Inauguration de l'exposition organisée par Banlieue 89

29 février 1984
02m 40s
Réf. 00118

Notice

Résumé :
François Mitterrand a inauguré l'exposition Banlieue 89 qui regroupe les 70 projets d'aménagement proposés par les villes de la banlieue parisienne. Le président de la République a ainsi pu définir les objectifs de la mission "Banlieue 89" dirigée par Roland Castro et Michel Cantal-Dupart.
Date de diffusion :
29 février 1984

Éclairage

La création de Banlieue 89 ainsi que sa contribution à la politique de réhabilitation des quartiers en difficultés apparaissent quelque peu originales dans le paysage administratif des années 1980. Constitué par deux architectes urbanistes proches de la gauche, Roland Castro et Michel Cantal-Dupart, le mouvement ambitionne de faire de la banlieue le nouvel événement digne de la commémoration du bicentenaire de la révolution française. Le mouvement Banlieue 89 qui a le soutien de l'Elysée, n'entend pas se limiter à la définition de programmes de réhabilitation mais a pour objectif de réunir les conditions nécessaires pour enfin faire des banlieues des territoires attractifs et pleinement intégrés dans les dynamiques urbaines en cours.

En novembre 1983, Banlieue 89 reçoit des pouvoirs publics sa lettre de mission définie autour de quatre objectifs principaux : développer une réflexion globale sur ce pourrait être à long terme un aménagement du pourtour de Paris ; développer la notion de « civilisation urbaine » dont il entend faire son mot d’ordre ; assurer la promotion d’actions dites « exemplaires » réalisées à l’initiative des municipalités concernées ; jouer un rôle de « consultant » auprès de la Commission nationale pour le développement social des quartiers.

Dans ce cadre, l'équipe de Banlieue 89 organisera plusieurs expositions afin de présenter ses projets. Ces rencontres sont également des lieux d'échanges et de discussions autour des thématiques urbaines. François Mitterrand participera à plusieurs manifestations organisées par Banlieue 89, dont les Assises de Bron dans la région lyonnaise en 1990 (voir Assises nationales de Banlieue 89 à Bron).

L'exemple de la réhabilitation du tissu urbain d'Epinay sur Seine en région parisienne présentée dans la séquence vidéo est un exemple des opérations engagées sous le label Banlieue 89. Il ne s'agit pas de réhabiliter uniquement les logements, mais bien de concevoir une nouvelle urbanité pour les territoires urbains concernés. Cela vaudra aux équipes de Banlieue 89 des difficultés de cohabitation avec celles du ministère de l'urbanisme et de l'équipement qui est également l'un des opérateurs principaux concernant la réhabilitation des quartiers, tant anciens qu'hérités directement des années des Trente glorieuses.
Thibault Tellier

Transcription

Rachid Arhab
François Mitterrand a inauguré cet après-midi l’exposition Banlieues 89, une exposition qui se tient au Ministère de l’Urbanisme et du Logement. Elle regroupe les 70 projets d’aménagement proposés pour la plupart par des villes de la banlieue parisienne. Des villes dont les maires ont ainsi pu rencontrer le Président de la République François Mitterrand, qui a défini les objectifs de la mission Banlieues 89 dirigée par Roland Castro et Michel Cantal-Dupart. Parmi les projets que vous voyez sur ces images, celui de Champigny, de Bouffemont et d’Epinay-sur-Seine. Nous allons en reparler dans un instant si je réapparais à l’écran, voici. Alors justement, pour savoir en quoi consiste plus précisément cette opération Banlieues 89, Véronique Bonnet s’est intéressée à l’un des projets de la région parisienne, celui donc de la ville d’Epinay-sur-Seine. Epinay-sur-Seine qui partage avec une autre commune Montmagny.
Véronique Bonnet
Autrefois il y avait les faubourgs où on habitait volontiers. Maintenant, il y a des enfilades d’immeubles plantés au hasard traversés par des voies à grandes circulations, des ronds-points qui mènent de banlieue en banlieue, semblables les unes aux autres, sans âme, sans animation, sans vie propre. Annoncée comme une priorité nationale, la mission Banlieues 89 va désormais aider les municipalités à redonner une identité à leur ville. Un exemple, le quartier de la gare, à Epinay-sur-Seine, à la frontière de quatre communes et deux départements est de ce fait déshérité.
Michel Cantal-Dupart
On le voit un peu partout dès qu’on est à la limite, eh bien, c’est un petit peu moins bien traité. D’ailleurs, c’est là où passent les routes, les nationales, les gares, les chemins de fer, toute cette espèce de côté repoussoir. C’est là où il y a les ferrailleurs, où il y a des HLM juste derrière. Et ça fait des lieux de vie complètement perturbés et pourtant c’est bien dommage parce que ici, là, à cette gare, cette gare est utilisée à peu près par 80000 personnes. Si je veux faire une comparaison, il correspond à la gare de Poitiers. Donc, essayer de faire une gare unique pour ces deux lignes et puis, rattraper tous les petits commerces qui sont installés dans les garages, qui sont un petit peu mis dans des baraquements un peu partout pour en faire un petit centre commercial mais à vocation culturelle. C’est-à-dire, on pourrait envisager ici d’avoir une bibliothèque de prêt de livres, avoir une, avoir par exemple un centre vidéo.
Véronique Bonnet
Regrouper les commerçants, offrir des structures culturelles, créer des places, ce n’est pas toujours suffisant pour que les banlieusards deviennent des citadins épanouis. Car le bruit et la circulation rapide des voitures balaie tous les efforts d’aménagement. Parallèlement, il faut donc modifier les habitudes des conducteurs et qu’ils se conduisent en banlieue comme dans le centre d’un village. Que la signalisation et le mobilier urbain les fassent ralentir. Alors, alors dans 5 ans, si Banlieues 89 réussit, nous immigrerons tous dans ces villes installées à la campagne, nos faubourgs d’autrefois où il faisait bon vivre.