Un département, trois guerres, des expériences de guerre
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Résumé
Le musée Guerre et Paix en Ardennes de Novion-Porcien ouvre de nouveau ses portes après neuf ans de travaux. La muséographie a été complètement repensée pour immerger le visiteur dans l'histoire des Ardennes entre 1870 et 1945, durant les trois conflits franco-allemands.
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Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
15 mars 2018
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Publication : 01 sept. 2021
« Savez-vous pourquoi il y a des peupliers le long de l’avenue Philippoteaux (à Sedan) ? - Non ! – Pour que les armées allemandes puissent défiler à l’ombre » : cette blague régionale assez connue révèle l’importance de l’expérience de guerre de cette ville, et plus largement de ce département et de sa population. Cette expérience de guerre mais aussi d’occupation jalonne l’histoire des Ardennes pour la période contemporaine : envahies et occupées en 1814-1815, de nouveau en 1870-1873 (c’est d’ailleurs à Sedan que Napoléon III capitule après sa déroute et sa capture), encore entre 1914 et 1918, et enfin, comme la majorité du pays, de 1940 à 1944. Rien d’étonnant donc de trouver en cette terre ardennaise un centre d’interprétation consacré à cette thématique.
Le reportage a pour sujet la réouverture du musée Guerre et Paix en Ardennes en 2018, après que celui-ci a été fermé pendant une décennie et a même été menacé de fermeture. Néanmoins, grâce à la volonté politique du département des Ardennes et à l’énergie de son directeur, chargé des affaires culturelles et éducatives, la mission de remettre sur pied cet outil pédagogique de premier plan est confiée à la conservatrice Marie-France Devouge. Avec son équipe, notamment son responsable des collections, d’origine allemande (signe de l’évolution des mentalités des deux peuples qui se sont opposés à quatre reprises entre 1815 et 1944), elle décide de mettre en œuvre une scénographie plus immersive, plus moderne et encore plus didactique.
Certes, la part belle est laissée au matériel militaire, aux uniformes, aux armes, aux véhicules,… mais le musée Guerre et Paix en Ardennes traite aussi des expériences de guerre dans leur entièreté en y incluant largement la place des civils. Cela, y compris dans les périodes d’entre-deux-guerres, qui ont finalement servi à la construction du discours guerrier à venir. C'est d'ailleurs un bon outil pédagogique (grâce aux différents supports produits sous la houlette de Nicolas Charles, enseignant et professeur-relais auprès du service éducatif du musée), notamment pour aborder les concepts de culture de guerre, de guerre totale, de guerre idéologique, de guerre d’anéantissement, etc. La scénographie chronologique permet aussi d’aborder l’histoire institutionnelle de la France et la succession des régimes impérial et républicain de la fin du XIXe siècle, puis la rupture entre Troisième République et État français du régime de Vichy, et enfin le retour à la République.
Si la guerre est centrale dans la scénographie muséale, la paix n’est jamais loin et est surtout l’élément conclusif de la scénographie, ce qui permet de réfléchir à la place de la paix dans le monde, en particulier à la suite de la mise en œuvre de l’ONU et des procès de Nuremberg au lendemain du second conflit mondial. L’objet muséal lui-même peut aussi être analysé dans le cadre du concept du devoir de mémoire.
Éclairage média
Par
Ce long reportage de plus de cinq minutes est diffusé le jeudi 15 mars 2018 dans le cadre – semble-t-il – d’une série de reportages visant à faire découvrir les sites patrimoniaux de la région aux téléspectateurs, mais aussi en raison de la récente réouverture du musée Guerre et Paix en Ardennes (janvier). Il s'inscrit également dans le contexte des différentes manifestations organisées dans les Ardennes (comme dans toute la France) pour le centenaire de la Grande Guerre, comme quelques semaines plus tôt, au début du mois de février, le colloque international organisé à Charleville-Mézières par Stéphane Tison et Nicolas Charles sur la reconstitution des Ardennes au lendemain du premier conflit mondial.
Le montage de ce reportage est assez caractéristique : il commence par une vue du musée en arrière-plan de la journaliste envoyée in situ qui présente son sujet ; il termine par la journaliste de nouveau seule faisant la conclusion du reportage. Entre-temps, c’est un parcours dans la scénographie du musée à travers les trois temps majeurs (les trois guerres) en compagnie tantôt de la conservatrice (Marie-France Devouge), tantôt du chargé des collections (Alfred Umhey), présentant la structure muséale et son discours pédagogique.
Avec ce reportage, la chaîne régionale est pleinement dans son rôle d’information régionale et de mise en avant du patrimoine local, participant de ce fait au devoir de mémoire autour des conflits régionaux et mondiaux.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Vincent Thollet
Allez, place maintenant à "Ici et pas ailleurs".Ce soir à Novion-Porcien dans les Ardennes, au musée Guerre et Paix, totalement rénové.Un lieu qui nous parle de la guerre mais aussi des Ardennais dans les conflits."Ici et pas ailleurs", signé Sandra Julien.
Sandra Julien
Bienvenue à Novion-Porcien.Nous sommes ici et pas ailleurs pour le musée Guerre et Paix.Il a rouvert ses portes le 23 janvier dernier après neuf ans de fermeture.Ici, on revient sur les trois conflits qui ont affecté les Ardennes et la vie des populations sur une période qui s’étend de 1870 à 1945.
