50 vloaz goude galv ar Jeneral de Gaulle [50 ans après l'appel du géneral de Gaulle]
Notice
50 vloaz goude galv ar Jeneral de Gaulle o deus dalc'het soñj soudarded breton eus an devezh-se. [50 ans après l'appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940, des anciens soldats bretons se souviennent de cette époque de résistance.]
Éclairage
D'an 10 a viz mae e krog an Almanted da aloubi ar Frañs ; d'ar 15 emaint e Breiz, d'an 18 e Roazon hag d'an 19 e Brest. Kalz a zoudarded euz ar vro zo bet lazet, ur bern zo bet prizoniet. Ur mor a dud a ya gand an henchou : etre miz mae ha miz even 1940, ez eus eun 800 000 bennag a dud oh en em gavoud war aochou Breiz.
E gwirionez, echu eo "Emgann ar Frañs" abaoe galv Pétain d'ar 17 a viz even hag a houlenn digand an Almanted sina eun arzao-brezel. E Londrez, d'an 18 a viz even, e respont ar jeneral De Gaulle d'ar marechal Pétain gand eur galv all o lavared ez eo ar brezel ollvédel, hag o houlenn ouz ar zoudarded hag ouz an dud eo o micher sevel armou dond d'e gaoud e Bro-Zaoz evid kendelher da stourm. N'eo ket bet enrollet e halv ha nebeud a dud o-deus klevet anezañ. An eil galv a vo d'an 22, da geñver devez sinatur an arzao-brezel. Goulenn a ra ouz e genvroiz sevel a-eneb an alouberien, en em ganna ha savetei brud ar vro. An taol-mañ e ped toud an dud "hag o deus c'hoant chom digabestr" da zond d'e heul.
E-pad an amzer-ze, war Enez-Sun, eh en em gav ive repuidi o tond deuz an douar-braz. D'an 19, ar vag "Ar Zenith" a zo rekizisionet gand chaseourien a Alpou : o tond euz Gwaien e tremen dre an enez, en he bourz pevar martolod euz Enez-Sun. Bez e vo ar vag sivil kenta oh en em gavoud en tu all da Vor-Vreiz. D'an 22 a viz even, diwaller an tour-tan Ar-Men a lavar d'an enezidi e-neus klevet eur jeneral o kaozeal war gwagennou ar BBC e Londrez : hemañ n'emañ ket a-du gand an arzao-brezel. Konta a ra ive paotr an tour-tan e kaozeo ar jeneral en-dro e-barz ar post, diouz an noz. Goude beza bet klevet galv De Gaulle, tud an enez ne zoñjont ket mond kuit dioustu. Ar helou eo a glevont gand ar mêr, d'ar 24, a lak anezo da jeñch soñj. Abaoe penn kenta ar brezel e oa eun 20 bennag a soudarded war Enez-Sun : goulenn a ra ar prefet e vefent kaset da Gemper. War ar memez tro ive e klask gouzoud anoiou ar re a zo etre 15 ha 50 vloaz hag a jom c'hoaz war an enez. D'ar 24, diouz an noz, war dro 10 eur, eh en em vod paotred, koz ha yaouank, tro dro d'ar "Velleda" ha d'ar "Rouanez ar Mor", evid mond da Vro-Zaoz. D'ar 26 ez a kuit teir bag all. Etre toud e vo 133 den o kuitaad an enez.
E penn kenta miz gouere e tigemer ar Jeneral De Gaulle ar re zo deut da Vro-Zaoz en "Empire Hall" : war ar 400 den a zo aze, ouspenn 120 anezo zo deuz Enez-Sun, ar pez a lak De Gaulle da lavared ez eo "Enez-Sun, neuze, eur hard deuz ar Frañs". Prometi a ra dezo mond da weled anezo war an enezenn, eur wech echu gand ar brezel. Kaset da genta war ar "Courbet", an darn-vrasa euz an enezidi a zo digemeret goude e-barz an FFL ; ar re gosoh a yelo da Benzance war bigi-pourvezia. War an 133 den eet kuit, 32 baotr na zeuint ket endro, en o zouez 21 FFL.
Goude ar brezel, d'an 30 a viz eost 1946, ar Jeneral De Gaulle a zalh d'e her : dont a ra d'an enezenn hag e ro dezi "Kroaz ar Rezistañs". Diwezatoh e vo adarre medalennet : reseo a raio "Medalenn al Liberasion" ha "Kroaz ar Brezel".
