L'implantation minière autour de Bruay-en-Artois

24 octobre 1970
03m 12s
Réf. 00315

Notice

Résumé :

Un responsable des Houillères présente le siège n° 6 d'Haillicourt : les puits d'extraction ont été foncés en 1909 pour une mise en exploitation en 1913. L'exploitation a été importante pendant la Première Guerre mondiale puisque cette partie du Bassin était la seule à ne pas être occupée.

Type de média :
Date de diffusion :
24 octobre 1970
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Éclairage

Contrairement à l'industrie, qui vit, évolue, transforme ses produits, la mine constitue une cueillette. Contrairement à l'agriculture, ses produits ne réapparaissent pas chaque année, mais s'épuisent inexorablement. Chaque bassin, chaque puits connaît donc un cycle de vie prévisible. Celui du Bassin du Pas-de-Calais, qui a duré environ 120 ans, est ici esquissé à travers l'histoire de la fosse 6 de Bruay, installée aux confins de Haillicourt et de Houdain dans le Pas-de-Calais. La période d'essor de la production, régulière depuis le milieu du XIXe siècle mais en forte accélération entre les années 1890 et la Première Guerre mondiale, conduit la Compagnie, comme le reste du bassin, à atteindre ce qui sera un plateau de production pendant l'essentiel du siècle, à cette différence près que Bruay et Marles, seules mines du côté français du front en 1914-1918, furent alors surexploitées.

Le déclin, sensible dans les années 1960, s'accentua très rapidement. Le puits n° 6 – en fait un complexe de trois puits sur le même carreau de mine – fut l'un des plus beaux fleurons de la Compagnie, doté de couches assez régulières et riches pour le bassin, même si elles présentaient des dangers particuliers, en raison des venues d'eau plus encore peut-être que du grisou. Relativement jeune, la fosse n° 6 fut le puits de concentration de l'unité de production de Bruay – dans l'organisation qui succéda aux Compagnies dans le cadre des Houillères nationalisées, nommées Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC) après 1945. Aussi bénéficia-t-il de gros investissements, dont le superbe chevalement de 58 mètres de haut qui sert de fond à ce reportage, construit au début des années 1950. Mais l'exploitation cessa en 1979. La fosse fut remblayée en 1982 et en 1988, le chevalement est démonté. La fosse n° 6 de Bruay est toujours l'un des principaux quartiers de la ville, mais de la mine elle-même, il ne reste rien, que des terrils classés et des cités désormais inscrites au Patrimoine mondial de l'Unesco.

Joël Michel

Transcription

Intervenant
Vous êtes ici au siège 6 d’Haillicourt, ce puits, les puits d’extraction ont été foncés en 1909 pour une mise en exploitation en 1913, donc tout juste à la veille de la guerre. Ce n’est toutefois pas l’exploitation la plus ancienne de cette partie ouest du Bassin.
Journaliste
La plus ancienne, c’est laquelle ?
Intervenant
La Compagnie des mines de Bruay et la Compagnie des mines de Marles ont été fondées en 1852. Certes, l’exploitation a été au début assez modeste puisque je crois que le secteur faisait simplement 200000 tonnes en 1870. Mais elle a augmenté ensuite assez rapidement pour faire trois millions de tonnes en 1900 et à la veille de la guerre, l’exploitation était déjà très importante. Toutefois, la partie la plus importante de l’exploitation s’est passée pendant la guerre de 1914 où cette partie du Bassin était la seule qui n’était pas occupée. Donc la seule qui pouvait concourir à la…
Journaliste
A la production.
Intervenant
A la production de l’ensemble du pays. La production a culminé je crois en 1917, où le secteur a fait près de huit millions de tonnes.
Journaliste
Et dans les années qui ont suivi, ça n’a jamais dépassé ce taux de production ?
Intervenant
Non, non, dans l’entre deux guerres, l’exploitation s’est limitée autour de six millions de tonnes bon an, mal an. C’était déjà, enfin, une extraction très importante qui a commencé à diminuer les ressources exploitables de façon non négligeable. C’est pourquoi, dès la fin de l’autre guerre, l’exploitation déclinait déjà. C’est ainsi qu’en 1950, le secteur fournissait cinq millions de tonnes et en 1960, seulement un peu plus de quatre millions.
Journaliste
Et actuellement ?
Intervenant
Alors actuellement, je pense que nous ferons dans la présente année de l’ordre de 2 200 000 tonnes.
Journaliste
Quelles sont les caractéristiques de l’unité que nous avons sous les yeux ?
Intervenant
Eh bien, ses caractéristiques principales, c’est sa profondeur. Vous êtes ici devant le siège le plus profond du Bassin.
Journaliste
Il descend à combien de mètres ?
Intervenant
Le nouvel étage qu’on démarre actuellement est à 1000 mètres, et nous comptons exploiter jusqu’à 1200 mètres de profondeur.
Journaliste
Ce sera le niveau le plus bas ?
Intervenant
Oui, le gisement est très grisouteux et la profondeur crée un certain nombre de problèmes techniques difficiles. C’est ainsi que l’entretien des galeries à ces niveaux est particulièrement lourd. Par ailleurs, la chaleur, malgré des efforts considérables sur l’aérage, crée des conditions de travail pénibles.