Le pays bigouden
Notice
Extrait du film "Récits bigoudens" de André Voisin. Pierre Jakez Hélias évoque ses souvenirs d'enfance.
Éclairage
Avec sa chaleur coutumière et son grand sens de la narration, Jakez-Helias évoque les coutumes du pays bigouden telles qu'il les a connues dans son enfance. Tout à tour, il rappelle la complexité des costumes d'apparat et la place qu'occupait la danse. Loin d'être seulement apparences ou loisirs, les costumes et la danse étaient de véritables marqueurs sociaux qui affichaient aux yeux de tous le courage, la richesse et l'intégration d'un membre dans la communauté. Son récit nous emmène bien loin des habits aseptisés des poupées bretonnes. N'oublions pas pas que P-Jakez Hélias n'a pas que des souvenirs car il connait parfaitement le thème puisqu'il a publié Coiffes et costumes de Bretagne chez Jos Le Doaré.
Ce film a été réalisé en 1966 pour la série Les conteurs qui donnait la parole à ceux qui par leur art de la narration orale savaient faire vivre les traditions rurales qui tombaient en désuétude. A cette date, Jakez-Hélias, qui est né avant la première guerre mondiale dans une famille d'ouvriers agricoles de Pouldreuzic, a déjà évoqué , en breton et en français, ses souvenirs dans une chronique de La Bretagne à Paris, version hebdomadaire de Ouest-France. A partir de 1964, ses textes sont publiés dans Ouest-France. Au milieu des années 60, ce plaisir d'évoquer une civilisation mise à mal par la modernité est nouveau car il va à l'encontre d'une tendance à la dévalorisation qui se manifeste par exemple par l'abandon rapide de la langue bretonne.
Quelques années après , Jean Malaurie, directeur de la collection Terres Humaines convainc P-J Hélias de faire un livre de tous ces souvenirs de jeunesse. Ce sera Le Cheval d'Orgueil édité en 1975, qui sera réédité une dizaine de fois et mettra la Bretagne en avant de la scène littéraire. Toutefois, ce livre fera l'objet de vives oppositions car un nouveau militantisme breton y voit la description d'une Bretagne vaincue qui pleure sur son passé. Un Apostrophe de 1977 rappelle les débats passionnés autour de l'Identité Bretonne. 35 ans après, le livre et les contes enregistrés de PJ Hélias gardent toute leurs saveurs et nous y voyons des marqueurs de la mémoire qui ont participé au maintien des expressions de l'identité bretonne.