Marie-Françoise Keramprant – CRBC - UBO / UBE Brest
Un nebeud levrioù
V. Hache, R. Gicquel, Sein, l'éternelle résistante, Apogée, Rennes, 1998.
Jean-Paul Ollivier, De Gaulle et la Bretagne, Editions France-Empire, Paris, 1987.
Toute l'histoire de la Bretagne, Collectif, dir : Jean-Jacques Monnier et Jean-Christophe Cassard, Editions Skol-Vreizh, Morlaix, 1997.
Version française
Le 10 mai 1940, les Allemands envahissent la France ; le 15, ils sont en Bretagne, le 18 à Rennes et le 19 à Brest. De nombreux soldats bretons meurent dans les combats, beaucoup sont faits prisonniers. Les routes sont submergées par les foules de réfugiés : entre mai et juin 1940, entre 800 000 et 900 000 personnes arrivent sur les côtes bretonnes.
En réalité la "Bataille de France" s'est achevée avec l'appel du 17 juin du maréchal Pétain qui demande à cesser le combat. Le lendemain, de Londres, le général de Gaulle répond au maréchal par un autre appel, dans lequel il déclare qu'il s'agit d'une guerre mondiale, et invite les soldats, et les personnels de l'armement à le rejoindre sur le territoire britannique, pour continuer le combat. Le message n'est pas enregistré, et peu de monde l'a entendu. L'appel suivant sera diffusé le 22 juin, jour de la signature de l'armistice : cette fois, il demande aux Français de ne pas capituler, de lutter contre l'ennemi et de sauver l'honneur de la France. De même, il invite tous les Français "qui veulent rester libres" à le suivre.
Pendant ce temps, les réfugiés venant du continent affluent également sur l'île de Sein. Le 19 juin, le bateau Ar Zenith est réquisitionné par les chasseurs alpins : venant d'Audierne, il fait escale à l'île de Sein. A son bord, quatre marins sont des Sénans. Il sera le premier bateau civil à atteindre les îles britanniques. Le 22, le gardien du phare d'Ar Men, qui a entendu l'appel, informe les habitants qu'un général, exilé à Londres et opposant à l'armistice, doit s'exprimer de nouveau à la BBC le soir même. Après avoir entendu l'appel de De Gaulle, les Sénans ne songent pas immédiatement à partir. Le 24, le maire reçoit de la préfecture une lettre annonçant que les 20 soldats en faction sur l'île depuis le début de la guerre doivent rejoindre Quimper à la demande du préfet. Les autorités souhaitent également connaître l'identité des hommes valides entre 15 et 50 ans encore sur l'île. Le maire répercute cette information à ses administrés qui décident alors de rejoindre De Gaulle. Le 24 donc, vers 22 heures, les hommes, jeunes et vieux, se regroupent autour du Velleda et du Rouanez ar Mor, pour un voyage qui les mènera en Angleterre. Le 26, ils seront suivis par trois autres bateaux. 133 hommes au total ont quitté l'île.
Début juillet, le général De Gaulle accueille ses troupes à l'"Empire Hall" ; sur les 400 hommes présents, 120 sont originaires de l'île de Sein, ce qui fera dire à De Gaulle : "Mais l'île de Sein, c'est un quart de la France". Il leur promet de leur rendre visite une fois la guerre terminée. Un grand nombre de Sénans sont affectés sur le remorqueur le Courbet avant d'être intégrés dans les FFL ; les plus âgés vont à Benzance pour servir sur les bateaux ravitailleurs. Sur les 133 sénans à avoir quitté l'île, 32 mourront, parmi eux 21 FFL.
Après la guerre, le 30 août 1946, De Gaulle tient la promesse qu'il avait faite au Sénans : il se rend à Sein et lui remet la Croix de la Résistance. Plus tard elle recevra encore deux autres décorations : la Médaille de la Libération et la Croix de Guerre.
Marie-Françoise Keramprant – CRBC - UBO / UBE Brest
Bibliographie
V. Hache, R. Gicquel, Sein, l'éternelle résistante, Apogée, Rennes, 1998.
Jean-Paul Ollivier, De Gaulle et la Bretagne, Editions France-Empire, Paris, 1987.
Toute l'histoire de la Bretagne, Collectif, dir : Jean-Jacques Monnier et Jean-Christophe Cassard, Editions Skol-Vreizh, Morlaix, 1997.