La pollution de l'eau par les nitrates
Notice
La Bretagne est malade de son eau. La pollution de l'eau par les nitrates a des conséquences sur l'environnement, mais aussi sur la santé pour les hommes. Cette pollution est principalement due aux pratiques agricoles.
Éclairage
Depuis le milieu du XXe siècle, les Bretons des champs ont fait leur "révolution verte", qui a littéralement emporté l'ancienne économie paysanne au profit d'un système agro-industriel. L'agriculture encore semi autarcique et isolée pratiquée par une paysannerie nombreuse, pauvre et délaissée est devenue une gigantesque entreprise agroalimentaire entrée de plain-pied sur les marchés européens et internationaux. Au terme de cette révolution, dans les années 1980, la Bretagne fournit 12% en valeur des livraisons totales de l'agriculture française sur seulement 6% de la surface agricole. En 1985, la Bretagne représente en tout 22% de la production animale française avec un taux moyen de croissance, entre 1939 et 1980, supérieur à 500% ! Une véritable révolution donc, qui n'a pas laissé la Bretagne intacte.
Si le paysage a été bouleversé, la "révolution verte" a aussi et surtout considérablement altéré l'écosystème : baisse de la qualité de l'eau, eutrophisation et "marées vertes", contamination bactérienne des eaux littorales et interdictions périodiques de ramassage des coquillages. Cette dégradation tient à deux causes essentielles : d'abord l'utilisation de produits chimiques, ensuite les épandages des fumiers et des lisiers, dont l'excès se transforme en azote minéral puis en nitrate. La somme de ces engrais de synthèse et de ces engrais organiques fait de la Bretagne la région française la plus utilisatrice d'engrais, en particulier d'engrais azoté. Deux zones sont particulièrement touchées : le Nord Finistère et le secteur de Lamballe où se concentrent les plus fortes densités de cheptel porcin. Bien entendu, le Sud-Finistère, le centre du Morbihan et les Côtes-d'Armor sont également concernés.
La dégradation de l'environnement, en particulier de la qualité des eaux, est devenue dans les années 1980 un thème très sensible. Un changement d'attitude est intervenu à partir de 1988 (progressivement l'eau du robinet est redevenue potable), à la suite d'un rapport alarmiste sur la qualité des eaux. Ainsi, au laisser-aller des années 1970-1980 succède une prise de conscience du gaspillage économique constitué par les épandages irraisonnés, accélérée par les normes édictées par la CEE puis l'Union Européenne.
Bibliographie :
- Joël Cornette, Histoire de la Bretagne et des Bretons, tome 2, Seuil, 2005.