La trouée de Sedan au cœur de la défaite française de 1940
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Résumé
A l’occasion d’une exposition organisée pour commémorer les 70 ans de l’appel du 18 juin 1940, le reportage évoque les conditions de l’attaque de l’armée allemande du 10 mai 1940 selon la stratégie de la Blitzkrieg illustré par le film « Sedan, ville martyre » retrouvé par le collectionneur Jean Maurice. L’historien local Gérald Dardart explique le rôle de la trouée de Sedan dans la défaite française de 1940.
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Date de publication du document :
11 mai 2021
Date de diffusion :
15 juin 2010
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La déclaration de guerre à l’Allemagne, consécutive à l’invasion de la Pologne, par la France et le Royaume-Uni le 3 septembre 1940 conduit à une période particulière de l’histoire française qualifiée de « drôle de guerre ». Durant cette période d’attente, chacun affine sa stratégie. La France avait organisé entre 1928 et 1940 un système défensif le long des frontières françaises, la ligne Maginot. Dans le secteur de Sedan, les fortifications sont légères en raison du caractère accidenté et forestier de la région que l’état-major tient pour infranchissable et s’attend à une attaque au nord de la Belgique. L’Allemagne, connaissant la faiblesse défensive des Ardennes, mit en œuvre le plan d’offensive en déployant sept des dix divisions blindées disponibles dans ce secteur et usant d’une diversion en Belgique.
Le 10 mai 1940, l’Allemagne lance l’assaut selon la tactique innovante du Blitzkrieg ou guerre éclair envisageant la coupure rapide du système défensif ennemi en une cible précise par la concentration des forces terrestres (notamment les blindés) et aériennes pour avancer le plus profondément possible dans le dispositif ennemi.
Après avoir franchi sans grande résistance la ligne Schuster protégeant la frontière du Luxembourg, l’armée allemande progresse dans les Ardennes belges sans pouvoir être reconnues par l’aviation française. Elle réalise ensuite l’opération aéroportée « Niwi » destinée à apporter rapidement des troupes sur l’arrière-garde belge. Le message d’alerte « Tilsit » annonce le déclenchement de l’offensive allemande aux unités françaises du secteur de Sedan. Malgré les obstacles en Belgique (ponts détruits, destructions abandonnées sur les routes…), les blindés allemands poursuivent leur progression. Le 12 mai, ils atteignent les rives de la Meuse, de part et d’autre de Sedan. Le général Hutzinger organise la défense de la ligne Maginot délaissant le secteur de la Meuse, rivière impossible à franchir à gué à Sedan. Mais pour permettre le franchissement de la Meuse, les stukas et les bombardiers intensifient le bombardement. La population civile du secteur reçoit l’ordre d’évacuer pour des villes de repli au sud de la Loire.
Le 13 mai, les blindés et fantassins allemands sortent des forêts en direction de la Meuse et se trouvent sous le feu de l’armée française. Mais, 1500 avions allemands interviennent bombardant intensivement Sedan et désorganisant l’armée française ce qui permet la traversée par bateau de fantassins d’assaut puis d’unités blindées légères allemandes malgré la résistance des casemates françaises.
Après une déclaration du capitaine Daumont, un mouvement de panique toucha les lignes françaises qui entraîna leur repli en désordre, l’abandon de deux postes de commandement et la destruction de batteries d’artillerie. Mal informé, l’état-major décide d’organiser une contre-attaque le 14 mai alors que les blindés allemands commencent à franchir la rive gauche de la Meuse. L’aviation française est mobilisée pour détruire les ponts de bateaux construits sur la Meuse et des chars français de dirigent en direction du front mais doivent se retirer, la progression allemande continue.
Malgré la résistance des blindés légers français et la forte résistance de l’artillerie et des aviations belge et française, l’armée allemande a fixé sa stratégie sur le point faible de la défense française prenant par surprise l’état-major français entre Dinant et Sedan empêchant la réalisation de la percée offensive allemande. La défaite de Sedan est décisive dans la victoire allemande rapide et fut considérée comme une défaite honteuse de l’armée français oblitérant la forte résistance dont elle fit montre malgré l’impréparation de l’état-major, ce que l’historien Marc Bloch qualifia d’ « étrange défaite ». Qualifiée de « ville martyre », Sedan est en partie détruite à l’issue de la bataille en raison des bombardements franco-britanniques destinés à ralentir la progression allemande, ce qui nécessita la reconstruction des quartiers des bords de Meuse par Jean de Mailly après la guerre.
Éclairage média
Par
Diffusé le 15 juin 2010 lors du journal télévisé de France 3 Champagne-Ardenne soit 70 ans après la percée de Sedan du 13 mai 1940, le reportage à l’aide d’un film d’époque et d’images d’archives présente une exposition intitulée « Ardenne : 1940, l’étrange défaite » et que la journaliste qualifie d’année noire. L’image mise en avant derrière la présentatrice peut surprendre étant donné qu’il s’agit d’une photographie du général De Gaulle devant le micro à partir duquel il lançait des messages à la BBC et notamment l’appel à la Résistance le 18 juin 1940. Il s’agit sans doute là d’un clin d’œil à la stratégie employée par l’armée allemande à Sedan avec l’utilisation de blindés que le colonel De Gaulle dans son livre Vers l’armée de métier en 1934 et lors de son court passage au gouvernement comme sous-secrétaire d’Etat à la Guerre (à compter du 6 juin 1940) chercha à défendre pour l’armée française. Cette exposition, destinée à la population locale mais également aux touristes de passage, est composée de plusieurs panneaux explicatifs visant à replacer la Percée de Sedan dans le contexte plus large de la Bataille de France engagée après la « drôle de guerre » par une attaque rapide des armées allemandes selon la stratégie du Bliztrkieg mais aussi dans la succession d’évènements qui caractérisèrent la Seconde Guerre mondiale en France (collaboration, résistance…).
