La basilique Notre-Dame d'Avénières
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A la découverte de deux chefs-d'œuvre religieux de la basilique Notre Dame d'Avénières, à Laval : le Saint Sauveur dont l'historien Stéphane Hiland nous dévoile les mystères, et le Saint Christophe.
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
07 juil. 2015
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales de la Mayenne
Publication : 01 sept. 2021
L’église Notre-Dame d’Avénières, à Laval, n’est pas la plus ancienne du département de la Mayenne, titre que se disputent les chapelles Notre-Dame-de-Pritz, également à Laval, et Saint-Pierre, à Saulges, datant toutes deux du VIIIe siècle. Elle n’est pas la plus centrale non plus, puisque c’est l’église de la Trinité qui est choisie pour cathédrale de Laval en 1855. Pour autant, l’église d’Avénières est un monument complet
, selon les mots de l’abbé Angot, historien mayennais auteur d’un célèbre dictionnaire (1900-1910), qui récuse l’orthographe « Avesnières ».
L’histoire de cette église remonte au milieu du XIe siècle ; elle est alors le centre d’une paroisse : Avénières. Le seigneur de Saint-Berthevin, à qui elle appartient, y installe une communauté de sœurs bénédictines venues de l’abbaye du Ronceray d’Angers. Rapidement devenue trop exiguë, elle est reconstruite au XIIe siècle, en grès roussard, calcaire et granit. Les parties qui donnent sur la rivière la Mayenne sont les plus représentatives du goût de l’époque, que l’on appelle le style roman. Il s’agit du chevet, à l’extérieur, marqué par cinq chapelles rayonnantes, et du chœur, à l’intérieur, dont les colonnes sont surmontées de chapiteaux typiques de l’art roman angevin. La guerre de Cent Ans, au XIVe et pendant la première moitié du XVe siècle, a chassé les religieuses et occasionné des dégâts qui nécessitent de nouveaux travaux. C’est ainsi que la nef est reconstruite, de même que le clocher – appelé flèche – dans un style mêlé, gothique et renaissance, en pierre jaune du Poitou qui respecte assez l’esthétique d’origine.
Sous la Révolution française, la paroisse devient une commune. Cette période est aussi marquée par de vives tensions liées notamment au statut des prêtres (voir la vidéo Jean Chouan). Quatorze d’entre eux sont ainsi guillotinés à Laval au début de 1794 ; leurs dépouilles sont transférées à l’église d’Avénières une vingtaine d’années plus tard. Laval connaît dans la première moitié du XIXe siècle une importante croissance qui entraîne l’annexion dans la commune de celles de Grenoux et d’Avénières ainsi qu’une partie de celle de Changé.
Quelques années plus tard, alors que la guerre contre les Prussiens fait rage et que Laval est menacée par l’ennemi, des dames de la bonne société viennent trouver l’évêque, Monseigneur Wicart, et l’exhortent à demander la protection de la Vierge. En contrepartie, l’évêque promet, dans le cas où les envahisseurs épargneraient la ville, de rebâtir l’église : c’est le vœu d’Avénières (20 janvier 1871), concomitant de l’apparition de Pontmain (17 janvier). Une première période de travaux est ainsi menée en 1874-1876 sur la flèche, puis une seconde en 1893-1895 sur la nef et la façade, selon les plans de Hawke, l’architecte notamment de la basilique de Pontmain (voir la vidéo Le carillon de la basilique de Pontmain). L’église d’Avénières reçoit enfin le titre honorifique de « basilique » en 1898.
