplient d'ailleurs les contacts avec les représentants des États africains nouvellement indépendants en 1960.

Dans cette optique, le ministère de l'Information du GPRA produit un film intitulé Djaizaïrouna (Notre Algérie), afin de sensibiliser la communauté internationale à la lutte menée par les nationalistes algériens. Réalisé par Djamel Chanderli, Mohamed Lakhdar-Hamina et le Docteur Pierre Chaulet, ce film est constitué d'un montage d'images filmées dans les maquis par René Vautier et par Djamel Chanderli.

Le 23 novembre 1960, avec l'accord de M'hamed Yazid, les délégués de l'Inde et l'Indonésie mettent au point un projet de résolution demandant l'organisation en Algérie d'un référendum contrôlé par les Nations Unies et le maintien de l'unité et de l'intégrité territoriale de l'Algérie (Maurice Vaïsse, « La guerre perdue à l'ONU ? », in Jean-Pierre Rioux (dir.), La guerre d'Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990, page 460). Le FLN rappelle les manifestations de début décembre 1960 en Algérie en déplorant les nombreuses victimes civiles, comme le fait M'hamed Yazid dans cette intervention filmée jamais diffusée, pour appuyer la démarche. Pour la France ce serait une insupportable ingérence dans ses affaires intérieures. Plusieurs pays soutiens de la France s'abstiennent si bien que la résolution est adoptée le 14 décembre 1960, en première commission par 47 voix contre 20 et 28 abstentions. Le 19 décembre 1960, l'Assemblée adopte à son tour la résolution par 63 voix pour, 8 contre et 27 abstentions, à l'exception du paragraphe 4 qui prévoit l'organisation d'un référendum en Algérie sous le regard de l'ONU.

Pour la première fois, une résolution sur l'Algérie est adoptée par l'Assemblée des Nations Unies et reconnaît « le droit du peuple algérien à la libre détermination et à l'indépendance ». C'est une victoire déterminante pour le FLN sur la scène internationale.

Peggy Derder

Transcription

(Silence)
Intervenant
Nous avons demandé une réunion du groupe Afro-asien pour discuter du développement de la situation en Algérie. Cette réunion, qui a été convoquée d’urgence, nous a permis d’exposer devant les membres du groupe Afro-asien les récents développements de la situation en Algérie, c’est-à-dire les manifestations des masses algériennes en faveur de l’indépendance et du gouvernement provisoire de la République algérienne, et autour de notre drapeau national, manifestations de masses auxquelles l’armée française a répondu en ouvrant le feu et en tuant d’innocentes victimes civiles, femmes, enfants et vieillards, qui manifestaient sans armes et qui n’ont pas attaqué les forces françaises. À la suite de notre exposé, le groupe a décidé d’intervenir pour que le débat sur l’Algérie soit accéléré et que l’Assemblée puisse voter, aussitôt que possible, sur la résolution du groupe Afro-asian, demandant un référendum contrôlé et organisé par les Nations unies.
(Bruit)