La première partie du reportage s’ouvre sur l’armoire d’un collectionneur de vidéos anciennes dont il sort le film d’actualités françaises non datées « Sedan, ville martyre » qui permet, à travers le visionnage de certains extraits, de comprendre la situation de Sedan en mai 1940. Le film commence par une scène rapide présentant la situation de la région avant la bataille : un espace relativement vallonné et boisé, le travail agricole immuable dans un cadre qui semble apaisé. Puis, les images amènent à comprendre la tactique choisie par l’armée allemande avec la présence de Stuka (avions bombardiers allemands) et l’évocation de blindés. Le 10 mai, la frontière luxembourgeoise est franchie, les défenses visibles (barbelés, dents anti-chars de la ligne Siegfried…) semblent facilement contournées ou inefficaces pour contrer l’offensive allemande. La succession des panneaux douaniers luxembourgeois et belges, certains étant abattus par l’armée allemande, amplifie l’effet de rapidité et de surprise qui conduit les Allemands à traverser les Ardennes en moins de 48 h et à percer le front français. Sedan se retrouve alors au cœur de la bataille, enjeu stratégique pour les deux camps par sa situation sur la Meuse aux débouchés de la forêt ardennaise et subit un intensif bombardement de l’aviation allemande visible à travers les bâtiments en flamme, la fumée dense qui règne dans les rues de la ville laissant entrevoir l’ampleur des destructions. Les maisons aux volets fermés indiquent la fuite de la population sur les routes pour fuir les destructions et l’avancée du front.
Cet exode avait été envisagé et mis en œuvre pour d’autres régions comme en Alsace avec l’évacuation des villes et villages situés à proximité du Rhin vers le centre de la France (exemple : évacuation des Strasbourgeois vers Périgueux ou des habitants de Marckolsheim vers Le Bugue) pour faciliter la défense des frontières par l’armée française. Mais concernant Sedan, ce départ se fait dans la précipitation. Les photographies montrent les populations en fuite, souvent à pied ou à vélo, emportant l’essentiel de leurs affaires sur des brouettes ou des charrettes à bras, portant parfois leurs plus beaux vêtements. La deuxième photographie présentant une famille en fuite insiste sur le regard d’une jeune fille se retournant, le regard effrayé. L’interview de l’historien local Gérald Dardart apporte une précision sur le rôle de ces colonnes de Français fuyant l’avancée ennemie qui, en encombrant les routes, rendent plus compliquée la remontée du soutien militaire (blindés, troupes) contribuant à l’échec de l’armée française à empêcher la percée de Sedan. Cependant, il n’évoque pas d’autres aspects de cette défaite (impréparation, ligne de défense insuffisamment armée, rumeurs créant des mouvements de panique…). Certains sont précisés par la journaliste, notamment les certitudes de l’état-major, qui pensait l’attaque impossible par les Ardennes, puis le franchissement impossible de la Meuse à Sedan alors que les images montrent les troupes d’assaut allemandes embarquer sur des canaux et les blindés franchir la Meuse sur des ponts-bateaux. Le chiffre de 60 000 militaires français tués lors de la campagne de France permet de rétablir une certaine vérité historique : alors que la défaite de 1940 est considérée comme humiliante, elle est rapidement passée sous silence sous Vichy et à la Libération ; or, il convient de rappeler que les forces françaises ont pu localement résister fortement à l’offensive allemande. L’historien précise le rôle fondamental joué par Sedan dans les guerres franco-allemande en rappelant la capture de Napoléon III le 2 septembre 1870 à Sedan avec 83 000 hommes qui marque la fin du Second Empire.
Enfin, le reportage présente des images des panneaux de l’exposition dont on entrevoit les conséquences de cette défaite militaire de Sedan comme l’entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler entraînant la France dans la collaboration avec l’Allemagne nazie, l’apparition de la Résistance ou les conditions de l’occupation allemande (photographie de Guy Môquet figure communiste).
Ainsi, à deux reprises, Sedan est le lieu où se jouent des tournants de l’histoire française et la chute de deux régimes successifs, le Second Empire et la Troisième République. De la capture de Napoléon III le 2 septembre 1870 qui mit fin à l’Empire par capitulation et favorisa la proclamation de la République à la défaite française en 1940 qui entraîna la France dans la voie de la collaboration, Sedan revêt un enjeu symbolique pour les deux camps qui surinvestissent dès lors la portée de l’évènement. Au martyre et à l’humiliation française répond la puissance militaire et idéologique nazie.
Transcription
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