(Musique)
Sandra Julien
En 1870, la France de Napoléon III assiste à la montée en puissance de la Prusse de Guillaume Ier et de Bismarck.Le gouvernement français, très contesté, compte donc sur un nouveau conflit pour refaire l’unité du pays.
Marie-France Devouge
La France va déclarer la guerre à la Prusse au mois de juillet 1870.Tous les Etats allemands vont s’allier à la Prusse.Donc d’une guerre franco-prussienne, on aboutit tout de suite à une guerre franco-allemande.
Sandra Julien
Plusieurs exemplaires de ces costumes portés à l’époque ornent aujourd’hui les vitrines du musée,achetés, empruntés ou échangés avec des musées partenaires.
Alfred Umhey
On a en particulier ces deux uniformes de la garde impériale, c’est une trompette des carabiniers, c’est la cavalerie lourde,et la, l’uniforme vert, ce sont les dragons de la garde.Deux uniformes assez rares.Il y a aussi des simples soldats, comme le fantassin de 70,parce que souvent c’est le simple soldat qui est le plus difficile à trouver.
Sandra Julien
En 70, les armes ont évolué et modifient les tactiques de guerre.
Marie-France Devouge
Les fusils employés pendant cette guerre sont des fusils à chargement par la culasse, avec une portée plus allongée, une portée de plus de 1000 mètres, et une cadence de tirs plus élevée.Il en est de même pour les canons.Vous avez ici cette ligne de tirailleurs français face à un assaut prussien,donc l’infanterie, le fusil va bien fonctionner face à un assaut frontal comme celui-là.Mais par contre, l’artillerie est beaucoup plus puissante, d’une portée très élevée, et donc elle réussira à disperser ces lignes de tirailleurs.Donc c’est ce qui explique la supériorité du canon prussien, et expliquera la victoire allemande.
Sandra Julien
Napoléon III signe la capitulation le 2 septembre 70.L’Allemagne est unifiée le 18 janvier 71, mais la France reste occupée.
Marie-France Devouge
L’occupation allemande, elle démarre avec la campagne des Ardennes, elle démarre au mois d’août 1870, et elle va se prolonger jusqu’en 1873, alors que la guerre est terminée en 1871.Donc nous avons voulu présenter ici justement cette occupation allemande à travers ce mur d’affiches.Ce sont des affiches qui étaient éditées par l’administration occupante, par les Allemands, et qui donc ordonnaient un certain nombre de choses aux populations.
Sandra Julien
Les perdants vivent mal la défaite, mais en tirent une leçon.L’instauration du service militaire obligatoire et la construction de casernes dans tout le pays.C’est aussi la deuxième révolution industrielle.Les Ardennes décollent économiquement ; un effort anéanti quand, à nouveau, la France entre en guerre en 1914.
Marie-France Devouge
Les Ardennes sont à la fois occupées par les armées allemandes, mais elles sont aussi utilisées comme arrière-front pour l’armée allemande.Et donc, on a cette série de dioramas qui montrent le système des tranchées, la profondeur du système des tranchées, qui pouvaient aller de 10 à 20 kilomètres.Il faut savoir que dans les Ardennes, on avait notamment des hôpitaux, on avait des lieux de repos pour les armées allemandes.
Sandra Julien
C’est l’avènement des armes automatiques et de destructions massives.L’économie régionale est entièrement tournée vers l’effort de guerre allemand.La vie des civils est suspendue à la guerre.
Alfred Umhey
On a rajouté ces éléments civils pendant les conflits et entre les conflits.C’est la grosse diversité des objets, comme une poêle ou ces obus comme tirelire.On a aussi beaucoup de documents en papier ;les affiches qui nous racontent énormément de la situation de la population.
Sandra Julien
1939, l’histoire recommence.L’ennemi rentre de nouveau par les Ardennes.
Marie-France Devouge
Les combats dans les Ardennes vont durer du mois de mai jusqu’au mois de juin.On aura des combats ininterrompus dans les Ardennes.Et avec des combats qui vont avoir lieu à La Horgne, à Stonne.
Sandra Julien
Une grande partie du département est placée en zone interdite et ses terres colonisées, jusqu’à la libération en juin 44.
Marie-France Devouge
Les Ardennes seront libérées en seulement une semaine, fin août début septembre 1944.Et donc les Ardennais vont découvrir ces masses de véhicules américains.Et donc on a des scènes de liesse, on a des, beaucoup d’images qui représentent donc les Ardennais avec leurs libérateurs.
Sandra Julien
On n’a plus envie, en tout cas dans les Ardennes, ce qui est certain, c’est qu’on n’a plus envie de revivre ce qu’on a vécu auparavant.
Marie-France Devouge
Dans cet espace conclusif, on se pose justement la question, est-ce que la leçon a été retenue ?Non, puisque la guerre existe toujours, donc pas chez nous, mais par contre la guerre existe toujours.L’objectif, quand on visite le musée, c’est à la fois d’apprendre, donc cette histoire, de comprendre cette histoire, mais aussi de réfléchir.
Sandra Julien
En soixante ans, l’homme a été capable du meilleur comme du pire.Mais si nous pouvions seulement nous contenter du meilleur.A très bientôt, ailleurs, en Champagne-Ardenne.
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