Manifestation contre la fermeture de la Cellulose du Pin à Tartas
Notice
A Tartas, l'opération "ville morte", pour protester contre la fermeture de la Cellulose du Pin, mobilise population et élus locaux. 3500 personnes manifestent en soutien aux 300 employés de l'usine, en ce jour de comité d'entreprise au terme duquel une expertise comptable visant à prouver la viabilité du site est obtenue.
Éclairage
La ville de Tartas connut, à partir de 1941, une expansion économique grâce à l'installation d'une usine papetière. En 1961, celle-ci se retrouva dans le giron de Saint-Gobain via sa filiale la Cellulose du Pin.
Un premier virage eut lieu à partir de 1979 avec la fabrication de pâte "fluff", matière première entrant dans la composition d'un matériau absorbant destiné aux marchés de l'hygiène et du sanitaire. En se diversifiant, l'usine répondait à la demande des industriels et assurait ainsi sa rentabilité.
C'est en 1989, alors que la branche bois-papier de Saint-Gobain représentait 9,7 milliards de francs de chiffre d'affaires, soit près de 15% de l'activité du groupe et près 9% de ses bénéfices, qu'eut lieu un retournement dans l'industrie papetière. La conjoncture économique globale, la dévaluation de la monnaie de certains pays clients et une baisse des prix de la pâte provoqua de sérieuses difficultés de financement pour la papeterie landaise. Confronté à une hémorragie financière importante (150 millions de millions de francs de pertes sur un volume d'activité de 400 millions de francs en 1993), Saint-Gobain décida rapidement de fermer l'usine et de vendre dans la foulée les entreprises de ce même secteur.
Pour le groupe, il n'aurait pas été rentable de moderniser une usine handicapée par sa petite taille, l'obsolescence de son appareil productif et la désaffection des acheteurs. Toutefois, la fermeture de l'usine de Tartas aurait eu de profondes répercutions dans la région landaise ; c'est ce qui explique l'envergure de la fronde et la rapidité avec laquelle elle fut menée.
Si seuls 300 emplois étaient menacés sur le site, pas moins d'un millier supplémentaire d'exploitants agricoles, bûcherons et transporteurs étaient concernés par cette décision. Élus, habitants de Tartas comme des villages alentours, employés de la papeterie et plus généralement tous ceux qui avaient un intérêt à défendre l'usine, se mobilisèrent le 8 février 1994, jour du Comité d'Entreprise : 3500 personnes manifestèrent à l'usine même, tandis que Tartas fut déclarée "ville morte".
Cette synergie donnait le coup d'envoi d'un mouvement qui allait durer près de quatre mois ; il verrait la victoire de la contestation grâce à la cession de l'usine pour le franc symbolique au groupe canadien Cascades et Tembec.