L'organisation de la formation permanente à Sallaumines Noyelles
Notice
Reportage sur l'organisation de la formation permanente à Sallaumines par le Centre université-économie d'Éducation Permanente (CUEEP). Ses initiateurs expliquent les raisons pour lesquelles leur choix s'est porté sur Sallaumines et comment suite à une enquête des formations autour de huit matières ont été mises en place.
Éclairage
En 1972, dans l'un des derniers des quelques 110 numéros du "Magazine du mineur", créé en 1959, est analysée la mise en place de la formation permanente dans la cité de Sallaumines. Depuis 1971, l'accent est mis dans ces émissions sur la reconversion dans les Houillères du Nord-Pas-de-Calais. Sous l'effet des difficultés de l'industrie charbonnière, depuis le milieu des années 1960, la politique d'aménagement du territoire s'est concentrée pour le Nord-Pas-de-Calais sur cette stratégie de reconversion, régie notamment par différents protocoles d'accords entre les Charbonnages de France et les syndicats (protocoles du 16 juin 1967 et du 9 juillet 1971 notamment). Cette dynamique rejoint l'étape importante que constitue la loi du 16 juillet 1971 "portant organisation de la formation professionnelle continue dans le cadre de l'éducation permanente", qui instaurait le droit effectif à une formation sur le temps de travail avec certaines garanties de maintien de la rémunération. Par la loi, la formation professionnelle permanente est érigée en "obligation nationale" ; il s'agit d'adapter les travailleurs "au changement des techniques et des conditions de travail, de favoriser leur promotion sociale par l'accès aux différents niveaux de la culture et de la qualification professionnelle" (article 1er).
Ce dispositif de formation est proposé à une population faiblement instruite et composée de différentes nationalités, qui correspondent aux différentes vagues d'immigration auxquelles les Compagnies minières et les Houillères ont eu recours dans les décennies précédentes. Les cours proposés sont diversifiés : ils incluent l'alphabétisation ou les mathématiques pour l'enseignement général, ainsi que la préparation au diplôme du CAP (Certificat d'aptitude professionnelle) sur le plan professionnel.
Ce dispositif, qui dépend de l'Éducation nationale avec une gestion tripartite associant les syndicats, a été conçu grâce à une enquête qui a mobilisé en particulier des sociologues autour de l'accès à l'action collective de formation. Les chiffres cités (7% de la population en formation, dont 55% d'hommes et 45% de femmes) et les éléments d'analyse sur la diversité générationnelle et sociologique des "stagiaires" témoignent de l'engagement de professionnels de la formation continue et du travail social dans ce processus. Érigée en effort prioritaire, la reconversion est suivie de près par des sociologues. Le Centre université-économie d'éducation permanente évoqué dans ce reportage a été créé en 1968 sur une base régionale pour accompagner les évolutions socio-économiques régionales. Innovant sur le plan pédagogique, cet organisme rattaché à l'université concentre son action sur la lutte contre l'illettrisme et contre l'exclusion sociale.