Parallèlement à cette longue histoire architecturale, l’église, classée monument historique en 1840, s’est progressivement enrichie d’un mobilier et d’éléments de décor remarquables. Deux tableaux des XVIe et XVIIe siècles sont également classés monuments historiques. Un retable du XVIIe, dans un style typiquement lavallois, et des triptyques des XVe et XXe siècles figurent également parmi les pièces intéressantes. Les vitraux, détruits par les bombardements allemands en 1944 – sauf un seul – ont été remplacés après-guerre. Le reportage met en lumière deux statues colossales en bois, placées aujourd’hui au revers de la façade de l’édifice : le Christ rédempteur, dit « Saint Sauveur », du XIIIe ou XIVe siècle, et Saint Christophe, du XVIe siècle. L’abbé Angot déclare la première remarquable
et la seconde gigantesque, mais non pas artistique
. Elles mesurent plus de trois mètres et sont classées monuments historiques tout comme une statue de saint Michel en tuffeau du XVIe siècle. La statue qui porte le nom de l’église est une petite sculpture en calcaire du XIVe siècle placée en hauteur dans le chœur.
Un dernier élément notable aurait mérité de figurer dans le reportage : une tête grimaçante en bois, sculptée à la fin du XVIe siècle, était placée en dessous de l’orgue, tournée vers les fidèles. Un système permettait à l’organiste d’actionner la mâchoire et de faire rouler les yeux. Ce « papotier », comme on l’appelait, a été endommagé en 1870 et conservé par l’architecte Louis Garnier. Le musée de Laval disposait d’une copie en plâtre avant de racheter l’original en 2006.
Bibliographie
Sources originales produites à Avénières
- Archives départementales de la Mayenne, 301 J : archives paroissiales d'Avénières (XVe-XIXe siècles).
- Archives départementales de la Mayenne, E dépôt 201/E1 à E32 : registres paroissiaux des actes des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse d’Avénières (1555-1793).
- Archives départementales de la Mayenne, 4 E 13/13 et 14, 16 à 23, 27, 32, 37, 42, 47 et 51 : registres d’état civil des actes de naissance, mariage et décès de la commune d’Avénières (1793-1863).
- Archives départementales de la Mayenne, 4 E 333/1 à 7 : tables décennales des actes d’état civil de la commune d’Avénières (1803-1872).
Sources originales d’érudits concernant Avénières
- Archives départementales de la Mayenne, 183 J : archives de l’architecte Louis Garnier, intervenu dans les travaux de restauration de l’église d’Avénières après les destructions de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, intervenu également dans la préservation du papotier de cette église.
- Archives départementales de la Mayenne, 395 J 32 : manuscrits de Louis-Julien Morin de La Beauluère, dont des notes et une copie de l’acte de fondation de la chapelle de la Vannerie, dans l’église d’Avénières, en 1507 (copie du XIXe siècle).
- Archives départementales de la Mayenne, 15 J 41 : notes de Charles Durget sur la banlieue et les lieux-dits de Laval, dont Avénières, seconde moitié du XIXe siècle.
Recherches des membres de la Commission historique et archéologique
- Jules Planté, « La facture d'orgues au XVIe siècle », Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 1888-1889, p. 214-258.
- Abbé Alphonse Angot, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900, t. I, p. 111-118.
- Lucien Lecureux, « L'église d'Avénières », Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, t. XXVIII, 1912, p. 17-34.
- Yves de Raulin, « Les peintres de René d'Anjou. À propos du triptyque de la Pietà de la basilique d'Avénières, à Laval », Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, t. LIII, 1937, p. 203-221 et 305-326.
- Raymond Delatouche, « Avénières au XVIe siècle à la lumière des archives paroissiales », Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 1973, n° 33, p. 25-33.
Recensement et protection du patrimoine
- Dominique Éraud et Philippe Bohuon, Prieuré de bénédictines, église paroissiale Notre-Dame, basilique Notre-Dame-d'Avénières, notice du monument historique sur la base Mérimée du ministère de la Culture, 1995, n° IA53000047, consultée le 8 mai 2021.
- « Basilique Notre-Dame d’Avesnières », « Façade », « Déambulatoire », « Chapiteau sculpté » (3 occurrences), « Chœur », « Notre-Dame d’Avesnières » et « Saint Christophe », Le patrimoine des communes de la Mayenne, Paris, Flohic, 2002, t. 2, p. 576-579 (l’anecdote sur la statue de saint Sauveur est attribuée à tort à celle de saint Christophe).
Transcription
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