Les dix ans du Minitel

02 octobre 1989
01m 15s
Réf. 00127

Notice

Résumé :

Le Minitel fête son 10ème anniversaire. Cet outil de communication inventé par les chercheurs du CCETT et du CNET a connu des débuts difficiles. Il est cependant devenu un objet usuel, qui a permis en outre la création de 12 000 emplois.

Date de diffusion :
02 octobre 1989
Source :
FR3 (Collection: Rennes soir )

Éclairage

Lorsqu'on parle du Minitel, on évoque souvent un vieil outil télématique exclusivement français, qui émerveillait les nations étrangères pendant la décennie 1980, aujourd'hui presque condamné depuis l'apparition d'Internet.

Depuis le début des années 70, le Centre National des Etudes des Télécommunications (CNET) implanté à Lannion travaille à la modernisation du téléphone français, à l'invention et au test de nouvelles fonctionnalités. Dès 1973, le réseau Cyclades apparaît à peu près au même moment que le réseau Arpanet, son équivalent aux Etats-Unis. Alors que le réseau Arpanet allait donner naissance à l'Internet, le réseau Cyclades n'eut pas la même vie en France. Il fut progressivement démantelé à la fin des années 1970, l'administration française ne voyait pas d'avenir en lui et décida de tout miser sur le réseau Transpac, qui permit par la suite le raccordement du Minitel. Parallèlement se sont développés, dès 1973 au sein du Centre Commun d'Etude de Télévision et de Télécommunication (CCETT), des projets de diffusion des données.

Mais c'est surtout à partir de l'automne 1977 que s'est développé une grande offensive dans le domaine des télécommunications et de l'informatique. Créé par Gérard Théry, directeur général des télécommunications, un plan de développement prend en compte les secteurs industriels. C'est là que l'on peut situer la naissance de l'étude sur le projet Minitel. En 1978, la publication du rapport "l'informatisation de la société" par Simon Nora et Alain Minc fait naître le mot télématique (contraction de téléphone et informatique). Face au constat du retard français en matière micro-informatique, le rapport propose d'associer l'informatique et le téléphone afin de fournir au grand public un service de données.

En 1981, les premiers terminaux (que l'on appelle télétel), sont mis en place de façon expérimentale. Dans le même temps, le CNET et le CCETT élaborent la maquette du fichier informatisé de l'annuaire électronique. C'est également durant ces années que l'on trouve les premières hostilités dans le monde de la presse (peur de l'apparition d'un nouveau concurrent) et de la politique (peur du coût de l'expérience). En 1983, et après de complexes négociations, une deuxième expérience est lancée en Ille-et-Vilaine, avec l'offre du service d'annuaire électronique. La presse devient de plus en plus favorable, voyant dans le Minitel un support de diffusion, et les Français se penchent avec curiosité vers la télématique. Dès la fin de 1983, 120 000 terminaux sont installés en France. La décision est prise d'offrir le terminal gratuitement, car France Télécom voit difficilement le public acheter un matériel sans savoir exactement quels services y sont disponibles. Entre 1983 et 1984, le nombre de terminaux s'accroît jusqu'à 531 000. Mais le vrai démarrage se produit entre 1984 et 1985, avec une progression de 146 %, principalement grâce à l'ouverture du 36 15. A partir de ce moment le nombre de services se multiplie : messagerie, jeux, services professionnels...145 services en janvier 1984, 2074 en janvier 1986, près de 5000 en 1987 et 23000 vers le milieu des années 90 ! C'est l'explosion du marché. En fait ce sont les messageries, et notamment les messageries "roses", qui ont contribué à la diffusion du Minitel en France. Cependant, le décollage des usages du Minitel n'est pas homogène sur le territoire français et la comparaison des cartes des taux de pénétration de l'appareil par région pour les années 1987, 1989 et 1991 montre que certaines régions ont du mal à démarrer. Les régions du Nord et de l'Ouest de la France, notamment celles qui ont été choisies pour les premiers tests, semblent plus sensibles à la télématique que celles du sud. Et si la Bretagne - avec le rôle primordial de Lannion - était bien représentée, elle connaît un ralentissement de la croissance depuis les années 1990, comme dans le reste du pays.

Fabien Lostec

Transcription

Présentatrice
Il fait partie du quotidien de beaucoup d'entre nous, le Minitel conçu en Bretagne, expérimenté en Ille-et-Vilaine, souffle aujourd'hui ses 10 bougies. Cet outil de communication tient évidemment la vedette à Rennes des biennales de la télématique.
Journaliste
Ces vénérables appareils sont les ancêtres des Minitels actuels, en 10 ans seulement, les modèles ont énormément évolué. C'est en effet en 1979 que l'annuaire électronique a été expérimenté. L'Ille-et-Vilaine avait servi de cobaye car le système avait été mis au point à Rennes par le Centre d'études des technologies télématiques. Après un début difficile, cet appareil est totalement entré dans les moeurs.
Yves Cario
C'est vrai que sur les 4 500 000 Minitels actuellement installés au niveau national et il y en a de 5 à 7% qui sont peu ou pas du tout utilisés. Mais par contre, il y a des utilisateurs beaucoup plus fréquents qui ont trouvé toutes les utilisations possibles du Minitel et qui là, l'utilisent donc comme je le disais, plus d'une heure et demie par mois.
Journaliste
Sur les 4 millions et demis de Minitel installés en France, la Bretagne en compte 230 000. Cela en fait la deuxième région derrière le Nord-Pas-de-Calais. En 1984, un club armoricain des services Télétel s'est même constitué pour regrouper les pros. En 10 ans, le Minitel a permis de créer 12 000 emplois pour un chiffre d'affaire de 2 milliards de francs. Le marché pourrait s'avérer encore plus lucratif à l'avenir. Le service Minitel pourrait en effet devenir payant.